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Sri Lanka: Il faut soutenir la lutte des travailleurs des plantations contre
une charge de travail plus lourde
Parti de l’Egalité socialiste (Sri Lanka)
23 janvier 2012
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Les travailleurs des plantations de Welioya et de Bogawantalawa, dans le
district central des plantations de thé doivent contrer la tentative des
syndicats de trahir leur lutte contre l’augmentation de l'objectif de
productivité. Tous les travailleurs des plantations doivent soutenir cette
lutte contre des conditions qui, autrement, seront imposées par la direction
partout dans les plantations de thé.
Le Parti de l’Egalité socialiste (Socialist Equality Party, SEP) appelle
les travailleurs à former des comités d’action ouvriers, indépendants des
syndicats dans le but de prendre l’initiative de lutter pour un salaire
mensuel décent et contre la demande d’une augmentation de la production.
Depuis décembre, les travailleurs de Welioya refusent d’accepter une
augmentation de 17 à 20 kilogrammes par jour du taux de rendement de thé
cueilli. Depuis des mois, les travailleurs de Bogawantalawa résistent à des
augmentations identiques de 2 kg par jour des rendements cible. Les
entreprises avaient de manière provocatrice préparé les salaires de janvier
sur la base des nouveaux taux de rendement à atteindre et présenté aux
travailleurs une réduction de fait de leur salaire.
Le 10 janvier, 1.200 travailleurs de la plantation de Welioya qui
appartient à la société Watawala Plantation Company et 4.000 travailleurs de
cinq plantations de Bogawantalawa ont refusé d’accepter ces salaires revus à
la baisse. Dans les cinq plantations de Bogawantalawa – Kotiyagala, Bogawana,
Bredwell, Bogawantalawa et Tintseen – les travailleurs font grève.
Craignant que les protestations ne se propagent, les syndicats sont
intervenus pour obliger les travailleurs à accepter les nouveaux objectifs
de rendement. Dès le début, le principal syndicat de la plantation, le
Ceylon Workers Congress (CWC, Congrès des travailleurs de Ceylan), avait
rejeté les revendications des travailleurs et soutenu les entreprises. Le
dirigeant du CWC, Arumugam Thondaman, est ministre du gouvernement et aussi
propriétaire d’une plantation.
Les autres syndicats ont feint de la sympathie pour les travailleurs. Le
13 janvier, les dirigeants des syndicats Lanka Jathika Estate Workers Union
(LJEWU), Ceylon Workers Alliance (CWA) et Democratic Workers Congress (DWC)
ont eu des pourparlers avec les plantations de Bogawantalawa et le ministre
du Travail Gamini Lokuge.
Les syndicats avaient demandé que se tienne cette réunion pour montrer
qu’ils faisaient tout leur possible pour obtenir le paiement des salaires
avant la date du 15 janvier, jour d’une fête religieuse hindoue.
L’entreprise a toutefois refusé de céder. Les dirigeants syndicaux ont alors
demandé aux travailleurs d’accepter le salaire réduit comme une avance et de
reprendre le travail avec une promesse du ministre de régler la question
dans un avenir proche.
Deux autres syndicats de plantation – le Up-Country People’s Front (UPF)
et le syndicat National Union of Workers (NUW) – ont soutenu l’accord.
es mêmes syndicats ont convaincu les travailleurs
réticents à Welioya de reprendre le travail et d’accepter les salaires
réduits. Les syndicats ont affirmé que le commissaire adjoint au travail
(ACL) à Hatton avait promis de s'occuper plus tard de la réduction de
salaire. D’autres pourparlers sont prévus pour le 23 janvier.
Comme les syndicats le savent parfaitement, les promesses du ministre du
Travail Lokuge et du responsable du travail à Hatton n'ont absolument aucune
valeur. Après avoir berné les travailleurs à reprendre le travail avec
l’aide cruciale des syndicats, le gouvernement remisera au placard ces
promesses. Dans les faits, les syndicats ont aidé les entreprises à imposer
leurs augmentations des objectifs de rendement de la cueillette de thé.
Depuis le début, les syndicats ont oeuvré pour saborder toute résistance.
Les travailleurs à Welioya s’étaient mis en grève une semaine à partir du 14
décembre pour protester contre les nouvelles charges de travail. Certains
membres du CWC avaient défié leurs dirigeants syndicaux et s'étaient ralliés
à la grève.
Le dirigeant de l’UPF, P. Radhakrishnan, et le ministre du gouvernement,
Mahindananda Aluthgamage, avaient visité les plantations pour dire de façon
mensongère aux grévistes que l’entreprise avait accepté de ne pas relever
les taux de rendement. Les travailleurs avaient repris le travail mais
refusé de respecter les nouveaux objectifs de rendement.
