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WSWS : Nouvelles et analyses : Afrique et Moyen-Orient

De nouvelles protestations de masse marquent l’anniversaire de la révolution égyptienne

Par Johannes Stern
31 janvier 2012

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La manifestation sur la Place Tahrir mercredi [Photo: Gigi Ibrahim]

Un an après le début de la révolution égyptienne du 25 janvier, des millions de travailleurs et de jeunes sont descendus dans la rue et envahi les places partout en Egypte pour protester contre la junte militaire soutenues par les Etats-Unis. Ils ont exigé l’éviction du général Mohamed Hussein Tantawi, successeur du président Hosni Moubarak déchu et dirigeant du Conseil suprême des forces armées (SCAF), ainsi que la chute du régime.

Tout comme il y a un an, plusieurs manifestations affluant de différents quartiers de la capitale ont convergé vers la Place Tahrir dont la sécurité des entrées était assurée par des comités populaires. Tout au long de la journée, les forces de sécurité et l’armée ont été absentes de la place. Au petit matin, malgré une forte pluie au Caire, des dizaines de milliers de manifestants s’étaient déjà rassemblés sur la place en scandant « A bas le régime militaire », « Le peuple veut renverser le régime, » et « Révolution, révolution jusqu’à la victoire, révolution dans toutes les rues égyptiennes. »

D’autres slogans visaient directement les « assassins des manifestants tués » et la mise en scène du procès d’Hosni Moubarak et de ses deux fils. Au milieu de la place, une énorme affiche montrait des photos de Moubarak, de l’ancien ministre de l’Intérieur, Habib El-Adly, et de Tantawi avec une corde nouée autour du cou.

Sur la Place Gizeh, des milliers de personnes se sont rassemblées pour une manifestation se dirigeant vers la Place Tahrir en criant des slogans contre l’armée, pour la poursuite de la révolution et pour « Pain, liberté et dignité humaine. » Les slogans visaient aussi les Etats-Unis et Israël.

D’autres manifestations de masse sont parties de Mohandeseen, Heliopolis, Nasr City et du quartier ouvrier Shubra où les gens ont scandé : « Gens de Shubra, repartons de plus belle et récupérons notre victoire. » Amal Mahmoud, un manifestant faisant partie du défilé de Shubra a dit au journal Egyptian Independent: « Nous sommes ici pour continuer la révolution. Rien n’a été réalisé, le SCAF est en train de générer la corruption dans le pays et nous sommes ici pour réclamer les droits des martyrs, des blessés et de tous les Egyptiens. »

Plus de 10.000 étudiants ont défilé contre l’armée au départ d’Ain Shams Ghamra et de l’université du Caire vers la Place Tahrir. Les manifestants de l’université du Caire ont porté des cercueils sur lesquels étaient inscrits le nom des martyrs tués, au cours de l’année dernière par les forces de sécurité, en criant : « Nous ne sommes pas ici pour faire la fête. Nous sommes ici pour obtenir les droits des martyrs. » Dans l’après-midi, la place s'est complètement remplie de manifestants, tout comme les rues avoisinantes et les places des centres ville du Caire. Selon des observateurs, le nombre des manifestants était aussi important qu’il y a un an.

Des protestations de masse contre la junte militaire ont également été organisées dans d’autres villes et régions égyptiennes. Dans la ville portuaire de Suez, autre centre de la révolution depuis le tout début, des dizaines de milliers s’étaient rassemblés sur la Place Arbaeen pour défiler plus tard dans la ville en scandant « Le peuple veut la chute du régime. »

A Alexandrie, un demi-million de manifestants a participé à un défilé se rendant vers la zone militaire au Nord. Un groupe de salafistes – une tendance islamiste tristement célèbre pour sa politique contre-révolutionnaire et anti-ouvrière – aurait été chassé de la manifestation.

A Mahalla al-Kubra, ville ayant une longue histoire de luttes ouvrières combatives, des milliers sont descendus dans les rues. D’autres manifestations ont eu lieu dans d’autres grandes villes égyptiennes – Ismailiya, Luxor, Aswan, Fayoum, Qena et Port Saïd.

