Depuis plusieurs semaines, le Parti québécois
(PQ), un parti bourgeois de droite en crise qui est discrédité aux yeux de
larges couches de la population, tente de se présenter comme un parti
« social-démocrate », plus proche des travailleurs et des gens
ordinaires.
Les quelques timides mesures que le PQ a
annoncées ne sont rien de plus que des manouvres visant à redorer son image à
l'approche des élections.
Le PQ a, entre autres, annoncé qu'il abolirait
la hausse massive des frais de scolarité ainsi que la taxe santé annuelle de 200 $
par adulte, des mesures implantées par le gouvernement libéral du premier
ministre Jean Charest. Le PQ a aussi promis qu'un futur gouvernement péquiste
ferait des « réformes démocratiques » en permettant des référendums
d'initiative populaire et en limitant les dons aux partis politiques à 100
dollars par personne par année. Le PQ a aussi promis d'augmenter les impôts sur
les riches, en implantant d'autres niveaux d'imposition.
De plus, la chef du PQ, Pauline Marois, a
tenté de présenter son parti comme un rempart contre le gouvernement fédéral
conservateur du premier ministre Stephen Harper. « Eux, c'est les prisons,
pas l'éducationf; les escadrilles, pas les familles », a-t-elle déclaré.
Ces annonces du PQ ont pris place alors que le
parti traverse une profonde crise, après qu'il se soit affairé pendant des
décennies à implanter des mesures de droite lorsqu'il était au pouvoir. Lors de
l'élection fédérale de mai 2011, le Bloc québécois, parti frère du PQ au palier
fédéral, a subi une sévère raclée, ne conservant qu'une poignée de députés alors
qu'il était le parti détenant la majorité des sièges au Québec. Le chef de
longue date du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a démissionné le soir, ainsi que
des députés péquistes. Le leadership de Pauline Marois a été fortement critiqué
et certains commentateurs se demandaient même si le PQ allait survivre à cette
crise.
C'est dans ce contexte que Marois, calculant
qu'il y aura des élections dans les mois à venir, tente de sauver les meubles
et, en même temps, de s'assurer du soutien de la bureaucratie syndicale, qui a
historiquement servi de pilier au Parti québécois.
Or, le soudain « virage à gauche »
du PQ suit un long virage à droite. Les dénonciations par le PQ des mesures du
Parti libéral sont tout à fait hypocrites. Jusqu'à il y a quelques mois, le PQ critiquait
le gouvernement Charest pour ne pas aller assez loin dans ses coupes sociales
pour diminuer les impôts pour les plus riches.
Même si un gouvernement péquiste implantait les
mesures annoncées, elles n'auraient qu'un très faible impact sur le niveau de
vie de la jeunesse et de la classe ouvrière, qui ont vu leurs conditions de vie
au cours des trente dernières années stagnées et même régressées. De plus,
provenant d'un parti avec un passé aussi droitiste que le Parti québécois, ces
mesures serviraient de façade pour poursuivre un programme autant réactionnaire
que celui que poursuit le gouvernement libéral actuellement.
Néanmoins, les mesures prétendument de « gauche »
qu'a annoncées le PQ ont soulevé l'ire de la bourgeoisie québécoise, qui est
hostile et inquiète devant toutes concessions à la classe ouvrière.
Dans un article intitulé « PQ : à gauche
toutes », Alain Dubuc, chroniqueur du quotidien La presse, dénonce
le PQ pour avoir osé proposer ces réformes. Il écrit qu'« on ne pouvait pas
imaginer que Pauline Marois s'éloignerait autant du centre qu'elle ne l'a
fait. » Il ajoute que « Mme Marois a placé son parti plus à
gauche qu'il ne l'a jamais été dans son histoire. » S'inquiétant que les
mesures du PQ seraient suffisantes « pour faire fuir des riches, qui sont,
rappelons-le, trois fois moins nombreux qu'en Ontario », il termine en
disant que Marois « manque de sens de la mesure ».
Quant à André Pratte, l'éditorialiste en chef du même
quotidien, il dénonce les référendums d'initiatives populaires dans un de ses éditoriaux
parce qu'ils pourraient « paralyser l'État ». Il veut rappeler aux
représentants de la bourgeoisie qu'un référendum d'initiative populaire
pourrait bien devenir une arme dans les mains des travailleurs lorsqu'on voudra
leur imposer le prochain train de mesures impopulaires.
