wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

L'intervention française en Côte d'Ivoire bénéficie du soutien des Nations unies et des Etats-Unis

Par Chris Talbot
Le 12 février 2003

Utilisez cette version pour imprimer

Le France a bénéficié d'un soutien international pour son intervention dans son ancienne colonie de la Côte d'Ivoire où une guerre civile fait rage depuis cinq mois. Le conseil de sécurité des Nations unies a voté une résolution qui «autorise le déploiement des forces de la CEDEAO et des forces françaises » et qui « fait sien » l'accord de paix signé à la fois entre le gouvernement et les rebelles en pleine guerre civile.

Les pays de la CEDEAO furent très réticents à s'immiscer dans ce conflit et n'envoyant jusque-là que 200 soldats alors que 1.500 sont prévus. L'imposition d'un gouvernement d'union nationale voire d'un partage de pouvoir censé terminer le conflit est avant tout l'uvre des Français dont les troupes stationnant en permanence dans le pays s'élèvent à 3.000. L'accord n'a eu qu'un succès mitigé vu que le président Laurent Gbagbo, à peine l'accord signé à Paris, affirme qu'il ne s'agit là que d'une série de « propositions ». Ses partisans ont attaqué des citoyens français et leurs biens.

Le soutien des Nations unies est crucial à l'intervention de la France, lui conférant ainsi le vernis nécessaire pour agir au nom de la « communauté internationale ». Des partisans de part et d'autre du conflit, et spécialement les manifestants pro-gouvernementaux ont accusé la France de néo-colonialisme, et même en France des craintes se font jour que la France puisse être entraînée dans une situation du type vietnamien. Le président Jacques Chirac et le ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin sont tous deux impatients de restaurer l'influence française en Afrique. Non seulement la Côte d'Ivoire avait été une région clé pour les investissements français et un centre d'activité économique en Afrique de l'Ouest, mais les nouvelles découvertes de gisements de pétrole et la production accrue de pétrole en Afrique de l'Ouest confèrent à la région une importance stratégique.

La résolution du conseil de sécurité n'aurait pas pu être votée sans le soutien des Etats-Unis. La décision de soutenir la France marque un changement par rapport à la position défendue début janvier quand le porte-parole du département d'Etat américain, Richard Boucher, affirmait que le soutien des Nations unies pour les troupes de la CEDEAO ou les troupes françaises en Côte d'Ivoire n'était pas « la chose à faire ». Ajouté aux réflexions faites par le premier ministre britannique, Tony Blair, lors du dernier sommet franco-britannique (« J'exprime ma solidarité pleine et entière à la France pour le traitement de la situation en Côte d'Ivoire »), le changement d'attitude des Etats-Unis pourrait bien faire partie d'un maquignonnage en vue de rallier la France à la guerre contre l'Iraq.

Dans sa tentative d'explication des réticences en Côte d'Ivoire aux accords de Paris-Marcoussis, le Washington Post écrivait: « Chirac pourra toujours expliquer au président Bush que certaines interventions valent malgré tout le risque. Ce à quoi le dirigeant américain pourra répondre : Cher ami, c'est ce que j'essaie de vous dire à propos de l'Iraq. »

Les Etats-Unis avaient également « exprimé des craintes » selon quoi les deux groupes rebelles qui opéraient dans l'ouest de la Côte d'Ivoire bénéficiaient de l'aide du Liberia, une accusation qui avait également été faite par le gouvernement ivoirien. Le Liberia est considéré être un « pays voyou », se trouvant sous le coup de sanctions de la part des Nation unies pour le négoce de soi-disant « diamants de conflit » et pour supporter les rebelles dans le Sierra Leone voisin. Et pourtant, la France a invité le président libérien, Charles Taylor, pour participer aux pourparlers de paix à Marcoussis ; faisant entrer ainsi la faction rebelle de l'ouest dans les accords de paix en même temps que le principal groupe rebelle, le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) qui contrôle le nord du pays.