A la plantation de Welioya, la société Watawala avait alors cherché à
intimider les travailleurs. Suite aux plaintes déposées par la direction,
par deux fois la police convoqua quatre dirigeants d’une section syndicale
pour répondre à des allégations selon lesquelles ils auraient empêché des
travailleurs de se présenter au travail.
Déterminés à mettre fin aux protestations, le LJEWU, le NUW et l’UPF
rencontrèrent l’entreprise le 23 décembre et acceptèrent un « compromis » :
augmenter le taux de rendement de 2 au lieu de 3 kilogrammes. Mais les
travailleurs rejetèrent cette proposition.
Les syndicats avaient signé en mars dernier un accord collectif soutenu
par le président Mahinda Rajapakse et qui prévoyait une relance de la
production en échange de petites augmentations de salaire. Le document
indiquait clairement : « [L]es syndicats s’engagent à soutenir
l’amélioration du rendement au niveau des plantations au moyen de
discussions entre les Surintendants et le Comité d’action du syndicat. » Les
travailleurs n’avaient pas eu leur mot à dire sur cet accord.
L’imposition de charges de travail plus lourdes ne se limite pas à ces
deux plantations. Dans le but d’extraire des profits plus importants et de
concurrencer les autres pays producteurs de thé, dont l’Inde, le Kenya et la
Chine, les entreprises ont intensifié l’accroissement de la productivité.
Des profits considérables sont déjà faits. Les profits nets de la société
Watawala, par exemple, ont bondi de 75 millions de roupies (660.000 dollars
US) en 2008 à 642 millions de roupies en 2010. Le PDG Dan Seevaratnam a dit
que la marge de bénéfice était « principalement due à une forte augmentation
de la productivité et une amélioration de la qualité. »
De la même façon, les plantations de Bogawantalawa ont engrangé 118
millions de roupies de profits nets durant la première moitié de l’exercice
2010-2011, soit une augmentation de 4 pour cent sur un an.
Ces profits se font aux dépens des travailleurs. Actuellement les
travailleurs sont en mesure de gagner de petits paiements incitatifs s’ils
cueillent davantage de feuilles de thé. En augmentant les taux de
productivité, les entreprises cherchent à priver les travailleurs même de
cette dérisoire allocation.
Les travailleurs des plantations figurent parmi les sections les plus
opprimées de la classe ouvrière au Sri Lanka. La plupart des travailleurs
des plantations sont des descendants de travailleurs asservis originaires du
Sud de l’Inde et parlant tamoul. La discrimination anti-tamoule a été une
arme politique pour les maintenir divisés du reste de la classe ouvrière.
Tous les syndicats des plantations ont soutenu la guerre communautaire
menée par les gouvernements successifs contre les Tigres de Libération de
l’Eelam tamoul, LTTE, séparatistes dans le but de supprimer les droits
démocratiques de la minorité tamoule. La guerre a également servi de
prétexte à bloquer les luttes de la classe ouvrière en général.
Les travailleurs doivent rompre avec les syndicats pour former des
comités d’action comme moyen de lutte pour leurs droits fondamentaux. Les
délégués de ces comités d’action doivent se rencontrer pour élaborer leurs
revendications. Pour le moment, les conditions de travail, le système des
salaires et le logement dans les plantations représentent une forme de semi
esclavage. Il faut que cela change.
Le Parti de l’Egalité socialiste préconise :
* Non aux charges de travail accrues; pour des conditions de travail
décentes, des congés payés, des soins médicaux et la retraite.
* Pour l’abolition du système de salaire journalier et l’instauration du
système de salaire mensuel. Le salaire mensuel devant s’élever à au moins
30.000 roupies et être indexé sur le coût de la vie.
* Pour un logement décent fourni, avec approvisionnement en eau, des
installations sanitaires et l’électricité.
On ne peut acquérir ces droits qu’en réorganisant l’économie sur une base
socialiste non pas pour le profit mais pour répondre aux besoins humains. La
lutte pour ces mesures est liée à une lutte politique contre le gouvernement
Rajapakse et pour la mise en place d’un gouvernement ouvrier et paysan en
vue de l’application d’une politique socialiste.
Les alliés des travailleurs des plantations sont les autres travailleurs
qui sont confrontés aux attaques incessantes menées par le gouvernement
Rajapakse qui impose les exigences d’austérité du Fonds monétaire
international. Les travailleurs doivent également se tourner vers les
pauvres ruraux qui sont opprimés par le gouvernement et le système
capitaliste pour qu’ils se rallient à cette lutte.
Cette lutte fait partie de la lutte internationale pour le socialisme. Le
SEP préconise la lutte pour une République socialiste du Sri Lanka et de l’Eelam
comme partie intégrante d’une lutte plus vaste pour l’Union des Etats
socialistes d’Asie du Sud. Nous appelons les travailleurs à adhérer au SEP
et à construire ce parti comme le parti de masse révolutionnaire
indispensable pour mener la lutte en faveur de cette perspective.
(Article original paru le 18 janvier 2012)