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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les élections en Grèce et en France annoncent de nouveaux conflits sociaux à l'horizon

Par Peter Schwarz
10 mai 2012

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Les élections de dimanche ont des répercussions sur l'ensemble de l'Europe. Le vote contre Nicolas Sarkozy en France et la défaite cuisante des partis dirigeants en Grèce sont l'expression d'une large opposition à la politique d'austérité établie par l'Union européenne. Elles annoncent une période d'intensification des conflits sociaux et une crise politique violente.

En France, l'écart de près de 4 pour cent par lequel François Hollande a battu le président sortant  Nicolas Sarkozy, est relativement petit. Néanmoins, le changement de personnel à l'Elysée représente un tournant politique. Seule une fois, dans l'histoire de la Cinquième république, un président sortant n'a pas été réélu: Valéry Giscard d'Estaing en 1981. A l'époque, François Mitterrand, avait été le premier membre du Parti Socialiste à remporter la présidence. A présent, 17 ans après la fin de la présidence de Mitterrand, c'est la deuxième fois qu'un représentant du Parti Socialiste, en l'occurrence Hollande, va occuper les plus hautes fonctions du pays.

Hollande est un politicien bourgeois expérimenté dont le programme ne se différencie que par nuances de celui de Sarkozy. Il doit sa victoire électorale essentiellement au soutien des organisations soi-disant de gauche. Celles-ci ont à maintes reprises cherché à entretenir l'illusion qu'une alternative à la politique d'austérité de l'UE était possible avec Hollande.

Le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui a obtenu 11 pour cent des voix au premier tour, a appelé à voter Hollande au second tour. Il a pris cette décision en affirmant que c'était le seul moyen de déloger Sarkozy et d'amener un changement de politique. Le même argument a été utilisé par le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et Lutte Ouvrière (LO) dont les candidats ont réuni un total de voix de près de deux pour cent.

En Grèce, le parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND) et le PASOK social-démocrate, qui ont dirigé alternativement le pays depuis la fin de la dictature militaire il y a 37 ans et qui ont imposé conjointement le dictat d'austérité de l'UE, ont été décimés. Par rapport aux élections d'il y a trois ans, le nombre des électeurs de ND a chuté de 2,3 millions à 1,2 million. Les voix pour le PASOK sont passées de 3 millions à 0,8 million. Ces deux partis bourgeois traditionnels ont obtenu, à eux deux, moins d'un tiers des suffrages. Bien que ND réunisse le plus grand groupe parlementaire, en raison d'une clause électorale non démocratique lui accordant 50 sièges supplémentaires, le parti ne dispose toujours pas de suffisamment de soutien pour former un gouvernement dans un parlement comptant 300 députés.

La Coalition de la Gauche radicale (SYRIZA) a émergé comme le véritable vainqueur des élections et a réussi à tripler le nombre de ses électeurs qui est passé de 315.000 à plus de 1,1 million. Sur un plan international, le dirigeant de SYRIZA, Alexis Tsipras, collabore étroitement avec Le Front de Gauche de Mélenchon et le parti allemand, Die Linke. Comme eux, il recourt à un discours anticapitaliste tout en soutenant et en défendant les institutions bourgeoises existantes, dont l'Union européenne. Durant la campagne, il a toujours souligné : « Nous ne sommes pas contre l'euro, mais nous sommes opposés à la politique qui est faite au nom de l'euro. »

A l'extrême-droite, les Grecs Indépendants et le parti néonazi « Aube dorée » ont tous deux réalisé des gains significatifs, en obtenant respectivement 11 pour cent et 7 pour cent sur la base d'une démagogie nationaliste contre la politique d'austérité de la coalition ND-PASOK.

En tant que deuxième plus grand parti, SYRIZA joue à présent un rôle crucial dans la politique grecque et sera étroitement impliqué dans les négociations en vue d'un nouveau gouvernement. Le dirigeant de ND, Antonis Samaras, à qui conformément à la constitution il a été demandé en premier de former un gouvernement, a annoncé lundi qu'il n'était pas en mesure de constituer une coalition viable et cette tâche incombe maintenant au président de SYRIZA, Tsipras. Si aucun gouvernement disposant d'une majorité viable n'a été formé d'ici le 17 mai, alors de nouvelles élections devront se tenir d'ici le 17 juin au plus tard.

Le gouvernement allemand a également enduré une défaite dimanche. La coalition gouvernementale d'Angela Merkel, formée de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et du Parti libéral-démocrate (FDP), qui avait gouverné auparavant le Land de Schleswig-Holstein, a cédé sa majorité à une coalition constituée du SPD, des Verts et d'un parti représentant la minorité danoise. La CDU a perdu un pour cent et le FDP sept pour cent.

