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Correspondance sur le naufrage du pétrolier Erika

 

26 avril 2000


Je suis de tout coeur avec vous.

Mais il faut frapper à la tête pour obtenir un résultat. Il faut exiger la démission du gouvernement et le passage en Haute Cour de plusieurs ministres.

Le premier coupable c'est le gouvernement français qui ne pouvait ignorer qu'une cargaison de déchets industriels dangereux devant être détruite était vendue et prenait la mer. Un gouvernement qui ne fait pas respecter la réglementation pour une affaire de déchets dangereux aussi grave doit démissionner, c'est un minimum.

Le second coupable c'est le gouvernement italien qui allait laisser entrer ces déchets industriels dangereux sur son territoire au mépris de la réglementation européenne.

Le chef des délinquants, dont deux états, c'était TotalFina, corrupteur émérite qui pour se livrer impunément à son sale trafic «arrosait» généreusement politiques et administratifs en France et en Italie.

L'argent était versé en «actions» de Total, sorte de «stocks options» de la corruption, indirectement sur les comptes des heureux bénéficiaires dans des paradis fiscaux, pour alimenter les caisses très noires de leurs partis et surtout leurs poches personnelles. Il faut avoir de ses yeux vus, dans une banque, il y a des années, les listings de propriétaires d'actions de certaines grandes compagnies, et y découvrir par hasard le nom d'un ancien premier ministre, pour des dizaines de millions de francs, personnage au dessus de tout soupçon, normalement sans fortune personnelle connue, ou déclarée au fisc, pour mieux comprendre la politique, la vraie, celle qui demeure cachée.

Le naufrage n'est qu'un à côté de cette affaire. Grâce au naufrage cette affaire majeure de corruption au plus haut niveau a été portée à notre connaissance. Sans ce naufrage nous n'aurions rien su. L'attitude ambiguë du gouvernement français depuis le début ne s'explique que parce qu'il était complice du trafic de déchets et que certains de ses membres, mais pas celui de l'environnement, manoeuvré dès le départ, en tiraient des revenus occultes. Ce gouvernement de mafieux doit démissionner et plusieurs de ses membres être emprisonnés, avec le PDG de Total Fina. Corruption active pour l'un, passive pour les autres, à la Santé pour tous !

R.B.

 

Cher RB,

merci pour votre courrier concernant notre article sur le naufrage du pétrolier Erika. L'indignation à laquelle vous donnez libre cours dans votre lettre est justifiée et tout à fait compréhensible.

Dans votre courrier vous proposez la démission du gouvernement et le passage de plusieurs ministres en Haute Cour de justice. Cette revendication est, à notre avis, toutefois loin de faire le poids.

Quiconque prenant une telle revendication au sérieux, devrait se poser la question, quant à sa mise en application: par la justice et la police de l'Etat français? Mais l'Etat n'est pas neutre.

Lors de cas précédents , en l'occurrence l'affaire du sang contaminé, il y avait déjà eu des poursuites judiciaires et même quelques condamnations. Mais des moyens avaient été trouvés pour mettre hors de cause les dirigeants politiques de haut niveau concernés: L'exemple le plus célébre en est Laurent Fabius, le premier ministre de l'époque et l'actuel ministre de l'économie et des finances de Jospin. Sa relaxe dans le procès du sang contaminé du 9 mars 1999 avait été justifiée grâce à la formule "responsable mais non coupable".

Un autre exemple: en ce qui concerne le naufrage de l'Erika, les communes du littoral victimes de la marée noire et qui ont attaqué TotalFina ne bénéficieront pas des indemnités du FIPOL (Fonds International d'Indemnisation des Pollutions par Hydrocarbures, créé en 1992).

Indépendamment du fait qu'il existe ou non des preuves concrètes qu'un politicien est mêlé à une affaire quelconque, le naufrage de l'Erika aura révélé que des groupes tels TotalFina, le gouvernement, les autorités et l'Union européenne travaillent systématiquement la main dans la main dès qu'il s'agit de sauvegarder leurs intérêts. TotalFina a donc été en mesure de faire des économies substantielles en se passant de l'incinération obligatoire pour les dangereux déchets industriels spéciaux, quant aux politiciens, afin de ne pas se mettre à dos un groupe aussi influent, ils ont pris le risque de causer un préjudice considérable à la population - d'ordre sanitaire, matériel, culturel, etc.

Il ne s'agit là aucunement d'une exception révoltante, mais bien de la manière dont le système économique fonctionne de nos jours. Les décisions sont prises dans les bureaux des PDG des multinationales dont le seul objectif est de faire un maximum de profits. La majorité de la population, à savoir la classe ouvrière, se trouve à l'écart, et pendant que les milieux boursiers fêtent les coups de Bourse, les travailleurs font les frais des avaries comme on le voit dans le cas de l'Erika.

Les travailleurs ont été privés de leurs possibilités de résistance vu que leurs vieux partis et syndicats ont totalement changé de caractère. A une époque antérieure, il avait été possible, dans le cadre de l'Etat national et du système capitaliste, d'exercer une certaine pression sur les gouvernements pour acquérir des réformes et des mesures de protection dans l'intérêt de la population.

Aujourd'hui, du fait de la mondialisation et du libéralisme économique, les partis politiques sociaux-démocrates et staliniens ont changé au point de faire fonction de représentations des intérêts des multinationales au détriment des travailleurs. Ces partis représentent tous, d'une manière ou d'une autre, le concept politique du libéralisme de marché. Les Verts au même titre que les partis des écologistes n'y font pas exception et le témoignage en est donné partout où ils font partie d'un gouvernement.

Cela ne veut pourtant pas dire qu'il est impossible de lutter pour un changement fondamental de ces conditions catastrophiques. Mais, pour ce faire la classe ouvrière doit construire un nouveau parti dont le programme s'articule en fonction des besoins des êtres humains au lieu de ceux des Shareholder-Value. La classe ouvrière devra se séparer des partis traditionnels et de leurs agents au sein des syndicats ou des organisations staliniennes et petites-bourgeoises. A l'avenir, elle ne sera en mesure d'empêcher des avaries du type de l'Erika que si elle crée sa propre représentation d'intérêts sous la forme d'un nouveau parti ouvrier international indépendant, luttant ainsi pour une forme de société dans laquelle la majorité de la population a son mot à dire.

Le Comité international de la Quatrième Internationale (C.I.Q.I.) lutte pour la construction d'un tel parti et la création du site Web World Socialist Web Site est au service de cet objectif: rallier la classe ouvrière internationale autour d'un programme politique alternatif.
Salutations

M. Arens, F. Thull

La marée noire en Bretagne, TotalFina et le gouvernement français 7 avril 2000


 

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