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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Sri Lanka: les habitants de Colombo défient une tentative du gouvernement de démolir des habitations « non autorisées »

Par nos correspondants
15 mars 2012

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Des habitants qui manifestaient dans la cité de Maligawatta en banlieue de Colombo ont défié le 1er mars la police antiémeute et d'autres agents du gouvernement envoyés pour démolir les annexes ajoutées à leurs petites habitations. Plus d'une centaine de personnes, principalement des femmes et des enfants, avaient organisé des piquets de grève pour entraver la destruction en brandissant des pancartes où on pouvait lire : « Nous avons voté pour ce gouvernement et il nous traite à présent de la sorte » et « Devons-nous vivre dans la rue ? »

Le piquet de grève des résidents

Le ministre du Logement, Wimal Weerawansa, avait ordonné la destruction de toutes les constructions « non autorisées » dans le domaine du logement public de Colombo comme faisant partie intégrante des tentatives du gouvernement Rajapakse de transformer la ville en un centre financier en Asie du Sud.

Le 1er mars à 8 h 30, des fourgons entiers de policiers ont encerclé les appartements de Maligawatta. Les effectifs des équipes spéciales (Special Task Force, STF) et de la police antiémeute munis de canons à eau étaient prêts à intervenir pour réprimer toute opposition. Les habitants ont toutefois confronté la police et le président du Condominium Management Authority (CMA), Kapila Gamage, et empêché ensuite qu'un bulldozer n'entreprenne les démolitions.

Le CMA, qui est relié au ministère du Logement, avait précédemment, vers la mi-février, tenté de démolir les annexes, mais avait été obligé de battre en retraite en raison de l'opposition des habitants. Il fixa ensuite un délai maximum d'une semaine qui plus tard fut prolongé jusqu'au 1er mars. Contraint de reporter les opérations de la semaine passée, le CMA a fait parvenir une lettre à toutes les familles leur ordonnant de démolir toute construction « non autorisée » en les avertissant que si elles n'obtempéraient pas, les autorités effectueraient les démolitions à leurs frais.

Les habitants de Maligawatta, sous couvert d'une autorisation préalable du développement urbain (Urban Development Authority, UDA), avaient ajouté de nouvelles pièces à leurs appartements lorsque leurs familles s'étaient agrandies. Le CMA affirme injustement que les annexes empêchaient les autorités du gouvernement de nettoyer la canalisation. Les habitants ont catégoriquement rejeté cette affirmation en signalant que, depuis 28 ans, ce sont eux qui nettoient la canalisation, pas les autorités gouvernementales.


Le personnel des forces spéciales
prêt à intervenir


Un avocat qui vit dans l'un de ces appartements, Khrishantha Nishantha, a dit le 1er mars lors d'une conférence de presse improvisée, que les efforts du CMA de détruire les annexes étaient illégaux sans une injonction du tribunal ou une autorisation spéciale. Il a montré aux médias une copie d'une lettre de l'UDA autorisant les constructions. Nishantha a dit : « Ces maisons sont nos propriétés privées. Personne ne peut les démolir. Nous possédons les actes de propriété de ces maisons et lorsque les responsables ont évalué nos maisons, les nouvelles constructions étaient incluses. »

Selon les statistiques du gouvernement, 1.700 familles vivent dans 1.512 logements du Maligawatta National Housing Scheme. Les petites habitations, qui furent construites en 1973 et en 1978, disposent tout juste d'une chambre à coucher, d'un petit salon, d'une cuisine et d'un cabinet de toilette. Aucun nouveau projet de logements n'a été construit pour les familles qui se sont agrandies, obligeant ainsi les habitants à construire des pièces supplémentaires.

Des partisans du Parti de l'Egalité socialiste (Socialist Equality Party, SEP), qui font régulièrement campagne parmi les habitants de Maligawatta, ont distribué un tract qui s'oppose aux démolitions et qui explique le programme du gouvernement.

« Le gouvernement Rajapakse planifie des évictions de masse de Colombo comme partie intégrante de ses tentatives de transformer la ville de Colombo en un centre d'affaires en Asie du Sud », déclare le tract. « Dans le but de réprimer toute opposition, Rajapakse a placé l'UDA sous l'autorité du ministère de la Défense qui supervise aussi l'armée. Pour la première fois depuis 38 ans, ces appartements sont en train d'être "réparés" dans le cadre d'un soi-disant projet d'embellissement du gouvernement visant à attirer des investisseurs et des touristes dans la cité. »

En 2008 et en 2010, le gouvernement avait expulsé une centaine de familles de Slave Island et de Dematagoda à Colombo, en recourant à l'armée et à la police pour faire exécuter ses ordres. De nombreux habitants furent obligés de se loger en dehors de la ville dans des cabanes en bois provisoires sans installations sanitaires

Le conseiller municipal de Colombo Mahinda Kahandagama a visité les appartements de Maligawatta, en suppliant les habitants de « juste permettre l'enlèvement de trois pieds [un mètre] derrière les appartements ». Kahandagama fait partie du Front démocratique de gauche (Democratic Left Front, DLF) qui est allié à l'Alliance de la liberté du peuple uni (United People's Freedom Alliance, UPFA) de Rajapakse. Les habitants se sont opposés à sa lamentable tentative d'un supposé compromis et il fut contraint de quitter la région.

Un député du parti d'opposition l'United National Party (UNP), Sujeeva Senasinghe, a dit aux habitants en colère que son parti était opposé à la destruction des annexes et a promis de les aider pour intenter des actions en justice contre le CMA. Il avait promis précédemment d'engager des poursuites contre les évictions des habitants de Slave Island, mais il n'a pas empêché la moindre éviction. Une fois au pouvoir, le parti de Senasinghe n'a pas hésité à expulser des locataires des logements publics.

Durant les récentes élections municipales, le maire UNP de Colombo, M. Muzammil, a affirmé s'opposer aux décisions du gouvernement Rajapakse visant à expulser 75.000 habitants des bidonvilles. Il vient à présent d'exprimer sa volonté de coopérer avec les projets de « développement » et d'« embellissement » du gouvernement.

L'éviction de milliers de pauvres de Colombo ne peut être stoppée par des protestations visant à exercer une pression sur le gouvernement Rajapakse ou les autorités municipales pour les faire changer de cap. Cette attaque fait partie d'un programme plus général du gouvernement et de mesures d'austérité qui lui sont dictées par le Fonds monétaire international (FMI).

Ce qui est requis c'est la mobilisation de tous les travailleurs - urbains et ruraux - comme partie intégrante d'une lutte politique unie contre le gouvernement Rajapakse et en faveur d'un programme qui défend le logement comme un droit social fondamental en allouant des milliards de roupies pour des habitations décentes pour les nécessiteux.

Le SEP en appelle à tous les travailleurs pour s'opposer aux attaques du gouvernement contre les locataires des logements publics en appelant à la formation de comités d'action indépendants pour le droit au logement dans le cadre de la lutte pour la défense des niveaux de vie et des droits fondamentaux de tous les travailleurs. La mise à disposition de logements décents pour tous ne peut être concrétisée dans le cadre du système capitaliste à but lucratif et en crise, mais seulement par l'établissement d'un gouvernement ouvrier et paysan basé sur un programme socialiste.

(Article original paru le 9 mars 2012)

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