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Le massacre en Afghanistan : le produit d’une
guerre criminelle
Par Bill Van Auken
29 mars 2012
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Depuis que le nom du soldat accusé d’avoir
massacré 16 civils afghans vendredi dernier a été publié, les médias ont
tenté de rendre ce crime horrible compréhensible en fouillant dans
l’histoire et les problèmes personnels du sergent-chef Robert Bales, tout en
ignorant scrupuleusement la nature elle-même criminelle de la guerre.
Bales, qui est détenu à la prison militaire
américaine de Fort Leavenworth, au Kansas, est accusé par l’armée d’avoir
quitté son avant-poste du district de Panjawii dans le sud de la province de
Kandahar avant l’aube le 11 mars et d’être entré dans des maisons des
villages voisins, attaquant, poignardant et tuant des Afghans, neuf d’entre
eux des enfants. Dans une maison, il a été rapporté qu’il a empilé les corps
de ses victimes avant de les brûler.
Il est maintenant universellement décrit comme un
soldat « fou ». Le président Barack Obama, la secrétaire d’État Hillary
Clinton et le commandant américain en Afghanistan, le général John Allen,
ont tous fait des déclarations formelles assurant que les actions de Bales
ne reflètent pas les valeurs et l'état d'esprit de l’armée américaine. Selon
cette version officielle, la seule question qui mérite une réponse est :
qu’est-ce qui l’a fait « craquer » ?
Les faits de cette version ont été remis en
question par les villageois afghans, le président fantoche du pays, Hamid
Karzaï, ainsi qu’une commission d’enquête formée par la chambre basse du
parlement afghan. Ceux-ci ont tous dit que le massacre a été perpétré non
pas par un tireur en solo, mais par 15 à 20 soldats. La commission
parlementaire a présenté les résultats de ses recherches pendant la semaine.
Elle a conclu entre autres que deux femmes, victimes du massacre, avaient
été violées.
Même si la version de l’armée américaine de ces
évènements sanglants était véridique et que Bales avait vraiment agi seul,
le fait qu’une majorité écrasante d’Afghans croit que plusieurs soldats
américains étaient impliqués dans le massacre est révélateur. Clairement,
ils ne voient pas cela comme l’action d’un franc-tireur ou d’un « fou »,
mais plutôt comme un épisode routinier dans une guerre et une occupation qui
durent depuis une décennie et qui ont coûté la vie à de dizaines de milliers
de civils afghans.
L’information qui a circulé sur Bales jusqu’à
maintenant laisse croire qu'il a été victime de nombreux stress et crises.
Il a joint l’armée en 2001, quelques semaines après les attaques du
11-Septembre, mais aussi après qu’une crise sur les marchés boursiers ait
mis fin à une brève carrière en tant qu’investisseur financier.
Il a été envoyé en Afghanistan l’année dernière
après qu’il ait fait trois périodes de service et qu’il ait été amené à
croire qu’il ne serait pas renvoyé dans une zone de guerre. On lui a refusé
une promotion et il a dû faire face à des problèmes financiers importants,
ayant été fortement endetté et forcé de vendre sa maison à découvert. En
Irak, il a souffert d'un traumatisme au cerveau et son avocat a indiqué que
le fait qu’il souffre peut-être d’un syndrome de stress post-traumatique
pourrait devenir une question importante lors de son procès.
Tous ces facteurs reflètent les conditions
auxquelles font face des centaines de milliers de membres de l’armée « de
volontaires » américaine après avoir lancé pendant une décennie deux guerres
simultanément au Moyen-Orient et en Asie centrale. Alors que l’establishment
politique et les deux partis principaux demandent régulièrement à la
population de « soutenir nos troupes » comme un moyen d’obtenir
l’acceptation de la guerre impérialiste, la réalité est que ces soldats sont
vus par l’élite dirigeante comme des produits jetables.
Tout comme les problèmes attribués à Bales ne sont
pas uniques, les actions horribles qu’il est accusé d’avoir commises ne sont
pas simplement le produit d’une dépression nerveuse.
Selon les enquêteurs du parlement afghan, les
villageois ont clairement vu un motif pour le massacre : la revanche. Ils
ont déclaré que les soldats américains les avaient avertis qu’ils feraient
face à des représailles pour les explosions de bombes qui ont blessé
plusieurs soldats. Selon les avocats de Bales, le sergent-chef avait vu les
jambes de son ami arrachées par l'explosion d'une bombe le jour avant le
massacre.
Il est peu probable que le commandement de l’armée
américaine n’ait pas anticipé de tels actes de vengeance. Le mois dernier
seulement, au milieu des soulèvements de masse provoqués par l'incinération
de copies du Coran, le général Allen a été montré aux nouvelles américaines
en train de s’adresser à un des soldats américains à une base de l’est de la
province de Nangarhar, où deux soldats avaient été tués le jour précédent.
« Ce n’est pas le moment de se venger, ce n’est pas le moment pour la
vengeance, » a dit le général.
Reconnaissant que les soldats étaient pris de
« colère et d’un désir de répliquer », Allen les a imploré de « se rappeler
leur discipline, leur mission, qui ils sont ».
Ces mots n’ont pas été choisis au hasard. Le
général Allen et le reste du haut commandement de l’armée américaine
reconnaissent que la menace de soldats américains faisant des actes
sanglants de revanche ne provient pas de la maladie mentale de telle ou
telle personne, mais plutôt de la nature même de la guerre : une occupation
de style coloniale qui a monté l’armée américaine contre une résistance
populaire grandissante qui n'a pu être vaincue.
De tels actes de revanche, ainsi que
d’innombrables et souvent plus mortels bombardements, massacres lors d’un
assaut de nuit et autres actions meurtrières, sont une conséquence
inévitable de guerres d’agression impérialistes déclenchées par
l’administration Bush et maintenues sous le président Barack Obama.
Les médias de la grande entreprise, qui ont joué
un rôle si important en faisant la promotion des mensonges utilisés pour
justifier ces guerres, n’ont aucun intérêt à analyser ce que ce dernier
massacre dit sur la guerre elle-même. Comme le gouvernement, son principal
souci est de couvrir de tels crimes ou, lorsque cela devient impossible, de
détourner l’attention de leur signification objective.
Le sergent-chef Bales et tous les autres soldats
américains impliqués dans le massacre à Kandahar doivent répondre de leurs
crimes. Cela dit, les criminels beaucoup plus importants sont ceux dans
l’administration Bush et Obama qui les envoient tuer et mourir dans des
guerres basées sur des mensonges.
Amener ces criminels devant la justice est la
tâche de la classe ouvrière dans le cadre d’une lutte contre la guerre
impérialiste et contre le système de profit capitaliste qui en est la
source.