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  wsws : Nouvelles et analyses : Histoire et culture

Les origines du bolchevisme et Que faire?

Partie 1 | Partie 2

Par David North

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Voici la première partie de la conférence « Les origines du bolchevisme et Que faire? » prononcée par le président du World Socialist Web Site, David North, à l'occasion du camp d'été du Parti de l'égalité socialiste (Etats-Unis) et du WSWS qui s'est déroulé du 14 au 20 août 2005, à Ann Arbor, au Michigan. La conférence, publiée en anglais sur le WSWS en septembre 2005, a été divisée en sept parties pour faciliter la lecture.

Les origines du marxisme russe

La conférence d’aujourd’hui sera consacrée à l’analyse d’un des ouvrages politiques et théoriques les plus importants, les plus profonds et, sans aucun doute, parmi les plus révolutionnaires jamais écrits, le Que faire ? de Lénine. Peu d’ouvrages ont été soumis à un tel niveau de déformation et de falsification. Pour les innombrables critiques de Lénine provenant des milieux universitaires bourgeois — dont certains ont prétendu être de grands admirateurs de Lénine jusqu’en 1991 — c’est le livre qui est ultimement responsable de nombreux, sinon de tous les maux du 20e siècle. J’ai l’intention de répondre à ces dénonciations, et aussi d’expliquer pourquoi cet ouvrage — écrit en 1902 pour un petit mouvement socialiste opérant dans l’environnement politique de la Russie tsariste — conserve une pertinence pratique et théorique extraordinaire pour le mouvement socialiste dans la première décennie du 21e siècle.

Lorsque je parlais du développement du mouvement marxiste en Allemagne durant le dernier tiers du 19e siècle, j’ai mis l’accent sur le caractère tumultueux et apparemment irrépressible de son développement. Dans un laps de temps étonnamment court, le Parti social-démocrate a émergé comme l’organisation de masse de la classe ouvrière. Ses victoires n’auraient pu être gagnées sans de véritables luttes et sacrifices, mais on ne peut qu’avoir l’impression que les socialistes allemands oeuvraient dans un environnement qui était, du moins quand on la compare à celui dans lequel évoluaient les révolutionnaires russes, relativement favorable.

Dans un de ses derniers ouvrages, essayant d’expliquer les raisons de l’émergence en Russie de ce qui s’est avéré être l’organisation socialiste révolutionnaire la plus puissante, Lénine a écrit que « le marxisme, seule théorie révolutionnaire juste, la Russie l'a payé d'un demi-siècle de souffrances et de sacrifices inouïs, d'héroïsme révolutionnaire sans exemple, d'énergie incroyable, d'abnégation dans la recherche et l'étude, d'expériences pratiques, de déceptions, de vérification, de confrontation avec l'expérience de l'Europe ». [1]

Dès 1825, lors d’une tentative manquée d’un groupe d’officiers haut placés de l’armée impériale pour renverser l’autocratie tsariste, une tradition de dévouement, d’incorruptibilité et de courageuse passion émergeait en Russie. La recherche d’une façon de transformer la terrible et dégradante réalité de l’autocratie tsariste et la société arriérée sur laquelle elle assoyait son pouvoir prit la dimension d’une croisade qui fut à la base de l’émergence du phénomène culturel et social extraordinaire que fut l’intelligentsia russe, sur laquelle se sont érigés le roman russe et la critique littéraire ainsi que le mouvement révolutionnaire russe.

Dans un admirable passage de sa biographie « La jeunesse de Trotsky », Max Eastman (à l’époque où il était encore socialiste) faisait la description de la personnalité révolutionnaire russe :

« Une admirable génération d’hommes et de femmes se préparaient à accomplir la Révolution en Russie. Vous pouvez aujourd’hui voyager dans les coins les plus reculés de ce pays, vous pourrez être sûr de rencontrer, dans votre train, dans la voiture publique, la figure calme et pensive d’un homme d’âge mûr à la belle barbe blanche, ou quelque vieille femme au front lourd et soucieux, au grave sourire maternel, ou une femme jeune encore, encore belle, marchant comme elle irait au-devant d’un canon; demandez qui ils sont, et l’on vous répondra que ce sont de "vieux travailleurs du Parti". Porteur de l’héritage du mouvement terroriste, élevés dans la sublime foi des martyrs, dans l’amour de l’humanité, disciplinés, accoutumés à la compagnie de la mort, ils ont appris dans leur jeunesse une chose nouvelle : à penser pratiquement. Trempés par les geôles et l’exil, ils ont formé comme une sorte de noblesse, une sélection d’hommes et de femmes de qui, infailliblement, l’on peut attendre l’héroïsme, comme on pouvait l’attendre des Chevaliers de la Table Ronde ou des Samouraïs, mais dont les lettres de noblesse sont inscrites dans l’avenir, et non dans le passé. » [2]

Le mouvement révolutionnaire russe ne s’est pas tourné vers la classe ouvrière dès le début. Plutôt, il était orienté vers la paysannerie, dont la forte majorité de la population faisait partie. La libération formelle des paysans du servage, proclamée par le tsar Alexandre II en 1861, intensifia les contradictions de la structure sociopolitique de l’Empire russe. Les années 1870 virent le début d’un mouvement significatif de la jeunesse étudiante, qui allait vers les paysans pour les éduquer et les porter vers une vie sociale et politique consciente. L’influence politique majeure de ces mouvements est venue des théoriciens de l’anarchisme, principalement Lavrov et Bakounine. Ce dernier envisageait spécialement la transformation révolutionnaire de la Russie par un soulèvement de la paysannerie. La combinaison de l’indifférence des paysans et de la répression étatique a amené le mouvement à adopter des méthodes de luttes conspiratrices et terroristes. La plus importante de ces organisations terroristes fut Narodnaia Volya, la Volonté du Peuple.

À suivre

Notes

[1] La maladie infantile du communisme (le « gauchisme »), Œuvres, tome 31, (Paris, Éditions sociales, 1976), p. 19-20.

[2] Eastman, Max, La jeunesse de Trotsky, Paris, Gallimard, 1929, pp. 125-126.

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