La participation aux manifestations du
1er mai dans la capitale grecque Athènes a été faible compte tenu du fait que
le pays votera dimanche lors d'une élection dont on s'attend à ce qu'elle
aboutisse à une répudiation en masse de la coalition PASOK, Nouvelle Démocratie
et LAOS fasciste, imposée par l'Union européenne et le Fonds monétaire
international.
L'opposition générale et profonde à
l'encontre des mesures d'austérité au sein de la classe ouvrière ne s'est que
faiblement traduite dans les manifestations qui étaient dispersées à travers la
ville entière.
Les groupes pseudo-gauches tels SYRIZA
(coalition de la gauche radicale) et le Parti communiste grec stalinien (KKE)
étaient les principaux organisateurs des rassemblements et des manifestations
en coopération avec les syndicats. En plus de la Gauche démocratique (DIMAR),
ces partis se trouvent être les bénéficiaires directs de la déroute électorale
du PASOK et de Nouvelle Démocratie. Toutefois, tout en appelant au sentiment
d'opposition ils cherchent à le canaliser dans des protestations inefficaces et
qui ne défient pas l'autorité de l'Union européenne et de la bourgeoisie
grecque.
Le KKE avait organisé son propre rassemblement
devant l'usine Halyvourgia dans la banlieue Elifsina d'Athènes. Alors que ceci
avait pour but de démontrer manifestement une solidarité avec les sidérurgistes
qui ont fait grève pendant six mois contre la suppression des emplois et la
réduction des salaires, ce fait souligne le rôle joué par le KKE et sa
fédération syndicale PAME tout particulièrement dans l'isolement de cette
importante grève et leur rôle plus généraldans la dispersion de
l'opposition.
Le rassemblement officiel sur la place
Kotzia, qui a été soutenu par SYRIZA et les deux principales fédérations
syndicales, la GSEE (Confédération générale des Travailleurs) et l'ADEDY (Union
des fonctionnaires), s'est tenu sous le slogan « Personne tout seul, tous
ensemble on y arrivera. » Initialement, le rassemblement n'a attiré que
quelques milliers de gens. Leur nombre a grossi lorsque des milliers
d'étudiants de l'université et de l'Ecole polytechnique d'Athènes ont rejoint
le défilé alors qu'il se dirigeait vers le bâtiment du parlement sur la place
Syntagma. Il n'y a eu ni rassemblement ni discours et le défilé s'est dispersé
dans différentes directions tout au long du parcours.
Une équipe de reporters du World
Socialist Web Site a parlé avec quelque-uns des participants au défilé.
Yianni
Yianni, 19 ans, travaille
occasionnellement et est étudiant en microbiologie. Il a dit, « Pour moi,
le 1er mai c'est pour une Europe et un monde où tout homme se
prononce contre le système politique. Ici en Grèce, et partout. Je pense que la
crise concerne le monde entier, et pas seulement la Grèce. Je pense que la
Grèce tient lieu de test pour l'ensemble de l'Europe. Ce qui se passera en
Grèce se passera en Espagne et en Italie.
« Ma mère est au chômage et mon
père travaille pour l'organisme de télécommunications OTE. Il gagnait 1.200
euros par mois pour une famille de cinq personnes, mais son salaire a été
réduit à 800 euros par mois. Deutsche Telekom est aussi arrivé et OTE est en
train d'être privatisé.
« La classe dirigeante diminuera
les salaires versés aux gens. Soixante milliards d'euros sont déjà allés aux
banques. Je suis là pour protester contre. La dernière fois que j'ai été payé
c'était en décembre et je ne survis que parce que je vis à la maison avec mes
parents. »
Dimitra
Dimitra est médecin et se spécialise en
neurologie. Elle a expliqué : « Ces élections doivent dire non à la
troïka [Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Union
européenne] et elles doivent dire non à la rigueur. C'est très dur pour les
gens en Grèce. Je travaille dans un hôpital et tous les jours la situation
s'aggrave. Il n'y a ni médicaments et ni argent ce dont nous avons terriblement
besoin. Ils ne recrutent pas de nouveaux employés et les anciens sont sur le
point de partir à la retraite. Les soins de santé et l'éducation sont des
droits sociaux. Ils ne peuvent pas être vendus ou octroyés à des entreprises
privées. »
En Espagne, environ 80 manifestations
ont été organisées dans une soixantaine de villes.
A Madrid, la principale manifestation
organisée par les syndicats CC.OO [Commissions ouvrières, Comisiones Obreras,]
et l'Union générale des travailleurs [Union General de Trabajadores, UGT] a
rassemblé 100.000 personnes et ce sous une pluie battante. Les manifestants ont
scandé des slogans en faveur d'une nouvelle grève générale en brandissant des
drapeaux rouges, républicains et syndicaux. Sur des pancartes faites maison on
pouvait lire des slogans tels « Contre les coupes sociales » et
« Ils ne nous réduirons pas au silence. »
La présidente de la communauté de
Madrid, Esperanza Aguirre, a envoyé des dizaines de policiers pour bloquer
l'accès à la place principale, la Puerta del Sol. L'année dernière, une petite
occupation de la Puerta del Sol, inspirée des événements survenus en Egypte,
s'était transformée en moins d'une semaine en de massives protestations
comptant des centaines de milliers de jeunes partout en Espagne.
Les syndicats ont promis qu'ils
poursuivraient la mobilisation, mais n'ont fait allusion qu'à une nouvelle
grève générale. Parmi ceux qui ont pris la parole, il y avait le secrétaire
général du CC.OO, Ignazio Fernández Toxo, le dirigeant de l'UGT, Candido
Mendez, la porte-parole du Parti socialiste ouvrier d'Espagne (PSOE), Soraya
Rodriguez, le dirigeant de l'UGT de Madrid, José Ricardo Martínez et le
dirigeant de l'Izquierda Unida [Gauche Uni, IU], Cayo Lara.
Lara a appelé le gouvernement à
organiser un « pacte national pour l'emploi » avec les syndicats et
les partis politiques.
A Barcelone, la taille de la
manifestation officielle a surpris les organisateurs. Elle a rassemblé 100.000
personnes. Le climat répressif , en préparation du sommet de la Banque centrale
européenne, n'avait pas découragé les travailleurs et les jeunes.
Une manifestation organisée dans
l'après-midi par la CGT [Confederación general del travajo], le SNT, le
syndicat des cheminots et d'autres petits syndicats et organisations
pseudo-gauches sous le mot d'ordre, « Ni de réformes du travail ni de
pacte social, Nos droits ne sont pas à vendre, » a rassemblé quelque
22.000 manifestants, selon le journal Directa. L'année dernière, la même
manifestation avait compté quelque 5.000 participants.
Ces syndicats se positionnent eux-mêmes
comme étant une alternative militante de gauche au CC.OO et à l'UGT et donc
l'augmentation du nombre de participants à leurs protestations reflète la
polarisation sociale et politique grandissante au sein de la classe ouvrière.
Dans le sud du pays, en Andalousie, quelque 80.000 personnes ont manifesté dans
huit capitales provinciales pour s'opposer aux réformes du travail et aux
coupes sociales massives approuvées par le gouvernement droitier de Mariano
Rajoy. Ils ont défilé derrière le slogan « Ils veulent mettre fin à tout.
Travail, dignité, droits. »