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Le gouvernement Chrétien lance un nouvel assaut sur les chômeursPar François Legras Le gouvernement libéral de Chrétien se prépare à mener un nouvel assaut contre l'assurance-chômage. En effet, le ministre des Finances, Paul Martin, a annoncé qu'il allait changer la loi pour permettre au gouvernement de légalement détourner les milliards de dollars accumulés dans la caisse de l'assurance-emploi. Sur papier, la caisse déborde actuellement d'un surplus qui va atteindre $20 milliards d'ici la fin de l'année, accumulé à raison de 5 milliards par année. En vertu de la loi sur l'assurance-emploi et de la constitution, la caisse est indépendante de la caisse générale de l'État et l'argent ne peut pas servir à d'autres fins que celles prévues dans la loi, principalement de payer les chômeurs admissibles. Le gouvernement Chrétien avait jusqu'à maintenant affirmé que les surplus étaient accumulés dans un fonds de réserve en vue des temps difficiles. C'était devenu un secret de polichinelle qu'en fait les surplus étaient saisis pour combler le déficit et payer la dette. Mais le 26 septembre, pour la première fois, le premier ministre Chrétien a dû avouer que non seulement il n'y avait pas « ... de caisse de côté avec de l'argent dedans » , mais aussi qu'il allait continuer à saisir les surplus pour financer les opérations du gouvernement ainsi que des baisses d'impôt sur les revenus des particuliers. Cette proposition a soulevé un tollé de protestations du milieu des affaires et révélé une division significative entre la grande et la petite entreprise au Canada. Le Conseil Patronal sur les Questions Nationales (CPQN), qui représente les 150 plus importantes entreprises au Canada, appuie la politique du gouvernement sur l'utilisation des surplus, tandis que le Parti Réformiste, le Parti Conservateur ontarien et les gouvernements des autres provinces s'y opposent. La petite entreprise soutient que les cotisations à la caisse sont une taxe sur la masse salariale qui doit être radicalement réduite pour assurer leur compétitivité, tandis que le CPQN avance l'argument que les taxes sur la masse salariale au Canada sont moins élevées que dans les autres pays industrialisés. Le CPQN demande au ministre Martin de réduire l'impôt personnel, en particulier la surtaxe de 5% imposée aux salariés les mieux payés, ce qui aurait pour effet d'augmenter les revenus des riches, tout en diminuant les demandes d'augmentation de salaires des professionnels qualifiés qu'ils embauchent. Mais toutes les sections de la classe dirigeante sont d'accord sur un point central : il n'est pas question d'investir un dollar dans le régime d'assurance-chômage. D'une part, le patronat veut enlever toute marge de manoeuvre au gouvernement et maintenir la pression fiscale sur ce dernier pour qu'il intensifie sa politique de coupures dans les dépenses sociales. D'autre part, les profondes coupures dans l'assurance-chômage assurent à la grande entreprise une vaste réserve de travailleurs qui, sans autres ressources, sont forcés d'accepter de travailler à n'importe quelles conditions. L'assaut contre l'assurance-chômage n'a pas été essentiellement motivé par une question d'équilibre budgétaire, mais fait partie du virage vers la droite de la bourgeoisie en matière de politique sociale. Depuis le début des années 90, ce virage s'est accéléré et un vaste transfert d'argent a été effectué des poches des travailleurs vers les coffres des banques et des grandes entreprises par la destruction des programmes sociaux. Ces programmes, surtout l'assurance-chômage, étaient le dernier mince filet de sécurité qui évitait aux travailleurs sans emploi de tomber dans le dénuement et l'exploitation sans limites.
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