Le 20
février une centaine de travailleurs accompagnés de délégués syndicaux ont
investi les locaux de la direction du site d'ArcelorMittal à Florange, pour
exprimer leur opposition à la reconduction du chômage technique et aux menaces
de fermeture que fait planer la direction de l'entreprise sur le site.
La
Tribune
datée du 20 février explique : « Les salariés de l'usine
prévoient une action coup de poing par semaine jusqu'au deuxième tour de la
présidentielle. Ils promettent de faire, de devenir le cauchemar du
gouvernement s'il ne pousse pas ArcelorMittal à rouvrir le site ».
Le
Comité central d'entreprise d'Arcelor Mittal a confirmé fin février le
non-redémarrage des installations du site de Florange au cours du deuxième
trimestre. L'achat par le groupe Mittal de 60.000 tonnes de brames d'acier chez
son concurrent russe Severstal pour faire face à la quasi saturation de son
haut fourneau de Dunkerque fait craindre la fermeture du site de Moselle
(Nord-Est de la France). Le site emploie 5.000 ouvriers, dont 3.000 en CDI.
Le 3
mars, suite à l'annonce de Nicolas Sarkozy de mesures visant à améliorer les
installations, les travailleurs ont occupé les entrées et sorties de la gare de
triage qui alimente l'usine ainsi que les voies ferroviaire entre Metz et le
Luxembourg pendant 2 heures.
Les
syndicats et les partis politiques tentent de transformer la lutte des
travailleurs en un évènement présidentiel dont le but est de soutenir un futur
gouvernement PS. François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle,
s'est rendu sur le site où il a été accueilli dans une « atmosphère
survoltée », selon le Nouvel Observateur. Hollande a indiqué qu'il
souhaite légiférer pour empêcher la fermeture de l'usine.
Dans le cadre de
sa campagne pour sa réélection, Nicolas Sarkozy a affirmé avoir négocié avec le
groupe Mittal afin que celui-ci investisse 17 millions d'euros pour développer de nouvelles installations et produits.
Entretemps,
la classe politique prépare également les conditions d'une répression sévère
des travailleurs. Le 7 mars, le tribunal de Thionville a ordonné une
intervention de la force publique pour déloger les travailleurs présents sur le
site de Florange. Cependant, les forces de l'ordre ne sont pas encore
intervenues, préférant attendre l'issue des négociations entre les syndicats
et la direction.
Dans les
déclarations des dirigeants syndicaux de Florange, aucun appel à un soutien
plus large de la classe ouvrière pour la défense des travailleurs de Mittal
Florange ne sera lancé. Les syndicats ont levé les piquets de grève le 9 mars,
sans rien obtenir mais en promettant de continuer les actions. En faisant cela,
les syndicats semblent avoir décidé de mettre fin à la grève avant qu'elle ne
provoque une explosion de luttes ouvrières.
La
classe ouvrière doit mener la défense des travailleurs à Florange et une lutte
pour démasquer les promesses creuses de Sarkozy et de Hollande indépendamment
des syndicats. Comme pour le conflit pendant la réforme des retraites en 2010,
en cas d'affrontement les syndicats permettront aux forces de l'ordre de
reprendre le contrôle des lieux de travail sans mobiliser une lutte plus large
des travailleurs. Leur but est uniquement de s'assurer que la lutte des
travailleurs de Florange fasse de la publicité en faveur de Hollande.
Les
garanties des candidats bourgeois ne sont que des leurres, pour tromper les
travailleurs d'ArcelorMittal et cacher à l'électorat le caractère anti-ouvrier
des mesures qu'ils comptent prendre, s'ils sont élus. Déjà avancées par le
passé, ces garanties n'ont pas empêché ArcelorMittal de continuer à menacer
l'emploi et les droits sociaux des travailleurs.
En
octobre 2011, l'Etat avait déjà obtenu, en échange de la validation du plan de
chômage partiel présenté par Arcelor, que l'entreprise s'engage sur un
programme de maintenance d'un montant de 4,2 millions d'euros sur l'année
2012-dont 2 millions étaient destinés au second haut-fourneau de Florange.
Selon
Le Monde, la direction aurait confirmé le redémarrage au second semestre
2012, mais l'investissement pour le second haut-fourneau est conditionné à une
reprise de l'activité sidérurgique. Suite à la réunion du 9 mars, la direction
aurait prévu de débloquer les 17 millions d'euros sans condition de reprise.
Selon la
Fédération mondiale de l'acier, la production mondiale pour le début de l'année
est en net recul, avec un repli de 7,8 pour cent au mois
de janvier par rapport au même mois de 2011-notamment à cause d'un fort repli
de la fabrication chinoise. Sur les 25 hauts-fourneaux du groupe Mittal en
Europe, seuls 16 fonctionnent, du fait du ralentissement économique
international.
Tout
comme sa promesse de taxer les hauts revenus à 75 pour cent, la promesse de
Hollande de légiférer contre la fermeture de l'usine n'est qu'une tentative de
plus de jeter de la poudre aux yeuxdes travailleurs. Pour la
bourgeoisie et donc pour Hollande, l'activité industrielle ne sera maintenue
que si elle est rentable vis-à-vis de ses concurrents internationaux. Le PS
compte donc faire subir à la classe ouvrière une réduction drastique des
salaires et de son niveau de vie.
Les
tendances de la « gauche » petite-bourgeoise jouent comme d'ordinaire
un rôle traitre. Le NPA pabliste a réagi sur cette loi proposée par Hollande à
travers son candidat, Philippe Poutou, qui soutient la loi. Poutou a répondu
qu'un tel texte législatif ne nécessiterait que trois articles :
« Un : interdiction de licencier. Deux : interdiction de délocaliser.
Trois : réquisition des usines que l'on voudrait fermer ».
Le NPA
se joint ainsi au mensonge de Hollande, tentant ainsi de pousser la classe
ouvrière vers le PS. Poutou veut faire croire qu'une action menée par la
bureaucratie syndicale peut forcer l'adoption d'une loi pareille par une
majorité de « gauche » à l'Assemblée nationale, alors que Hollande
dit ouvertement qu'il compte mener une politique d'austérité budgétaire. En
fait, la collaboration entre la bureaucratie syndicale et l'Etat a surtout permis
à la bourgeoisie de fermer des centaines de sites industriels depuis la crise
économique de 2008.
Les
travailleurs doivent créer leurs propres comités d'action et appeler à la
mobilisation de la classe ouvrière pour défendre les travailleurs, rompant avec
les syndicats et avec toutes les tendances politiques liées au stalinisme et au
pablisme. Les travailleurs n'obtiendront rien de durable de l'Etat et de
Mittal. Les comités d'action devront donc mener une lutte politique pour
mobiliser les couches les plus larges du prolétariat en France et à travers le
monde sur une perspective socialiste et révolutionnaire contre la bourgeoisie.