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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Miliband engage les travaillistes anglais sur la voie d'une austérité à long terme

Par Julie Hyland
23 janvier 2012

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Le leader du Parti travailliste Ed Miliband a engagé celui-ci sur la voie de politiques d'austérité à long terme dans un discours annoncé comme l'un des plus importants depuis qu’il exerce la direction du parti.

Ses remarques faites lors d'un rassemblement d'organisations de bienfaisance religieuses arrivent dans un contexte où la coalition des conservateurs et des libéraux a admis que ses coupes massives dans les dépenses n'ont pas aidé à alléger le déficit structurel du Royaume-Uni. Le chômage en augmentation et les rentrées d'impôts en chute libre signifient que la dette a en fait augmenté de 30 milliards de livres (36 milliards d'euros), le chancelier George Osborne l'a reconnu en novembre.

La présentation des mesures d'austérité comme une stratégie de réduction des déficits a toujours été une fiction. Comme tous les gouvernements d'Europe, la coalition se sert de la crise économique causée par les actions spéculatrices et criminelles des super-riches pour restructurer fondamentalement les relations de classe dans le sens voulu par les marchés financiers, les banques et les grands groupes qui veulent simplement que l'argent soit dirigé directement dans leurs coffres.

Le Parti travailliste a toujours adhéré à cette politique. C'est le gouvernement de Gordon Brown qui a offert des milliards aux banques britanniques, tout en lançant les coupes dans les dépenses et en imposant un gel des salaires du secteur public. L'ampleur énorme de sa défaite électorale de 2010 couplée à la grande colère populaire contre les banques et les très riches avait cependant imposé aux nouveau dirigeant du Parti travailliste de prendre des positions critiques. Il avait dénoncé « le capitalisme prédateur » et affirmé qu'il se tenait aux côtés des « 99 pour cent. »

Son dernier discours visait à rassurer l'élite dirigeante et son propre parti sur le fait que son opposition feinte est maintenant terminée.

« Nous vivons des temps difficiles », qui « continueront » des années durant, a déclaré Miliband à son auditoire. Quiconque arrivera au gouvernement en 2015 « devra faire des choix difficiles. »

Voilà le « paysage » économique qui doit déterminer le projet du Parti travailliste, a-t-il dit en promettant que tout gouvernement travailliste s'en tiendrait à « des nouvelles règles fiscales sévères. »

Mis à part de vagues mots sur le fait de rentre l'austérité « équitable » et la « création de richesses durables », Miliband n'a pas proposé une seule mesure contre l'emprise de l'oligarchie financière sur tous les aspects de la vie économique et sociale.

Le projet travailliste « n'est pas contre les affaires, il est pour les affaires, » a-t-il insisté.

Miliband est même allé jusqu'à indiquer que les réductions, par la coalition conservatrice et libérale, des allocations de chauffage en hiver pour les personnes âgées ne seraient pas annulées s'il arrivait au pouvoir, alors que les prix des services de base ont augmenté de plus de 20 pour cent. Tout ce qu'il a offert a été une promesse non contraignante de faire pression sur les compagnies énergétiques pour qu'elles proposent les tarifs les plus bas disponibles aux personnes âgées de 75 ans et plus.

Ce discours démontre que toutes les affirmations selon lesquelles la victoire de Miliband dans la course à la direction du parti face à son frère, l'ex-ministre des affaires étrangères Dave Miliband, aurait marqué une rupture avec les politiques néo-libérales du Parti travailliste rénové. Il avait été élu largement grâce au soutien des syndicats, et cela avait servi aux diverses organisations de la pseudo-gauche, comme le Socialist Workers Party, pour affirmer que le Parti travailliste pouvait être conduit à mener une lutte contre la coalition si l'on faisait pression sur lui.

