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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Le Parti québécois tente de redorer son image à l'approche des élections

Par Louis Girard
12 mars 2012

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Depuis plusieurs semaines, le Parti québécois (PQ), un parti bourgeois de droite en crise qui est discrédité aux yeux de larges couches de la population, tente de se présenter comme un parti « social-démocrate », plus proche des travailleurs et des gens ordinaires.

Les quelques timides mesures que le PQ a annoncées ne sont rien de plus que des manouvres visant à redorer son image à l'approche des élections.

Le PQ a, entre autres, annoncé qu'il abolirait la hausse massive des frais de scolarité ainsi que la taxe santé annuelle de 200 $ par adulte, des mesures implantées par le gouvernement libéral du premier ministre Jean Charest. Le PQ a aussi promis qu'un futur gouvernement péquiste ferait des « réformes démocratiques » en permettant des référendums d'initiative populaire et en limitant les dons aux partis politiques à 100 dollars par personne par année. Le PQ a aussi promis d'augmenter les impôts sur les riches, en implantant d'autres niveaux d'imposition.

De plus, la chef du PQ, Pauline Marois, a tenté de présenter son parti comme un rempart contre le gouvernement fédéral conservateur du premier ministre Stephen Harper. « Eux, c'est les prisons, pas l'éducationf; les escadrilles, pas les familles », a-t-elle déclaré.

Ces annonces du PQ ont pris place alors que le parti traverse une profonde crise, après qu'il se soit affairé pendant des décennies à implanter des mesures de droite lorsqu'il était au pouvoir. Lors de l'élection fédérale de mai 2011, le Bloc québécois, parti frère du PQ au palier fédéral, a subi une sévère raclée, ne conservant qu'une poignée de députés alors qu'il était le parti détenant la majorité des sièges au Québec. Le chef de longue date du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a démissionné le soir, ainsi que des députés péquistes. Le leadership de Pauline Marois a été fortement critiqué et certains commentateurs se demandaient même si le PQ allait survivre à cette crise.

C'est dans ce contexte que Marois, calculant qu'il y aura des élections dans les mois à venir, tente de sauver les meubles et, en même temps, de s'assurer du soutien de la bureaucratie syndicale, qui a historiquement servi de pilier au Parti québécois.

Or, le soudain « virage à gauche » du PQ suit un long virage à droite. Les dénonciations par le PQ des mesures du Parti libéral sont tout à fait hypocrites. Jusqu'à il y a quelques mois, le PQ critiquait le gouvernement Charest pour ne pas aller assez loin dans ses coupes sociales pour diminuer les impôts pour les plus riches.

Même si un gouvernement péquiste implantait les mesures annoncées, elles n'auraient qu'un très faible impact sur le niveau de vie de la jeunesse et de la classe ouvrière, qui ont vu leurs conditions de vie au cours des trente dernières années stagnées et même régressées. De plus, provenant d'un parti avec un passé aussi droitiste que le Parti québécois, ces mesures serviraient de façade pour poursuivre un programme autant réactionnaire que celui que poursuit le gouvernement libéral actuellement.

Néanmoins, les mesures prétendument de « gauche » qu'a annoncées le PQ ont soulevé l'ire de la bourgeoisie québécoise, qui est hostile et inquiète devant toutes concessions à la classe ouvrière.

Dans un article intitulé « PQ : à gauche toutes », Alain Dubuc, chroniqueur du quotidien La presse, dénonce le PQ pour avoir osé proposer ces réformes. Il écrit qu'« on ne pouvait pas imaginer que Pauline Marois s'éloignerait autant du centre qu'elle ne l'a fait. » Il ajoute que « Mme Marois a placé son parti plus à gauche qu'il ne l'a jamais été dans son histoire. » S'inquiétant que les mesures du PQ seraient suffisantes « pour faire fuir des riches, qui sont, rappelons-le, trois fois moins nombreux qu'en Ontario », il termine en disant que Marois « manque de sens de la mesure ».

