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  WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

La crise sociale et politique plane sur le forum économique mondial de Davos

Par Nick Beams
27 janvier 2012

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Il y a douze mois de cela, l'état d'esprit au Forum économique mondial (FEM) de Davos en Suisse, était plutôt à l'optimisme. Le pire de la crise financière mondiale semblait être passé et les PDG milliardaires comme Jamie Dimon de JPMorgan Chase annonçaient à toute la planète qu'il était temps d'arrêter de s'en prendre aux banques. C'est une manière « improductive et injustifiée de traiter les gens, » se plaignait-il.

Cette année, la scène est un peu plus sombre. Les événements en Europe montrent clairement que la crise financière est loin d'être terminée – elle pourrait n'en être qu'à ses débuts – et que les élites dirigeantes qui se réunissent chaque année dans ce village des Alpes sont confrontées à la résurgence de luttes sociales mondiales, alimentées par les plus hauts niveaux d'inégalité de richesses et de revenus de toute l'histoire.

L'an dernier, l'inégalité était tout en bas de la liste des inquiétudes des banquiers, des chefs d'entreprises et des universitaires qui sont sondés par le FEM, pour son enquête annuelle, et invités à énumérer leurs principales inquiétudes. Cette année, c'est de loin le premier élément de la liste.

L'ambiance à la conférence ne s'est guère améliorée suite au discours d'ouverture de la Chancelière allemande Angela Merkel. On avait espéré qu'après les appels lancés pour que davantage de ressources soient accordées au fonds de sauvetage européen afin de créer un « pare-feu » qui protégerait des pays comme l'Italie et l'Espagne contre la crise de l'euro, Merkel serait plus ouverte à cette idée. Ce ne fut pas le cas.

Elle a déclaré au Forum que si « nous pouvons garantir l'euro […] ce que nous ne voulons pas, c'est de promettre quelque chose que nous ne pouvons pas tenir. »

Merkel a dit qu'elle doutait qu'une augmentation du fonds de sauvetage – lundi, la directrice du FMI, Christine Lagarde avait demandé son doublement à 1000 milliards de dollars – redonne confiance aux marchés, ni même qu'un triplement puisse s'avérer suffisant.

« Ce que nous ne voulons pas […] c'est une situation où nous promettons quelque chose que nous ne pouvons finalement pas tenir, parce que si l'Allemagne […] fait une promesse impossible à tenir si les marchés s'y attaquent durement, alors l'Europe serait vraiment vulnérable. »

Merkel s'inquiète parce que l'Allemagne étant à l'heure actuelle la seule économie importante de la zone euro avec un triple A, après la dégradation de la France, un engagement plus important de sa part envers le fonds de sauvetage européen la placerait sous la pression directe des agences de crédit.

Alors même que ce discours était prononcé, la crise financière s'aggravait encore, les taux d'intérêt sur la dette portugaise atteignant de nouveaux sommets, reflet de la crainte que le gouvernement portugais ne soit finalement contraint de se déclarer en défaut de paiement.

L'approfondissement de la crise financière, après ce qui semble avoir été un bref répit au cours de la période de Noël-Nouvel an, permet de souligner l'un des principaux thèmes du bilan économique mondial du FEM cette année, à savoir le fait que les mécanismes financiers ou autres développés durant le 20e siècle sont à présent complètement incapables de répondre aux complexités du 21e siècle.

Ce rapport du FEM avertit que l'on est en train de semer les « germes de la dystopie », « lieu où la vie est pleine de difficultés et dénuée d'espoir. »

« L'analyse des liens entre divers risques mondiaux, » poursuit le rapport, « révèle une constellation de risques fiscaux, démographiques et sociétaux, signalant un avenir dystopique plus la plus grande partie de l'humanité. »

Ce rapport avertit qu'en l'absence d'autres options viables, l'aggravation des conditions économiques pourrait « remettre en question les contrats sociaux entre les Etats et les citoyens, » ce qui entraînerait une spirale vers le bas de l'économie mondiale alimentée par le protectionnisme, le nationalisme et le populisme. »

Ce que ce scénario refuse absolument de mentionner est le développement d'un mouvement indépendant de la classe ouvrière et la lutte politique consciente pour le socialisme. Mais cela était clairement présent à l'esprit des auteurs du rapport quand ils mentionnaient les événements en Égypte et ailleurs de 2011 et pointaient l'importance de l'inégalité sociale.

Ils ont écrit : « Deux sources d'inquiétude dominantes ont émergé du printemps arabe, le mouvement mondial "Occupy" et de récents incidents similaires montrant le mécontentement des gens : la frustration croissante parmi les citoyens envers le monde politique et des affaires, et la mobilisation rapide de la population permise par une plus grande connectivité technologique.

Dans le même temps, ce rapport exprime un net manque de confiance dans les capacités de l'ordre politique et social existant à réagir aux vastes transformations qui se produisent maintenant dans la vie économique et sociale.

« Tandis que le monde devient de plus en plus complexe et interdépendant, » affirme ce rapport, « la capacité à gérer les systèmes qui sous-tendent la prospérité et la sécurité diminue. La constellation de risques issus des technologies émergentes, de l'interdépendance financière, du manque de ressources et du changement climatique, exposent la nature faible et friable des moyens de sécurité existants – les politiques, les normes, les règlements ou les institutions qui servent de système protecteur. Nos moyens de sécurité pourraient très bien ne plus être adaptés pour gérer les ressources vitales et assurer des marchés en bon ordre et la sécurité publique. »

Pris dans son ensemble, le rapport du FEM revient à une admission de la part des élites dirigeantes qu'elles ont perdu le droit de nous diriger, que l'ordre économique et politique sur lequel ils exercent leur autorité n'a aucune légitimité aux yeux d'un très grand nombre de personnes dans le monde entier, et que cela ne présage rien d'autre pour l'avenir de l'humanité qu'un cauchemar social, économique et écologique.

Mais cela ne signifie pas que la classe dirigeante et son ordre économique et politique irrationnel et destructeur va s'incliner et disparaître paisiblement dans la nuit. L'histoire n'est pas déterminée par la rationalité, mais par la lutte des classes. Même lorsque leur faillite historique devient de plus en plus évidente, les élites économiques et politiques au pouvoir, aussi bien que leurs idéologues des médias et du monde universitaire, rassemblées à Davos, lutteront avec encore plus de hargne pour conserver leur position contre une opposition sociale croissante.

La classe ouvrière sur toute la planète a exprimé son hostilité envers les dirigeants existants. Mais elle n'a pour le moment pas commencé à présenter son propre programme socialiste pour résoudre la catastrophe dans laquelle les classes dirigeantes mondiales – de leur propre aveu – menacent de plonger l'humanité. C'est la tâche urgente de la période qui s'ouvre.

(Article original paru le 26 janvier 2012)

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