Ces affirmations illusoires sont faites alors même que Miliband a toujours été opposé à des grèves même symboliques dans le secteur public contre les atteintes aux emplois, aux salaires et aux retraites. Dans tout le pays, les conseils municipaux contrôlés par les travaillistes mettent en application certaines des coupes budgétaires les plus importantes.

Maintenant, l'alliance de fait entre les travaillistes, les conservateurs et les libéraux démocrates contre la classe ouvrière est devenue explicite.

Ce discours de Miliband intervient après des mois durant lesquels il a été demandé au Parti travailliste de dire clairement son engagement en faveur de l'austérité, les appels les plus stridents venant de l'intérieur même du parti.

Une série de pamphlets furent produits par le Policy Network dirigé par Peter Mandelson, le principal architecte de la réorganisation du parti travailliste en tant que parti droitier pro-capitaliste.

L'objectif principal de ces pamphlets a été d'insister sur le fait que le Parti travailliste devait prouver sa crédibilité économique en établissant son propre projet de coupes. Celui intitulé « In the Black Labour [Les travaillistes contre le déficit] » affirmait que « les contribuables, les électeurs et les créanciers de l'Etat britannique [notre italique] estiment qu'ils ont le droit de savoir ce que le principal parti d'opposition ferait à propos du niveau élevé de l’emprunt et quand il le ferait. Satisfaire à cette demande est fondamental pour être considéré comme une alternative crédible de gouvernement. »

Les auteurs de ce pamphlet, parmi lesquels Adam Lent, ex-chef du service économique du Trade Union Congress [TUC, la confédération syndicale britannique, ndt], proposent que les travaillistes renforcent les pouvoirs du Bureau de la responsabilité budgétaire pour faire appliquer les mesures d'austérité – une mesure à laquelle Miliband a fait allusion dans son discours.

Un autre pamphlet, co-écrit par l'ex-ministre des retraites travailliste Gregg McClymont, défend l'idée que le parti devrait faire « un appel patriotique à la nation pour augmenter la croissance et le niveau de vie, » au lieu d’une « défense du secteur public et des dépenses publiques » que les auteurs considèrent comme une erreur.

Un certain nombre de conseillers et de porte-parole du Parti travailliste ont fait des demandes similaires. Le député Jim Murphy, chargé spécialement de suivre les activités du ministère de la Défense, a dénoncé l'opposition aux réductions des dépenses comme du populisme « temporaire et de bas étage, » et son homologue chargé des questions de Travail et de Retraites, Liam Byrne, a appelé au démantèlement des aides sociales.

L'Etat-providence a selon lui « perverti les comportements sociaux » et il a demandé que les allocations chômage soient plus limitées et que les logements sociaux soient réservés aux plus « méritants. »

Finalement, Maurice Glasman, proche allié et principal conseiller de Miliband, a rejeté comme du « factionnalisme » toute idée pour le parti d'en appeler à l'opposition populaire aux politiques du gouvernement.

Glasman est l'auteur du projet « Blue Labor [travaillisme conservateur, ndt] » une rationalisation pseudo-théorique qui tente de justifier le démantèlement des acquis sociaux en se servant du nationalisme, des mesures anti-immigrés et de relations plus corporatistes avec les syndicats.

Écrivant dans le New Statesman, il a insisté sur le fait que le Parti travailliste ne devait pas devenir « embourbé dans l'orthodoxie keynésienne » et devrait s'intéresser à « la gouvernance d'entreprise, une économie centrée sur l'apprentissage [au lieu d’études au sens classique, ndt], les banques régionales et la discipline fiscale, » ce qui serait une « plateforme de croissance. »

Le discours de Miliband a repris tous ces thèmes. Lent l'a accueilli comme un pas dans la bonne direction. « Le Parti travailliste ne doit pas se définir par l'opposition aux coupes, » a-t-il écrit mais doit « mettre l'accent sur notre engagement en faveur des pratiques fiscales sérieuses. »

(Article original paru le 13 janvier 2012)

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