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GM ferme aux États-Unis; l'usine de Boisbriand en sursis pour une autre année

Par François Legras
30 décembre 1998

La compagnie automobile General Motors (GM) a annoncé la fermeture de son usine à Saginaw dans l'état du Michigan, entraînant la mise à pied de plusieurs centaines d'employés. Du même coup, la compagnie a aussi annoncé que son usine de Boisbriand au Québec sera épargnée, du moins pour l'année 1999. Les dirigeants locaux des Travailleurs canadiens de l'automobile de l'usine de GM à Boisbriand ont accueilli cette nouvelle avec soulagement.

C'est que depuis plusieurs mois, Richard Fournier, président de la section locale 1163 de l'usine de Boisbriand et Luc Desnoyers, président des TCA Canada, mènent une campagne réactionnaire pour « sauver » Boisbriand de la fermeture. Ils ont répété aussi souvent que possible que GM devait fermer les autres usines avant celle de Boisbriand, vantant les avantages compétitifs de ses travailleurs comparativement à ceux des États-Unis.

La campagne a été marquée par plusieurs dénonciations des travailleurs américains, particulièrement ceux des usines de Flint au Michigan qui ont mené la grève de cet été.

Tout récemment, Fournier a justifié l'énergie qu'il mettait à vouloir convaincre GM de garder ouvert Boisbriand avec chiffres et statistiques à l'appui, en déclarant que c'était nécesaire parce qu'autrement il se demandait comment GM pourrait oser fermer une usine aux États-Unis suite à la grève militante de l'été dernier.

L'occasion pour cette dénonciation s'est présentée lorsque Fournier, Luc Desnoyers, et d'autres dirigeants locaux, ainsi qu'une délégation canadienne des TCA et de directeurs d'usines canadiennes, se préparaient à rencontrer la haute direction de GM Canada. La direction de GM a acceptée de consacrer 25 minutes à écouter brièvement les arguments des représentants d'usine, incluant les bureaucrates syndicaux et à expliquer qu'elle ne pouvait rien promettre, que la compagnie allait mal et que des usines devaient être fermées. La perspective de la bureaucratie épouse tellement bien celle de la compagnie que même si la rencontre n'a eu aucun impact sur Maureen Kempston-Darkes, présidente de GM Canada, Luc Desnoyers considère quand même que cela vallait la peine : « On a au moins pu lui présenter les avantages compétitifs qui font que produire des véhicules à Boisbriand est moins cher que partout ailleurs »

Ces nouvelles mises-à-pied font partie de la restructuration de GM visant à réduire les coûts de production et à augmenter les profits pour demeurer compétitive sur le marché mondial de l'automobile face aux nouveaux géants nés des fusions ( Chrysler et Daimler-Benz). La compagnie prévoit fermer près de la moitié de ses usines en Amérique du Nord. Au cours des 20 dernières années GM a coupé 297 000 emplois, ou 57 % de sa force de travail aux États-Unis et les analystes spécialisés dans le domaine de l'automobile pensent que la compagnie prévoit éliminer un autre 30 000 à 50 000 emplois au cours des prochaines années.

C'est d'ailleurs cette annonce qui avait provoqué la colère et la grève des travailleurs des usines de Flint au Michigan, et de Saturn au Tenessee en juin dernier et paralysé l'ensemble de la production américaine de GM durant plusieurs semaines.

Mais les dirigeants syndicaux des deux côtés de la frontière ne remettent pas en question la politique de GM; ils sont d'accord en principe pour la réduction des effectifs. Le but des rencontres avec la direction et de leur campagne n'est rien d'autre que de vendre les travailleurs attachés à une usine spécifique au détriment d'une stratégie globale pour la défense de l'ensemble des travailleurs de la compagnie. Pour Desnoyer, la grève des travailleurs de GM aux États-Unis n'était qu'une raison de plus pour se rapprocher de la direction de GM en dénoncant les grévistes comme étant les responsables de toutes ses misères. Au moment où la grève prenait de l'ampleur cet été, il déclarait: « Pour nous, la grève signifie qu'on arrête de produire les modèles 98-99. (...) La grève amplifie l'insécurité ».

C'est dans cette optique que la bureaucratie s'est associée au gouvernement péquiste à Québec ainsi qu'à la direction locale de l'usine pour tenter de convaincre la haute direction de maintenir celle-ci ouverte. Et c'est aussi dans cette optique que, selon Fournier, le député péquiste, Robert Kieffer et Bernard Landry, ministre des finances, ont fait des pressions sur la direction syndicale pour qu'elle propose un contrat de longue durée ( six ans ) à GM pour tenter de convaincre celui-ci de garder l'usine ouverte.

Mais la tâche de convaincre les gros bonnets de GM à Détroit était d'autant plus difficile à cause de cet obstacle supplémentaire à surmonter: la crainte inspirée par le « militantisme » des travailleurs américains à la direction de GM. Rien n'a donc été négligé pour convaincre la direction de GM « d'oser » fermer les usines aux États-Unis et c'est chiffres à l'appui que les différents intervenants ont démontré que c'est en sol québécois que GM pourra faire le plus de profits le plus tranquillemnent du monde. Par exemple, un des leaders syndicaux a expliqué que les relations de travail au Québec sont les plus cordiales, avec le taux de conflit le moins élevé en Amérique. Hargrove, le président canadien des TCA, a souligné quant à lui que l'usine de Boisbriand ferait épargner 60 millions par année à GM, par comparaison à une usine américaine de même taille, si elle tournait à deux quarts de travail par jour. Il a aussi félicité le directeur de l'usine de Boisbriand, Bon Anderson, pour avoir: « bien défendu son usine lorsqu'est venu son tour de faire la revue annuelle des opérations de l'usine. »

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