wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La France écarte un retrait immédiat d’Afghanistan

Par Olivier Laurent
28 janvier 2012

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Le Président Nicolas Sarkozy gardera les troupes françaises en Afghanistan malgré la montée de l’opposition populaire en France à l’occupation de ce pays par l’OTAN après la mort le 20 janvier de quatre soldats français, attaqués alors qu’ils entraînaient des soldats afghans.

L'attaque était le fait d'un jeune soldat afghan de 21 ans, sans lien direct avec les Talibans. Il a dit avoir pris sa décision après avoir vu une vidéo montrant plusieurs soldats américains en train d'uriner sur les têtes d'Afghans morts. (Voir : Dix soldats de l'OTAN tués en Afghanistan).

Les réactions des familles des soldats français révèlent une hostilité populaire très répandue à la présence française en Afghanistan. La sœur de l'un d'entre eux a déclaré à la radio RTL : «C'est de la faute de Nicolas Sarkozy si mon frère est décédé. Il doit enlever tout le monde d'Afghanistan dès que possible: tous ces jeunes, ces maris, ces frères. Il n'y a pas d'amélioration, c'est de pire en pire».

Même avant cet incident, des sondages réguliers de l’IFOP indiquaient déjà une progression de l’opposition à la présence française en Afghanistan—de 64 pour cent en août 2009, à 70 pour cent en août 2010 et 74 pour cent en août 2011.

A quelques mois des prochaines élections présidentielles, Sarkozy craint cette opposition populaire à l’occupation de l’Afghanistan, qui dure depuis plus de 10 ans. Il a d’abord évoqué un retrait éventuel des troupes avant l'horizon officiel de l'OTAN fixé à 2014, déclarant : « L'armée française n'est pas en Afghanistan pour que les soldats afghans lui tirent dessus ».

Il s’est ravisé mercredi, cependant, déclarant: « Ne nous trompons pas de colère, ne nous laissons pas aveugler par la douleur, si vive soit-elle. L’ennemi d’aujourd’hui c’est, une fois encore, le terrorisme qui, prenant le visage de nos alliés, sous les dehors de l’armée régulière, a voulu frapper, à travers la France, l’idée même de la liberté ».

Après des entretiens avec son homologue américain, Hillary Clinton, le ministre des affaires étrangères Alain Juppé a déclaré que le gouvernement ne compte « pas céder à la panique. … Quand j’entends parler de retrait immédiat, fût-ce à la fin 2012, je ne suis pas sûr que ceci ait été mûrement réfléchi et étudié ».

Ainsi Juppé visait le candidat présidentiel de la « gauche » bourgeoise française, François Hollande du Parti socialiste (PS), qui avait évoqué un retrait en 2012 s’il était élu président au mois de mai.

La décision de garder des troupes françaises en Afghanistan correspond aux intérêts géopolitiques de l’impérialisme français, qui a essayé d’améliorer ses relations avec les Etats-Unis et les autres puissances européennes en mettant ses soldats dans des zones plus dangereuses du pays.

En août 2008 le gouvernement Sarkozy avait décidé de modifier l'affectation des soldats français, jusqu’alors cantonnés à Kaboul, pour « situer, franchement et nettement, la France au sein de sa famille occidentale, restaurer une relation confiante avec le peuple et les dirigeants américains et rénover notre relation avec l'Alliance Atlantique ».

Un éditorial du Figaro avait alors loué cette décision : « Le président Nicolas Sarkozy lui a redonné son sens [à l'intervention de l'armée française] en plaçant notre contingent aux côtés de nos alliés, en terrain ardu ».

Les réactions internationales ont été très vives face à aux premières déclarations de Sarkozy et de Hollande, ce qui démontre les tensions importantes existant au sein de l'OTAN sur cette question.

Ces tensions s'étaient déjà manifestées en mars 2011, quand le ministre américain de la Défense Robert Gates avait prononcé un discours au siège de l'OTAN à Bruxelles contre un éventuel retrait des puissances européennes de l’Afghanistan. Il s’était emporté contre ceux qui « parlent beaucoup trop de retrait et pas assez de la manière dont il faut réussir le job. »

Ses craintes reposaient moins sur le risque de perdre les importantes ressources minérales de l'Afghanistan lui-même, que sur l’effet qu’aurait un retrait désordonné des forces de différents pays de l’OTAN. L’occupation de l’Afghanistan est de loin la plus importante opération numérique de l’OTAN, et le prestige de l’organisation en dépend en grande partie.

Des discussions franco-américaines intenses au plus haut niveau ont eu lieu la semaine dernière, avec la participation du général américain Allen, commandant de la force de l'OTAN en Afghanistan. Hilary Clinton a finalement déclaré que « Nous n'avons aucune raison de penser que la France ne va pas continuer à prendre part au processus délicat de transition » en Afghanistan.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, le libéral Guido Westerwelle, qui s'était fortement opposé à l’agression de la France contre la Lybie l'année dernière, a également rappelé Sarkozy à l'ordre : « Il est clair que des revers comme celui-ci ne doivent pas arrêter notre engagement envers la paix et la réconciliation en Afghanistan ».

Dans le contexte actuel d'une crise générale de l'économie et des relations diplomatiques, une autre phrase de Sarkozy prononcée en août 2008 prend tout son sens : « Le monde entre dans une période radicalement différente, qui va durer plusieurs décennies et que je qualifierai d’‘ère des puissances relatives’ [Dans cette ère] d’énergie rare et chère … l'intérêt général passe loin derrière la défense vigoureuse des priorités nationales ».

C'est-à-dire que les puissances membres de l'OTAN, toujours d'accord sur le fait que cette institution doive servir à mutualiser les moyens pour mener des politiques impérialistes, cherchent toutes à en tirer le maximum pour leurs intérêts individuels.

Les Pays-Bas s'étaient retirés en août 2010, ne souhaitant pas renouveler leur engagement qui arrivait à son terme après 4 ans d'opération, 24 morts et 130 blessés. Le gouvernement de coalition entre travaillistes et Chrétiens démocrates était tombé, les travaillistes n’ayant pas osé s'associer à un renouvellement de leur engagement devant l'hostilité populaire qui leur avait causé d'importants déboires électoraux.

Cela avait fortement inquiété les responsables de l'OTAN, en dépit de la relative faiblesse du contingent hollandais (2.000 hommes), parce que d'autres pays risquaient de les suivre. Le Secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, avait négocié avec les Chrétiens démocrates pour maintenir une présence hollandaise, les travaillistes ayant accepté le maintien d'une présence réduite à l'entraînement du personnel afghan et à quelques avions et hélicoptères. Ils laissaient ainsi la porte ouverte à un retour ultérieur.

Même si Hollande gagnait l’élection, le PS français ne serait pas moins accommodant avec l'OTAN. François Hollande réclame à présent un « retrait rapide » mais il faut se souvenir qu'il était à la tête du parti en 2001, lorsque le gouvernement du socialiste Lionel Jospin s'était engouffré dans cette aventure, et il n'avait alors exprimé aucune réserve.

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés