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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les chefs des syndicats européens rencontrent Merkel

Par Chris Marsden
29 mars 2012

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La chancelière allemande Angela Merkel a rencontré jeudi les dirigeants des syndicats européens pour discuter de la crise de la dette de la zone euro.

Il n’existe pas de comptes rendus de ce qui s’est dit, mis à part des déclarations faites à la presse par les dirigeants syndicaux soulignant le besoin d’une « Europe sociale » et d’un « fonds de sauvetage social » afin de protéger les économies qui risquent de sombrer.

Mais, la déclaration publique de Merkel selon laquelle la crise est « l'opportunité de choisir la bonne voie pour l’avenir » et « de renforcer la croissance et l’emploi de façon permanente en Europe, » montre ce qui a été discuté en coulisses. Merkel aura instruit les chefs syndicaux qu’il n’y aura pas d'abandon des coupes drastiques et de la rigueur et que, face à l’opposition grandissante, ils doivent faire passer des réformes conçues pour faciliter le licenciement des travailleurs et la baisse des salaires.

Les dirigeants syndicaux ont fait preuve d'une reconnaissance pathétique d’avoir pu souffler un mot à l’oreille de Merkel.

« Il est important que ces pourparlers aient pu avoir lieu, » a dit Michael Sommer, patron de la Confédération allemande des syndicats (DGB). « A mon avis, c’était un élément nécessaire à l’établissement de la confiance et beaucoup plus doit suivre. »

Sommer a aussi été rejoint par des responsables syndicaux français et belges et par ses homologues venus d’Espagne, de Grèce, d’Italie, de la République tchèque et d’Irlande.

Ces pays se voient imposer des coupes drastiques et pourtant tout ce qu’Antonio Ferrer de la confédération pour l’action syndicale espagnole UGT a pu rassembler comme rhétorique d'opposition est cette déclaration : « Bien sûr, nous sommes reconnaissants d’avoir été reçus mais dans le même temps nous exprimons nos différences à l’égard de la politique qui est appliquée par l’Union européenne et à l’égard de la direction de la chancelière. »

Ioannis Panagopoulos, président de la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE) a parlé des « effets désastreux » des incessantes augmentations d’impôt, des réductions de salaires et des pertes d’emploi mais ceci ne l’a pas empêché de programmer une rencontre avec Merkel un peu plus tard au printemps.

Il est clair que dans cette réunion il n'y n’aura pas eu le moindre dialogue, et que Merkel aura imposé sa loi. La veille, elle avait déclaré que la crise de la zone euro n’était « pas terminée » mais que celle-ci se trouvait dans l’une « de ses différentes phases. » La question cruciale était, « Quelles sont les conditions et quel espoir ont les investisseurs d’Europe, d’Amérique et du Japon, qui placent leur argent dans ces pays [zone euro], de revoir leur argent ? »

La réponse est: de nouvelles attaques brutales contre les travailleurs. Comme Merkel avait déjà insisté en janvier, « L’Europe ne peut réussir à faire face à la concurrence internationale des économies émergentes tels la Chine et le Brésil qu’en étant aussi compétitive que l’Allemagne. »

L’ampleur des coupes requises pour pouvoir concurrencer la Chine est colossale.

L’accord fiscal signé par 25 chefs de gouvernement oblige tous les 17 pays de la zone euro à ramener, un an après la ratification de l’accord, leur déficit à un niveau se situant entre 0,5 et 1 pour cent du PIB faute de quoi ils auront à faire face à de très fortes amendes et se verront refuser l’accès aux liquidités de la Banque centrale européenne (BCE). Actuellement, l’Espagne lutte pour arriver à un objectif de déficit de 5,3 pour cent et l’Irlande de 8,6 pour cent.

De plus, les exigences actuelles de coupes sociales partent du principe que les économies européennes et mondiales ne seront pas touchées par une nouvelle récession catastrophique comme celle qui a eu lieu après 2008 alors que tout tend à démontrer qu’il s’agit d’une menace latente et grandissante.

Des milliards ont d’ores et déjà été supprimés des dépenses publiques, faisant grimper le chômage et la pauvreté et accélérant ce faisant la plongée des économies européennes dans une situation de spirale vers le bas, voire dans la récession. Jusque-là, l’Irlande, la Grèce, la Belgique, le Portugal, l’Italie, les Pays-Bas et la Slovénie sont officiellement entrés en récession et la croissance de la Grande-Bretagne, de la France et même de l’Allemagne est restreinte.

La Grèce est en train de servir de terrain d’essai pour les mesures qui sont appliquées partout en Europe. Les 130 milliards d’euros qui ont dernièrement été prêtés sont en fait mis de côté pour être payés aux banques et à d’autres investisseurs, avec l’Allemagne, la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne faisant partie des principaux bénéficiaires.

Pour les travailleurs, par contre, tout ce qui leur est proposé c’est une intensification sans fin de leur souffrance.

L’Allemagne a maintenant proposé la mise en place de « zones de libre échange » dans le Nord de la Grèce où le salaire minimum est passé de 500 euros à 300 euros et où le taux d’imposition sur les sociétés a été fixé à 2 pour cent au lieu de 20 pour cent.

La Grèce est engagée sur la voie de mesures d’austérité toujours plus sévères au cours d’une cinquième année de récession qui implique une réduction du salaire minimum, des prestations de retraite et du financement du service de santé. Le taux de chômage officiel a déjà atteint 23 pour cent et dépasse les 50 pour cent pour les jeunes travailleurs. Et pourtant on vient de demander à Athènes de licencier 15.000 fonctionnaires par an durant la prochaine décennie.

En Irlande, la suppression des emplois et la réduction des salaires dans le secteur public représentent, pour ce petit pays, la base du remboursement d’ici 2023 de 3,1 milliards d’euros, soit 2 pour cent du PIB, avec le versement des intérêts qui font sans arrêt grimper ce montant.

En Hongrie, qui est devenu ce mois-ci le premier pays à se voir refuser un prêt par l’UE, le FMI et la BCE, les ménages ont déjà dépensé trois pour cent du PIB en versement en intérêts d’emprunts.

En Espagne, les niveaux de chômage sont presque identiques à ceux de la Grèce, tandis qu’en Italie plus de 30 pour cent des 18 à 24 ans sont sans emploi alors que seulement 57 pour cent des Italiens ont un emploi. Le gouvernement espagnol est en train de fermer tout simplement 24 entreprises publiques dans des conditions où la crise a déjà poussé 200.000 sociétés à la faillite.

En Grèce, en Espagne, en Italie et au Portugal, on est en train d'imposer des modules identiques de législation du travail et qui signifieront davantage de réduction des emplois et des salaires.

Si les entreprises d'Europe et leur gouvernement européen parviennent à le faire sans souci, alors la responsabilité en incombe à la bureaucratie syndicale. Les permanents syndicaux bien nantis qui ont rencontré Merkel cette semaine font tout pour garantir que le programme d’austérité des élites dirigeantes soit adopté.

Là où les syndicats ne sont pas en mesure d’empêcher une grève, ils organisent des protestations de 24 heures inefficaces – et dont il y a déjà eu de nombreux exemples – qui ne servent qu’à démoraliser les travailleurs impliqués et à les convaincre qu’on ne peut rien faire.

Et même ceci est encore de trop pour ces organisations pourries, telles la CISL (Confederazione italiana sindacati lavoratori – Confédération italienne des syndicats de travailleurs) en Italie, qui appuie pleinement le gouvernement non élu de Mario Monti ou l’UGT proche du Parti socialiste (l’União Geral de Travalhadores – Union générale des travailleurs) au Portugal qui a refusé de participer à la grève générale de jeudi contre la nouvelle législation du travail. Les syndicats allemands agissent comme des partenaires de fait de la coalition de Merkel. Et, en Grande-Bretagne, le TUC (Trades Union Congress – Congrès des syndicats) n’a mené qu’une seule grève de protestation au cours de ces deux dernières années et a trahi et sabordé toutes les tentatives d’en lancer une autre.

Les travailleurs européens risquent d’être entraînés toujours davantage dans un cauchemar social. Le chômage et la situation des SDF (sans domicile fixe) ont atteint des proportions endémiques, et les services sociaux sont éviscérés et privatisés. Une pauvreté sans fin et l’insécurité de l’emploi sont à l’ordre du jour avec les employeurs maniant le fouet en embauchant et licenciant comme bon leur semble.

Dans la lutte qui doit maintenant être engagée, les syndicats continueront d’oeuvrer pour l’ennemi. Il faut construire de nouvelles organisations de lutte des classes et un nouveau parti pour mener les travailleurs d'Europe dans une offensive unie pour le pouvoir des ouvriers et le socialisme.

(Article original paru le 24 mars 2012)

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