Les défaites électorales de Sarkozy et de Merkel, ainsi que les bouleversements électoraux survenus en Grèce laissent présager une période d'intense conflits sociaux. Telle est la conclusion tirée par les principaux journaux économiques tout comme les bourses et les marchés financiers qui ont considérablement dévissé. Lundi matin, le taux de change de l'euro a fortement chuté et les cours de bourse des actions ont accusé une baisse. Dans le même temps, les taux d'intérêt des obligations gouvernementales des pays méridionaux ont grimpé en flèche.

Le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung a décrit les résultats électoraux grecs comme étant un « avertissement » : « Les résultats sont dévastateurs pour la Grèce et dévastateurs pour l'Europe. »

Le Financial Times Germany a remarqué que le peuple grec avait « profité des élections et voté sur les mesures d'économie du gouvernement. Le résultat est dévastateur et dangereux pour l'Europe. Les forces radicales ont eu beaucoup de succès, en particulier les partis qui rejettent une restructuration du pays si manifestement endetté. »

Le journal Handelsblatt écrit: « En plus de la catastrophe financière, la Grèce risque aussi d'engendrer un chaos politique. Cette élection a été avant tout un scrutin fondé sur la colère. » Le journal met en garde en disant : « Le séisme politique exprimé dans cette élection est peut-être un signe avant-coureur d'une éruption sociale qui pourrait rapidement se propager de la Grèce aux autres pays en crise. »

Il ne fait pas de doute dans ces milieux que Hollande, Mélenchon, Tsipras, etc. céderont aux dictats des marchés financiers. Un commentaire paru dans Handelsblatt souligne « François Hollande, le socialiste qui s'enthousiasme à propos d'importants plans de croissance finira par découvrir la réalité du terrain au bout de la première année de son mandat. Ce sont les marchés qui imposeront leur volonté au nouveau président. Et ce ne sera pas le président qui domptera les marchés. »

Mélenchon, ancien membre du parti socialiste qui est parfaitement conscient de la servilité du parti aux dictats des marchés, a affirmé sa totale loyauté à Hollande. Son commentaire fait sur le succès électoral de Hollande ressemble à une candidature pour un poste ministériel. Sur son blog, il félicite Hollande pour sa victoire de dimanche. « Je souhaite le meilleur au nouveau président comme à notre pays, » écrit-il en félicitant les « quatre millions d'électeurs du Front de Gauche dont les votes ont fait la décision aujourd'hui. » Le Front de Gauche oeuvrera pour garantir que « la défaite de la droite et l'élection de François Hollande devienne la victoire des exigences aigües qui viennent de s'exprimer. »

Pour ce qui est de Tsipras et de SYRIZA, la menace d'une faillite d'Etat et de l'expulsion de l'UE a suffi à les mettre au pas. « Tsipras est en effet radical dans son discours contre la politique d'austérité, » a remarqué le Frankfurter Allgemeine Zeitung d'un air suffisant, « mais il se prononce aussi contre une sortie de la zone euro. »

Des organisations telles le Front de Gauche de Mélenchon et SYRIZA de Tsipras joueront un rôle clé dans la période à venir pour empêcher et étouffer la colère et l'indignation exprimées dans les résultats électoraux de dimanche. A cet effet, et afin de leur faciliter la tâche, des discussions ont lieu présentement pour ajouter un « volet de croissance » au plan fiscal détesté. Pour une telle mesure,il existe maintenant un vaste consensus allant de Hollande au président de la BCE, Mario Draghi, et au Financial Times, en passant par les sociaux-démocrates allemands.

Le SPD, dont les voix sont indispensables au gouvernement à ce sujet, a annoncé qu'il n'acceptera le plan fiscal au parlement que si le gouvernement approuve un plan de croissance supplémentaire. Après la victoire électorale de Hollande, le dirigeant du SPD, Sigmar Gabriel, a annoncé : « Maintenant, la question est donc de savoir si Mme Merkel et sa coalition sont en mesure de négocier un plan de croissance substantiel ? Conjointement avec les socialistes français, nous sommes prêts à engager de tels pourparlers. »

Merkel a indiqué sa volonté de coopérer : Elle a clairement fait entendre ce qu'un plan de croissance voulait dire : des réformes structurelles pour améliorer la compétitivité aux dépens des travailleurs et la redistribution des cadeaux de l'UE pour accroître les profits de certains secteurs de l'industrie. Dans le même temps, les programmes de rigueur se poursuivront de manière inchangée. Hollande et Gabriel sont aussi d'accord. Mélenchon et Tsipras trouveront la rhétorique de « gauche » qui convient pour masquer leur propre consentement.

Dans la période à venir tout dépendra d'une rupture des travailleurs avec ces organisations et leurs fausses promesses, pour s'engager dans une lutte indépendante et unie pour un programme socialiste.

(Article original paru le 8 mai 2012)

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