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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La crise grecque n'est qu'un début

Par Nick Beams
23 mars 2012

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Les reportages l'ont présenté comme un renflouement de la Grèce. C'est un terme totalement inapproprié. Les 130 milliards d'euros d'aides publiques diverses accordés par les ministres des finances de la zone euro la semaine dernière n'étaient pas un renflouement de la Grèce, mais un renflouement des banques et des institutions financières qui avaient investi dans ses obligations.

L'on estime que pour chaque euro apporté par Bruxelles, seuls 19 centimes iront au gouvernement grec, le reste allant directement dans les coffres des banques et des investisseurs financiers. Les coûts du remboursement sont supportés par les Grecs. Des suppressions d'emplois brutales et la destruction des services sociaux ramènent le pays aux conditions de la Grande dépression. On estime que près d'un tiers de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté.

En annonçant la décision de la semaine dernière, le chef du groupe des ministres des finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a souligné qu'Athènes devait démontrer un « engagement fort » à « la consolidation fiscale, les réformes structurelles et la privatisation. » - des noms de code pour désigner le pillage de la Grèce par la meute du capital financier international.

La poursuite des « réformes », a déclaré Juncker, devrait « permettre à l'économie grecque de revenir sur une voie durable. » C'est un mensonge méprisable. La Grèce en est à sa cinquième année de récession, l'économie s'y est contractée de plus de 7 pour cent l'an dernier. Le glissement vers la dépression va s'accélérer, avec le chômage, pour le moment à 20 pour cent, et qui augmente encore. La Grèce est prise dans un cercle vicieux. L'imposition des mesures d'austérité mène à une contraction de l'économie, ce qui augmente encore plus de fardeau de la dette.

D'une manière qui rappelle les méthodes développées pour la première fois par l'impérialisme britannique au dix-neuvième siècle, la Grèce a été transformée en une semi-colonie du capital financier international. Au moins quatre représentants de la commission européenne, ainsi que des représentants du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne (BCE) – la fameuse « troïka » - seront stationnés en permanence à Athènes pour vérifier les moindres détails de la politique du gouvernement.

Les affirmations répétées, selon lesquelles ce paquet de mesures de renflouement va réduire la dette grecque, sont fausses. Quand la crise a commencé au début de 2010, la dette du pays représentait environ 120 pour cent de son produit intérieur brut (PIB), depuis, elle a augmenté à 170 pour cent. Maintenant, le but affiché est de la ramener à 120 pour cent.

L'affirmation selon laquelle un effondrement financier de plus grande ampleur aurait été empêché est également un mensonge. En décembre dernier, les marchés financiers étaient à quelques jours d'être gelés. La BCE, craignant un effondrement de l'ampleur de celui qui avait suivi la chute de Lehman Brothers en septembre 2008, est intervenue pour rendre disponibles près de 500 milliards d'euros à un taux d'intérêt de 1 pour cent dans le cadre de son programme LTRO d'opérations de refinancement à long terme. Un cadeau supplémentaire a été fait le mois dernier, portant le total à 1000 milliards de dollars accordés aux banques.

Sans surprise, étant donné les opportunités de bénéfices faciles que cela constituait, l'effet immédiat de ce programme a été de donner un coup de fouet aux marchés financiers. Les banques ont utilisé les fonds reçus au taux de 1 pour cent pour investir dans des obligations et autres avoirs financiers dont les taux sont plusieurs fois supérieurs, leur permettant de garantir à leurs PDG et leurs traders des bonus bien épais en récompense de leur « perspicacité financière. »

Si cela a écarté la menace immédiate d'un effondrement, le LTRO a fait plonger la BCE plus profondément dans la crise de la dette, créant une nouvelle source d'instabilité. Si, ou plutôt quand, les banques seront bloquées par une nouvelle vague de panique et commenceront à revendre leurs obligations, la BCE sera contrainte d'intervenir à nouveau.

Le professeur Paul de Grauwe, de la London school of Economics, notait dans une chronique pour le Financial Times : « le programme LTRO a relâché la pression sur les marchés de la dette souveraine dans la zone euro. Mais ce n'est que temporaire. Les pays périphériques sont maintenant poussés dans une récession profonde qui va exacerber leurs problèmes fiscaux et créera un regain de méfiance sur les marchés financiers. » En conséquence, a-t-il prévenu, « la crise de la dette souveraine va exploser à nouveau. »

Écrivant dans le Financial Times d'aujourd'hui, le chroniqueur européen Wolfgang Münchau a prévenu que la crise de la zone euro était loin d'être terminée. « Si vous croyez que les mesures de la banque centrale européenne ont "gagné du temps", vous devriez vous demander : du temps pour quoi ? La situation de la dette grecque est tout aussi instable qu'avant ; comme celle du Portugal ; ou celle du secteur bancaire européen et comme celle de l'Espagne. Même si la BCE fournissait des financements à bas prix et à volonté pour le reste de la décennie, cela ne suffirait pas. »

Il y a d'autres points d'inquiétude potentielle, mis à part ces pays dits périphériques. La Belgique a une lourde charge de la dette, qui s'approche des 100 pour cent du PIB, ainsi qu'un important secteur bancaire. La France a un déficit persistant de sa balance des paiements et a un important secteur bancaire considérablement exposé aux économies de ces pays périphériques.

Hors d'Europe, la stagnation de l'économie japonaise et son déficit fiscal persistant de plus de 10 pour cent du PIB génèrent des inquiétudes sur le fait qu'à un certain point, il pourrait être contraint d'emprunter sur les marchés internationaux.

En pleine campagne pour sa réélection, le président Nicolas Sarkozy a déclaré que la crise financière européenne était terminée. En fait, on n'en est qu'au début. L'interaction entre les troubles financiers et le déclin de la production de richesses qui a caractérisé la crise grecque menace de devenir un phénomène mondial, avec le déclin ou la stagnation des taux de croissance dans les grands pays capitalistes. L'Europe continentale, la Grande-Bretagne et le Japon sont en récession ou tout près de l'être, l'économie américaine stagne, pendant que la Chine a fortement réduit ses prévisions de croissance.

En même temps, les taux d'endettement dans pratiquement toutes les grandes économies augmentent depuis 2008-2009. Bientôt, le capital financier international exigera des augmentations significatives des taux d'intérêts sur les dettes nationales, non seulement en Europe, mais partout. L'attaque contre les travailleurs grecs et la jeunesse grecque n'est que l'expression la plus aiguë d'une offensive internationale contre la classe ouvrière.

Dans tous les reportages des médias, les opérations du système financier mondial et la crise de la dette sont dissimulées derrière un langage trompeur et ésotérique. Mais le contenu de classe essentiel est clair : la dette souveraine et l'abandon des dépenses sociales qui s'ensuivra est l'un des mécanismes centraux d'une contre-révolution sociale mondiale.

Cette guerre de classe mondiale ne peut être contrée et remportée que par une réponse internationale de la classe ouvrière : une lutte unifiée pour faire tomber les seigneurs de la finance internationale et tout le système d'exploitation afin d'entamer la réorganisation de l'économie mondiale en s'appuyant sur un programme socialiste pour répondre aux besoins de l'humanité. C'est la perspective du Comité international de la Quatrième internationale.

(Article original paru le 19 mars 2012)

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