Des journalistes aussi chevronnés que Dubuc ou Pratte savent
très bien le rôle clé que le PQ a joué depuis sa fondation pour étouffer les
luttes des travailleurs et mettre de l'avant le programme de la bourgeoisie
québécoise, tout en se présentant comme un parti ayant un « préjugé
favorable aux travailleurs ».
C'est le PQ de René Lévesque qui avait rouvert les conventions
collectives de tous les employés du secteur public pour leur imposer des
baisses de salaires. C'est aussi le PQ de Jacques Parizeau et de Lucien
Bouchard qui avait fermé plusieurs hôpitaux et qui, au nom de la lutte au
déficit et à la demande des syndicats, avait mis des milliers d'infirmières à
la retraite tout en faisant des coupes sans précédent dans l'éducation et dans
la santé. Une fois que le déficit avait été éliminé, le PQ avait ensuite
implanté des baisses d'impôts pour les riches.
Si le PQ était élu aux prochaines élections, il se servirait
de son image de parti « social-démocrate », qu'il tente de reprendre en
ce moment et qui a si bien servi les intérêts de la bourgeoisie québécoise
historiquement, pour intensifier le programme réactionnaire des libéraux. C'est
pour cela que Pratte, même s'il critique les annonces du PQ comme étant trop à
gauche, montre son soulagement face à une apparente restabilisation du Parti
québécois.
Dans un éditorial intitulé : « La victoire de Mme Marois »,
Pratte écrit que la « politique est imprévisible, mais, chose certaine, au
cours des derniers jours, Mme Marois a gagné le respect de beaucoup de
Québécois. C'est peut-être un premier pas vers une remontée du PQ dans les
sondages. »
Ce qui inquiète vraiment les fidèles représentants de la
bourgeoisie que sont Pratte et Dubuc n'est pas le prétendu retour à
« gauche » du PQ, mais le contexte de radicalisation de la classe
ouvrière dans lequel les promesses du PQ prennent place. En effet, l'année 2011 a vu des soulèvements de millions de personnes au Moyen-Orient, en Europe, aux États-Unis et
ailleurs. Cela reflète la colère grandissante des travailleurs devant les
inégalités sociales croissantes et la domination de la société par les banques
et une poignée de riches. Dans un tel contexte, toutes concessions aux
travailleurs pourraient leur donner confiance et constitueraient un recul
inacceptable pour la bourgeoisie québécoise.
Quant à Québec solidaire (QS), un parti qui se présente comme
étant à gauche, il a une fois de plus montré qu'il est prêt à étouffer toute
tentative de la classe ouvrière de lutter contre tous les partis de
l'establishment politique et le système de profit qu'ils défendent.
Alors que l'appui pour le PQ et le Bloc québécois dans la
population est au plus faible niveau de son histoire, QS s'affaire à redonner
de la crédibilité au Parti québécois. Dans les derniers mois, QS est entré en discussion
avec le PQ au sujet de possibles alliances électorales et a développé ses liens
avec des péquistes dissidents et différents groupes souverainistes proches du
PQ.
Sur son site web, QS a déclaré ceci : « Françoise
David et Amir Khadir, porte-parole de Québec solidaire, se réjouissent que le
Parti québécois se range enfin derrière la proposition solidaire de recourir à
l'impôt des plus riches pour mieux financer nos services publics. »
Amir Khadir, l'unique député de Québec solidaire, a déclaré
que « l'intention nouvelle du PQ d'imposer davantage les nantis va dans la
bonne direction. »
Au moment même où tous les gouvernements partout dans le monde
vont de l'avant avec des mesures d'austérité sans précédent, Québec solidaire
préfère faire croire à ses lecteurs que le PQ, avec ses quelques promesses,
« va dans la bonne direction ». Si les travailleurs du Québec et
internationalement veulent aller de l'avant dans leur lutte contre tout
l'establishment politique, ils doivent rompre définitivement d'avec le Parti
québécois et des partis comme Québec solidaire qui le soutienne.