Le Guardian, quotidien britannique a décrit le caractère des manifestations comme suit : « A l’extérieur de la Place Tahrir, de tous les coins de la ville, y compris de Gizeh où je me trouve en ce moment, il y en a bien des centaines de milliers… pour eux il n’est pas question de faire la fête… il est question de lutter pour mener à bien la révolution et renverser le gouvernement militaire. [Il règne] une atmosphère de très grande colère et aussi de grande confiance. »

La conviction des travailleurs et des jeunes que le régime doit être renversé par une constante lutte révolutionnaire constitue un rejet de la soi-disant « transition démocratique » organisée par la junte militaire, ses souscripteurs au sein du gouvernement américain et l’establishment politique égyptien. Elle est l'expression de l’écart qui ne cesse de se creuser entre tous les partis et groupes politiques traditionnels et les travailleurs et jeunes révolutionnaires égyptiens.

Les mouvements politiques qui ont appelé aux protestations ou qui y ont participé – diverses coalitions de jeunes, le Mouvement de la Jeunesse du 6 avril, Kefaya, des partisans du politicien libéral Mohamed ElBaradei, et des groupes petits bourgeois de « gauche » tels les Socialistes révolutionnaires (SR) – avaient initialement soutenu la junte. Ils avaient affirmé que la junte était la « protectrice de la nation » (aux dires d’ElBaradei), ou qu’elle serait en mesure d’exercer une pression en faveur de davantage de réformes sociales et démocratiques (la position des SR).

Après une année de luttes révolutionnaires féroces entre la junte et la classe ouvrière, ces mensonges ont été révélés au grand jour ; l’establishment politique tente à présent désespérément de camoufler son soutien initial à la junte et d’empêcher le déclenchement de nouvelles luttes révolutionnaires.

D’une part, des millions de manifestants motivés par la détérioration des conditions sociales et des revendications d’égalité sociale et de démocratie authentique, sont en train de renouveler leurs appels en faveur de la chute du régime en exigeant une « deuxième véritable révolution. » D’autre part, les partis politiques existants oeuvrent pour préparer le prochain piège visant les travailleurs et la jeunesse révolutionnaires. La dernière trouvaille est un appel en faveur d’un transfert de pouvoir à un régime civil basé sur l’élection parlementaire qui s’est tenue dernièrement sous la loi martiale.

Remettre le pouvoir aux Islamistes qui dominent le parlement n’aurait rien de progressiste ou de démocratique. Les Islamistes ont été en mesure de remporter les élections – marquées par un faible taux de participation après une semaine de violentes confrontations entre la junte et les manifestants – du fait du soutien obtenu de la part de la « gauche » petite bourgeoise, l’élite financière égyptienne et leurs nouveaux patrons aux Etats-Unis et dans les monarchies du Golfe. Au cours de la révolution, les Islamistes ont dès le départ joué un rôle contre-révolutionnaire ; ils se sont opposés aux protestations du 25 janvier d’il y a un an et ont été des partisans manifestes de la junte militaire depuis sa prise de pouvoir.

Récemment, les responsables islamistes ont déclaré qu’ils ne porteraient pas atteinte à la « position spéciale » de l’armée mais collaboreraient étroitement avec l’impérialisme américain et le capital financier international. Il y a deux semaines, Mohamed Morsi, le dirigeant du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), le bras politique des Frères musulmans, a rencontré le sous-secrétaire d’Etat américain, William Burns, et a dit que le PLJ « croit en l’importance des relations égypto-américaines. » A peine quelques jours plus tard, le PLJ déclarait son soutien en faveur d’une offre de prêt de 3,2 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI).

Malgré la perspective profondément contre-révolutionnaire des Islamistes, des groupes de la classe moyenne tels le Mouvement de la Jeunesse du 6 avril et les SR sont déterminés à canaliser les protestations de masse vers ces forces de droite. Lundi, après la séance d’ouverture du parlement, le groupe du 6 Avril a envoyé un message de félicitation au parlement, lui demandant de « satisfaire les exigences de la révolution. »

Le 24 janvier, les SR ont publié le discours de l’un de leurs membres dirigeants, Sameh Naguib, maître de conférences de l’université américaine du Caire, réclamant que les masses « assiègent […] le parlement pour insister sur les revendications. »

Les exigences renouvelées pour des manifestations de masse et les expériences « Un an après la révolution égyptienne  » montrent que les travailleurs et les jeunes ne peuvent réaliser leurs aspirations révolutionnaires qu’au moyen d’une lutte indépendante pour le pouvoir contre la bourgeoisie égyptienne et leurs appendices petits bourgeois. Pour faire avancer la révolution, la classe ouvrière égyptienne doit renverser la junte et la remplacer par un Etat ouvrier luttant pour une politique socialiste en Egypte, dans tout le Moyen-Orient et internationalement.

(Article original paru le 26 janvier 2012)

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