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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les dégradations de S&P et la contre-révolution en Europe

Par Peter Schwarz
19 janvier 2012

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La dégradation par Standard & Poor’s de neuf pays de la zone euro est une décision politiquement motivée. L’agence de notation représente les intérêts de l’élite financière internationale pour laquelle la destruction du niveau de vie de la classe ouvrière ne va ni assez loin ni assez vite. C’est ce qui découle clairement de la justification officielle de la dégradation.

« Les notations d’aujourd’hui ont en premier lieu étaient motivées par notre évaluation selon laquelle les initiatives politiques prises ces dernières semaines par les décideurs politiques pourraient être insuffisantes pour répondre pleinement aux difficultés systémiques continues que connaît la zone euro, » a déclaré l’agence.

L’Italie dont le gouvernement vient tout juste de faire passer en hâte au parlement un plan d’austérité draconien et qui est sur le point de déréguler le marché du travail, est menacée de nouvelles dégradations par Standard & Poor’s si « nous constatons que le gouvernement de technocrates ne parvient pas, en raison d’une opposition de la part de groupes d’intérêt particuliers, à appliquer les réformes structurelles. » Par « réformes structurelles » S&P fait référence à la suppression des dispositions juridiques et contractuelles qui concèdent aux travailleurs une certaine protection. « Groupes d’intérêts particuliers » est un euphémisme pour désigner la classe ouvrière, c’est-à-dire, la vaste majorité de la population.

L’Espagne est menacée du même destin si le gouvernement ne dérégule pas rapidement et davantage encore le marché du travail en prenant des mesures supplémentaires pour réduire le déficit budgétaire.

Les politiciens européens de tous les partis ont exprimé leur indignation face aux actions de Standard & Poor’s. Le conseiller du président français, Alain Minc, a fustigé, « On n’a plus affaire à des pompiers pyromanes, mais à des pervers graves. » Le ministre allemand de l'Economie Phillip Rösler du Parti démocratique libre a accusé l'agence de poursuivre « des  objectifs qui lui sont propres. »Le président du parti allemand La Gauche (Die Linke), Gregor Gysi, a parlé d’une « guerre contre les populations d’Europe. »

Le journal Süddeutsche Zeitung a commenté: « Un monopoliste menace de détruire tout bonnement la politique des gouvernements démocratiquement élus… Les Américains insistent ouvertement pour que les Européens du continent adoptent les principes anglo-saxons de leur propre politique économique et financière. »

De nombreux politiciens européens sont furieux que l’agence de notation américaine soit en train de saper leurs efforts pour sauver l’euro et – pour certains – de creuser délibérément l'écart entre les gouvernements européens. Néanmoins, ils s’entendent avec Standard & Poor’s sur les questions fondamentales.

Eux aussi sont d’avis que le niveau de vie et ce qui reste de l’Etat providence pour lequel la classe ouvrière avait lutté après la Deuxième Guerre mondiale doivent céder aux exigences fixées par les marchés financiers. C’est la signification du plan de pacte fiscal qui a été adopté lors du sommet de l’Union européenne en décembre et qui oblige tous les membres de l’Union européenne à appliquer des mesures d’austérité draconiennes et à rendre le marché du travail plus flexible.

L’Europe se trouve au coeur de la crise financière internationale parce que les marchés financiers croient qu’en Europe l’Etat revendique une trop grosse part du produit intérieur brut (BIP) en dépensant bien trop pour l'éducation, la santé, la couverture sociale, l'infrastructure, etc. – des dépenses qui entravent les profits des propriétaires privés du capital.

Un critère en est le soi-disant ratio des dépenses publiques, c’est-à-dire la part des dépenses du gouvernement par rapport au total de la production économique d’un pays. Cette moyenne est de 41 pour cent pour les pays industrialisés de l’Organisation de Coopération et de Développement économique (OCDE). Pour la zone euro, ce chiffre atteint 46 pour cent. Le chef de file en est la France avec 53 pour cent. En Allemagne, où les « réformes » sociales Hartz et autres mesures réactionnaires ont condamné de vastes couches de la population à la pauvreté, le niveau, qui se situe à 43 pour cent, est plus proche de la moyenne de l’OCDE.

Avec 39 pour cent, les Etats-Unis se trouvent à un niveau nettement inférieur. La différence est d’autant plus grande lorsque l’on considère qu’une large part des dépenses publiques américaines va au budget militaire. Dans le paradis bancaire qu'est la Suisse, la part de l’Etat n’est que de 33 pour cent.

Tous les partis traditionnels d’Europe, ceux qui se disent de gauche tout comme ceux de droite, ont endossé les coupes brutales des dépenses publiques. A cet égard, la réaction du candidat présidentiel français du Parti socialiste, François Hollande, à la dégradation de la France par Standard & Poor’s est tout à fait typique. Dans une tentative d’exploiter la question sur un plan tactique dans la campagne électorale présidentielle qui vient de débuter, Hollande a attaqué par la droite le président conservateur sortant, Nicolas Sarkozy. L'accusant de ne pas avoir suffisamment réduit le déficit budgétaire et de n'avoir pas réussi à accroître la compétitivité de l’économie française, il a tenu Sarkozy responsable de la perte de confiance des marchés.

Les Verts aussi préconisent une politique de réduction des dépenses partout en Europe. Quant à Die Linke en Allemagne, son bilan dans un bon nombre de gouvernements régionaux montre que ce parti soutient les mesures d'austérité et les défend comme étant nécessaires et inévitables.

Le contexte de cette attaque à l’encontre de la classe ouvrière est une polarisation sociale sans précédent. Le dixième le plus riche, le un pour cent le plus riche et le millième le plus riche de la société ont amassé une richesse fabuleuse qu’ils défendent bec et ongles.

Au cours des ces quinze dernières années, les actifs des trois millions de millionnaires européens se sont accrus plus rapidement que le montant total des dettes nationales de l’Europe. La confiscation de ces actifs pourrait permettre d’un coup le remboursement de la dette.

L’on estime que des Grecs riches ont accumulé deux fois plus d’argent sur des comptes étrangers que le montant total de la dette du gouvernement grec. Mais de nos jours, l’aristocratie financière n’est pas plus encline à abandonner ses privilèges que ne l’était l’aristocratie française avant la révolution de 1789.

En Grèce, l’aristocratie financière est en train de créer un précédent pour toute l’Europe. Bien que les précédentes mesures de réduction des coûts aient considérablement accru le chômage et la pauvreté et que le pays soit en train de plonger dans la dépression, une nouvelle délégation de la « troïka » – Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne – s’est rendue cette semaine à Athènes pour obliger la Grèce à imposer de nouvelle mesures d’austérité, en faisant planer la menace d’un défaut souverain,.

L’élite financière mondiale est insatiable et ne connaît pas de limite aux attaques contre la population laborieuse.

L’ensemble de l’Europe se dirige vers des conflits sociaux violents et des luttes révolutionnaires. L’essentiel est de les préparer. On ne pourra résoudre aucun problème sans briser le pouvoir de l’aristocratie financière, sans confisquer sa fortune, sans nationaliser les banques et les grands groupes pour les placer sous contrôle démocratique. La classe ouvrière en Europe doit s’unir et engager la lutte pour un programme socialiste international.

(Article original paru le 17 janvier 2011)

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