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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Des ONG et des syndicats sociaux-démocrates français promeuvent un Pacte social droitier

Par Kumaran Ira
15 mars 2012

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Des ONG et des syndicats français se sont rencontrés ce week-end pour discuter d'un nouveau « Pacte social. » Il a été signé par des syndicats sociaux-démocrates, la Confédération française démocratique du travail (CFDT), proche du Parti socialiste (PS), et l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) ainsi que par plusieurs groupes d'étudiants et d'organisations non gouvernementales (ONG).

Le manifeste qu'ils ont publié vise à nourrir des illusions dans l'establishment politique, dans un contexte de mécontentement populaire grandissant avant les élections présidentielles françaises du mois prochain. Le manifeste cherche à suggérer que sous le capitalisme les travailleurs sont encore en mesure d'obtenir des réformes sociales - alors même que les gouvernements appliquent partout en Europe une politique de rigueur pour détruire les acquis sociaux gagnés dans le passé par la classe ouvrière.

Le document débute en reconnaissant brièvement que cette politique mine le niveau de vie et les droits démocratiques des travailleurs. On peut y lire, « Notre modèle de développement traverse une crise durable qui engendre la montée des inégalités et de l'exclusion sociale. Il y a là un facteur d'affaiblissement de la démocratie. et un terrain favorable à tous les populismes. » Mais les bureaucrates syndicaux et des OGN demandent à leurs lecteurs de reprendre courage étant donné que « les élections présidentielles et législatives sont un temps fort de la démocratie. »

En fait, la classe ouvrière est totalement aliénée dans l'actuelle élection qui a lieu au milieu d'une profonde crise capitaliste, comprenant la crise de l'endettement de la zone euro. Les deux principaux candidats, le président conservateur sortant Nicolas Sarkozy et son principal rival, le candidat du PS, François Hollande, font campagne sur la base de coupes budgétaires, d'attaques contre les droits sociaux et démocratiques et de participation aux guerres impérialistes de l'OTAN. Quiconque remporte cette élection poursuivra cette politique et de manière même encore plus agressive contre la classe ouvrière.

Les bureaucrates petits-bourgeois qui mettent en avant le manifeste sont eux-mêmes des agents clé de la réaction sociale en ce qu'ils répriment les luttes des travailleurs contre la réaction sociale sur le front intérieur.

En 2010, les syndicats, dont la CFDT et l'UNSA, avaient collaboré avec Sarkozy pour imposer une réduction des droits à la retraite relevant l'âge légal de départ à la retraite de 60 62 ans et imposant de lourdes pénalités aux travailleurs qui ne disposent pas de 42 ans de cotisation. L'opposition populaire aux coupes sociales, dont une grève nationale dans le secteur pétrolier, fut isolée et étouffée par les syndicats. Ces derniers ne se sont pas non plus opposés aux mesures telles l'interdiction de la burqa, la déportation en masse des Roms et d'autres attaques contre les droits démocratiques.

Le manifeste montre clairement que les bureaucrates petits bourgeois qui dirigent les syndicats et les ONG planifient davantage d'attaques de ce genre à l'encontre des travailleurs après les élections : « Les transformations profondes qui doivent être menées seront possible si toute la société est en mouvement, si tous les citoyens se sentent impliqués. Les défis immenses que nous avons à relever supposent un vrai renouveau démocratique. Toutes les forces de la société civile doivent s'y investir. »

Il est significatif de noter que le document ne précise pas quelles « transformations profondes » sont planifiées. Il n'énumère qu'une longue liste de vagues mesures dont aucune n'est nouvelle et que peut saluer n'importe quel politicien bourgeois qui n'aura pas à les payer - y compris l'accès à l'éducation, la question de l'environnement, de la santé et du logement.

Néanmoins, il souscrit explicitement à la réduction du budget tel que la propose Hollande et telle qu'elle est appliquée en Europe par tous les gouvernements sociaux-démocrates depuis l'éclatement de la crise financière mondiale en 2008. Il préconise la « compétitivité économique » tout en soutenant une « réduction des déficits publics [qui] préserve la cohésion sociale et que les services publics en demeurent les garants. »

Le document ne dit mot de l'impact dévastateur d'une telle coupe budgétaire et que l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) ont appliquée en Grèce, au Portugal, en Espagne et ailleurs, au mépris absolu de l'opinion publique. Malgré une opposition populaire grandissante en Grèce, l'UE et le parti social-démocrate grec PASOK ont imposé des réductions drastiques négociées avec les syndicats - dont la réduction de 20 à 40 pour cent des salaires, la réduction des droits à la retraite et des primes, la privatisation des biens publics et une réduction considérable des emplois du secteur public. Cette politique a appauvri la classe ouvrière grecque.

L'UE - que le manifeste vise à « réformer » - ne peut pas être réformée parce ce qu'elle est un instrument réactionnaire au service de l'oligarchie financière. Pour la classe ouvrière européenne, l'unique politique viable consiste à mener des luttes politiques de masse pour garantir ses droits sociaux dans une lutte pour le renversement de l'oligarchie capitaliste et de l'Union européenne. Ceci requiert l'unité de la classe ouvrière européenne sur la base d'une perspective socialiste révolutionnaire visant à mettre en place les Etats socialistes unis d'Europe.

Les syndicats et les ONG qui promeuvent le « Pacte social » visent au contraire à désorienter la classe ouvrière en dissimulant, derrière des promesses creuses de « cohésion sociale », des projets de négocier avec l'Etat la poursuite des coupes sociales.

Le document conclut en disant, « Nous voulons que la méthode d'élaboration des choix économiques et sociaux, des régulations et des règles qui en découlent soit le fruit d'une large concertation et permette de dégager les consensus nécessaires. »

C'est-à-dire, les bureaucraties petites bourgeoises veulent des coupes budgétaires afin de  stimuler la compétitivité mondiale du capitalisme français et qui a été négociée lors de pourparlers avec l'Etat et les associations du patronat. Elles soutiennent ces coupes et  craignent l'émergence des luttes de classe des travailleurs qui démoliraient le « consensus » bidon que les bureaucraties tentent de promouvoir autour des attaques contre la classe ouvrière.

L'objectif que ce « Pacte social » se fixe - à savoir forger un consensus entre le capital et la bureaucratie syndicale tout en planifiant des attaques contre les droits sociaux et démocratiques des travailleurs pour essayer d'étouffer la lutte de classe - est profondément réactionnaire. Dans sa conception de base, il est bien plus proche de la Charte du travail promulguée en 1941 par le régime collaborationniste de Vichy que des réformes sociales octroyées durant la reprise économique de la période après la Deuxième guerre mondiale.

Conçue par René Belin, bureaucrate syndical qui était devenu ministre du Travail sous Vichy, la Charte du travail visait à établir la paix sociale entre le capital et les travailleurs en détaillant diverses prestations sociales et en mettant en place une bureaucratie complexe au service de la collaboration entre les organisations des travailleurs et le patronat. La charte avait interdit les grèves. Son titre renfermait une citation cynique du maréchal Philippe Pétain dénonçant l'« injustice de la condition prolétarienne » alors que la bureaucratie qu'elle organisait supervisait sous Vichy la destruction systématique des conditions de vie des travailleurs.

De nos jours, les tentatives entreprises pour faire passer en force les coupes sociales anti-ouvrières au moyen d'un faux « Pacte social » ne font que jeter les bases de luttes explosives entre le prolétariat et les bureaucraties petites bourgeoises.

(Article original paru le 12 mars 2012)

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