Quant à André Pratte, l'éditorialiste en chef du même quotidien, il dénonce les référendums d'initiatives populaires dans un de ses éditoriaux parce qu'ils pourraient « paralyser l'État ». Il veut rappeler aux représentants de la bourgeoisie qu'un référendum d'initiative populaire pourrait bien devenir une arme dans les mains des travailleurs lorsqu'on voudra leur imposer le prochain train de mesures impopulaires.

Des journalistes aussi chevronnés que Dubuc ou Pratte savent très bien le rôle clé que le PQ a joué depuis sa fondation pour étouffer les luttes des travailleurs et mettre de l'avant le programme de la bourgeoisie québécoise, tout en se présentant comme un parti ayant un « préjugé favorable aux travailleurs ».

C'est le PQ de René Lévesque qui avait rouvert les conventions collectives de tous les employés du secteur public pour leur imposer des baisses de salaires. C'est aussi le PQ de Jacques Parizeau et de Lucien Bouchard qui avait fermé plusieurs hôpitaux et qui, au nom de la lutte au déficit et à la demande des syndicats, avait mis des milliers d'infirmières à la retraite tout en faisant des coupes sans précédent dans l'éducation et dans la santé. Une fois que le déficit avait été éliminé, le PQ avait ensuite implanté des baisses d'impôts pour les riches.

Si le PQ était élu aux prochaines élections, il se servirait de son image de parti « social-démocrate », qu'il tente de reprendre en ce moment et qui a si bien servi les intérêts de la bourgeoisie québécoise historiquement, pour intensifier le programme réactionnaire des libéraux. C'est pour cela que Pratte, même s'il critique les annonces du PQ comme étant trop à gauche, montre son soulagement face à une apparente restabilisation du Parti québécois.

Dans un éditorial intitulé : « La victoire de Mme Marois », Pratte écrit que la « politique est imprévisible, mais, chose certaine, au cours des derniers jours, Mme Marois a gagné le respect de beaucoup de Québécois. C'est peut-être un premier pas vers une remontée du PQ dans les sondages. »

Ce qui inquiète vraiment les fidèles représentants de la bourgeoisie que sont Pratte et Dubuc n'est pas le prétendu retour à « gauche » du PQ, mais le contexte de radicalisation de la classe ouvrière dans lequel les promesses du PQ prennent place. En effet, l'année 2011 a vu des soulèvements de millions de personnes au Moyen-Orient, en Europe, aux États-Unis et ailleurs. Cela reflète la colère grandissante des travailleurs devant les inégalités sociales croissantes et la domination de la société par les banques et une poignée de riches. Dans un tel contexte, toutes concessions aux travailleurs pourraient leur donner confiance et constitueraient un recul inacceptable pour la bourgeoisie québécoise.

Quant à Québec solidaire (QS), un parti qui se présente comme étant à gauche, il a une fois de plus montré qu'il est prêt à étouffer toute tentative de la classe ouvrière de lutter contre tous les partis de l'establishment politique et le système de profit qu'ils défendent.

Alors que l'appui pour le PQ et le Bloc québécois dans la population est au plus faible niveau de son histoire, QS s'affaire à redonner de la crédibilité au Parti québécois. Dans les derniers mois, QS est entré en discussion avec le PQ au sujet de possibles alliances électorales et a développé ses liens avec des péquistes dissidents et différents groupes souverainistes proches du PQ.

Sur son site web, QS a déclaré ceci : « Françoise David et Amir Khadir, porte-parole de Québec solidaire, se réjouissent que le Parti québécois se range enfin derrière la proposition solidaire de recourir à l'impôt des plus riches pour mieux financer nos services publics. »

Amir Khadir, l'unique député de Québec solidaire, a déclaré que « l'intention nouvelle du PQ d'imposer davantage les nantis va dans la bonne direction. »

Au moment même où tous les gouvernements partout dans le monde vont de l'avant avec des mesures d'austérité sans précédent, Québec solidaire préfère faire croire à ses lecteurs que le PQ, avec ses quelques promesses, « va dans la bonne direction ». Si les travailleurs du Québec et internationalement veulent aller de l'avant dans leur lutte contre tout l'establishment politique, ils doivent rompre définitivement d'avec le Parti québécois et des partis comme Québec solidaire qui le soutienne.

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