Bien que le précédent gouvernement Jospin ait ignoré des élections douteuses et ait reconnu il y a deux ans le gouvernement Gbagbo comme étant légitime - il existe des relations étroites entre le Parti socialiste en France et Gbagbo - Chirac a estimé qu'un gouvernement comprenant les rebelles ainsi que le dirigeant de l'opposition, Alassane Ouattara, dont le soutien se situe dans le nord musulman, serait le meilleur moyen pour arriver à une certaine stabilité. Gbagbo et ses partisans ont entretenu une campagne chauvine en s'appuyant sur le sud chrétien peuplé de sa propre ethnie Bete, contre le nord musulman peuplé d'immigrés. Pour avoir pleinement soutenu le gouvernement, la France pourrait se retrouver dans la même situation qu'au Rwanda en 1994 - à soutenir un régime compromis dans un massacre ethnique de masse.

Le Haut commissariat des Nations unies aux droits de l'homme vient de publier un rapport qui révèle que des escadrons de la mort qui opèrent en Côte d'Ivoire sont formés par des « éléments proches du gouvernement, la garde présidentielle et une milice tribale du groupe ethnique Bete, ethnie du président Gbagbo ». Des attaques visant des Musulmans et des étrangers ont été organisées par des supporters du gouvernement et des corps de personnes exécutées furent trouvés dans une forêt près de la capitale commerciale d'Abidjan.

La semaine passée, le corps criblé de balles d'un célèbre comédien et adversaire politique du gouvernement, Kamara Yerefe, fut découvert à Abidjan. D'après sa famille il a été enlevé par des gendarmes pour être questionné. Une manifestation d'opposants eut lieu dans les rues de la ville pour la première fois depuis des semaines et qui s'attaqua à la police.

Il y a des signes selon lesquels le régime de Gbagbo, qui avait reconnu la faiblesse de la position française avant qu'elle ne bénéficie du soutien des Nations unies et des Etats-Unis, reviendrait sur son opposition catégorique aux accords de Marcoussis. Depuis deux semaines des partisans du gouvernement manifestent quotidiennement dans les rues d'Abidjan contre les accords et la femme de Gbagbo, qui dirige le groupe parlementaire de Gbagbo au parlement, s'est exprimée à la radio en disant que les accords ont été rejetés par « tous les Ivoiriens » et que la « France n'a qu'à se mêler de ses propres affaires ».

Toutefois, quand Gbagbo prononça enfin son discours télévisé à la nation, il affirma que les accords formaient une « base de travail ». Il continue toutefois de maintenir son refus d'accorder aux rebelles du MPCI les postes ministériels clés de la défense et de l'intérieur au sein d'un nouveau gouvernement d'union nationale, et ce en dépit du fait que les dirigeants rebelles insistent sur ce point clé des accords de Marcoussis. Si les relations entre la France et les Etats-Unis continuent à se détériorer au sujet de l'Iraq, il est probable que Gbagbo change à nouveau d'attitude.

La situation en Côte d'Ivoire reste très explosive. Il semble peut probable que, dans un avenir proche, la France puisse imposer une stabilité dans ce pays vu que ce pays est en train de devenir le point de mire de divergences internationales bien plus vastes entre la France et les Etats-Unis.

Une réunion de dirigeants de la CEDEAO ayant lieu dans la capitale politique de la Côte d'Ivoire, à Yamoussoukro, dans le but de commencer à établir un gouvernement de coalition, fut boycotté par les groupes rebelles. Des dirigeants rebelles expliquèrent qu'il n'y avait pas lieu de redémarrer des négociations et accusèrent Gbagbo de refuser dans son intégralité les accords de Marcoussis. Ils menacent de marcher sur Abidjan d'ici une semaine, en prévenant que « Si la France n'est pas capable de faire appliquer au président Gbagbo les accords, alors elle doit en subir les conséquences. »

Des milliers d'Occidentaux et de ressortissants français ont fuit la Côte d'Ivoire, mais quelque 15.000 Français s'y trouvent encore. Plusieurs centaines de personnes ont été tuées dans la guerre civile et plus d'un million de personnes ont été déplacées. Alors que le cessez-le-feu entre le gouvernement et les rebelles du nord semble solide, de nouveaux combats auraient repris dans l'ouest du pays, près de la frontière libérienne.

Voir aussi:


 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés