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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le Parti Socialiste promet l’austérité après la dégradation de la notation AAA de la France

Par Anthony Torres et Antoine Lerougetel
18 janvier 2012

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François Hollande, candidat du Parti Socialiste (PS) à l'élection présidentielle de 2012 en France, a répondu à la dégradation de la note financière de la France par l’agence Standard and Poor’s en déclarant qu’il mènerait une politique d’austérité.

Interrogé par Le Monde sur les promesses du ministre des Finances, François Baroin, selon lesquelles il n’y aurait « pas de nouveau plan de rigueur », Hollande a répondu : « Qui peut croire, alors que la croissance va être de 0,5 pour cent au lieu des 1 pour cent affichés, que nous pourrons atteindre l’objectif de réduction de nos déficits à la fin de l’année ? D’autant moins que le coût de notre dette va être alourdi par la perte du triple A ».

Dénonçant cette dégradation financière comme un « échec » du quinquennat de Nicolas Sarkozy, Hollande a ajouté que s'il était élu les premières mesures de son quinquennat seraient consacrées « au redressement, au rétablissement des comptes publics et à la politique industrielle ».

Le programme de Hollande et de ses soutiens dans la bourgeoisie française est totalement réactionnaire. Une politique qui ne passe pas par la confiscation de la majeure partie de la richesse de la haute bourgeoisie ne peut rétablir les comptes publics qu’en imposant des réductions désastreuses des dépenses sociales, ce que l'on voit se produire actuellement de par l'Europe et les Etats-Unis. Quant à une « politique industrielle », la construction d’une industrie viable nécessitera soit l'appropriation sociale des profits de l'aristocratie financière internationalement, soit des baisses drastiques du salaire des travailleurs. Ce sont les salaires que le PS compte attaquer.

Les gouvernements sociaux-démocrates de George Papandréou en Grèce et de José Luis Zapatero en Espagne se sont effondrés l’année dernière, après que leurs mesures brutales d'austérité les ont rendus extrêmement impopulaires. Si Hollande venait à être élu, sa politique ne serait guère différente.

Les milieux financiers français signalent leur impatience de voir le gouvernement français réduire les dépenses en démantelant les programmes sociaux. Le président de l’Autorité des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet—qui est partisan d’un rapprochement du PS avec les milieux de droite autour de François Bayrou—l’explique ainsi : « La campagne électorale sera sous surveillance aussi. Je crois que ce qu’il faut faire aujourd’hui, c’est assainir les finances publiques et pas simplement à coup de mesures d’urgence ».

C’est-à-dire qu’il faudra réduire les conditions sociales des travailleurs à des niveaux que la classe ouvrière n'a plus vus en France depuis la première moitié du vingtième siècle.

C’est aussi là le but essentiel du prétendu « sommet social » qui débute aujourd’hui entre les syndicats, les employeurs et le gouvernement Sarkozy. François Chérèque, dirigeant de la Confédération française et démocratique du travail (CFDT), a donné son aval au principe d’une TVA sociale et d’accords « compétitivité-emploi ». Il explique : « Nous sommes prêts à réfléchir sur ces sujets, mais pas dans la précipitation et pas par des mesures qui pourraient être négatives sur les salariés ».

Le commentaire de Chérèque n’est qu’une dérobade, car la presse rapporte très clairement ce que les organisations patronales comptent obtenir du sommet : « Des accords compétitivité-emploi qui permettraient aux entreprises de négocier une nouvelle durée du travail ou une baisse des salaires ».

S’il est élu, François Hollande mènera une politique dans la continuité de celle que Sarkozy a menée en concertation avec la bureaucratie syndicale. Ceci ressort de la tribune publiée le 3 décembre 2011 par Hollande dans le journal Libération et intitulée « Le changement c’est maintenant ».C’est une tentative de sa part de se présenter auprès des marchés financiers comme étant le meilleur candidat pour l’application d’un programme d’austérité plus large  demandé par la classe financière.

François Hollande compte faire payer la crise par la classe ouvrière pendant une longue période : « Le redressement de nos comptes publics comme celui de notre appareil productif sera long. La reconquête de notre souveraineté financière exigera des efforts considérables ». La classe ouvrière doit ainsi financer la croissance en acceptant de rendre le coût du travail moins cher, sous peine d’un fort taux de chômeurs : « le chômage est au plus haut parce que la croissance est au plus bas ».

Dans la presse financière plus spécialisée, le directeur de campagne de Hollande, Pierre Moscovici a été très clair sur les intentions d’un futur gouvernement socialiste d’appliquer un programme d’austérité en France. Dans une interview au Financial Times, Moscovici a expliqué au journaliste Hugh Carnegy : « Le temps de la droite dure et de la gauche molle est révolu. Nous serons responsables et crédibles. Quelles que soient les difficultés, nous réduirons le déficit et la dette.  Nous ne dépenserons plus ».

Ainsi le PS est prêt à imposer des mesures d’austérité contre les travailleurs, comme l’ont fait le PASOK en Grèce et le Parti socialiste espagnol, avec des fortes réductions de salaires et la répression contre les manifestants. Dans les deux cas, les gouvernements ont mobilisé l’armée pour écraser des grèves—celles des routiers en Grèce, et celle des aiguilleurs du ciel en Espagne. La politique du PS en France ne serait pas différente.

Si Hollande parvient à donner à cette politique réactionnaire une légère coloration de « gauche », c’est qu’il compte sur l’aide du Parti de Gauche (PG), du Parti communiste français (PCF), et du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) pour désorienter et étrangler l’opposition populaire à son programme anti-ouvrier. Ainsi Hollande fait une petite révérence devant ces partis : « Enfin, je respecte profondément toutes les candidatures de la gauche comme celle des écologistes.... il me revient d’incarner l’alternance et de permettre le changement ».

Il se permet de pareilles manœuvres parce qu’il est moralement sûr que le NPA et les autres partis satellites du PS ne déborderont pas le PS sur sa gauche. Ainsi le candidat du NPA Philippe Poutou écrit dans un communiqué du 4 janvier concernant la TVA sociale de Sarkozy : « Toutes les forces de la gauche sociale et politique devraient se rencontrer au plus tôt pour définir ensemble les modalités immédiates d'une riposte afin d'empêcher ce mauvais coup supplémentaire du quinquennat Sarkozy ». Ceci ne fait que souligner que l’indépendance vis-à-vis du PS que le NPA prétendait incarner est entièrement imaginaire.

Ceci révèle à quel point l’élection présidentielle en France est un processus entièrement dicté par les besoins de la bourgeoisie, où les aspirations sociales et démocratiques des travailleurs sont systématiquement étouffées.

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