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France: des dirigeants du parti gouvernemental se solidarisent avec l'impérialisme américain

Par Stéphane Hughes et David Walsh
21 février 2003


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Le conflit actuel entre le président français Jacques Chirac et l'administration Bush concernant les plans de guerre contre l'Irak a permis au gouvernement français de se donner temporairement l'air d'une force oeuvrant pour la paix et l'harmonie internationale. L'impérialisme français n'a cependant pas changé de peau, et la dispute actuelle a tout à voir avec la façon dont Paris envisage de pouvoir mieux préserver ses intérêts économiques et géopolitiques.

Le déroulement d'une conférence de presse tenue le 15 février par des hauts dirigeants du parti de la majorité au pouvoir (le fourre-tout de politiciens de droite récemment formé sous le nom de Union pour un mouvement populaire [UMP]) devrait ouvrir les yeux à quiconque aurait des illusions concernant la politique et les objectifs du gouvernement Chirac.

L'UMP, présentée en grande pompe par l'ancien premier ministre Alain Juppé comme le parti de centre-droit qu'attend le peuple français depuis des décennies, peine à prendre son envol. Et c'est douteux qu'il puisse jamais y parvenir.

Tout comme le régime de Juppé s'est avéré isolé et détesté, malgré une grosse majorité parlementaire, lorsqu'une grande vague de grèves déferla en 1995-96, le gouvernement actuel du premier ministre Jean-Pierre Raffarin n'a pas de sérieuse base de soutien. Il est avant tout le fruit de la colère, du dégoût et de la déception populaires après des années de gouvernements de «la gauche» et de la «gauche plurielle» (parti socialiste, parti communiste, parti vert), lesquels ont multiplié les attaques sur les droits des travailleurs et le niveau de vie. L'UMP, selon certains, est plus ou moins un «parti virtuel».

Signe de la distance qui sépare l'UMP de la population, la conférence de presse a été planifiée pour samedi après-midi, à une heure où des millions de manifestants anti-guerre traversaient Paris.

Pour cette raison, et peut-être aussi à cause d'un manque général d'intérêt, peu de médias ont fait le déplacement au quartier général de l'UMP rue La Boétie pour écouter des dirigeants du parti expliquer leur politique irakienne. La poignée de reporters à se présenter a d'abord fait face à cinq chaises vides. Au moment voulu, les cinq dirigeants de l'UMP ont fait une entrée remarquée et ont pris place.

Ces messieurs étaient:

Philippe Douste-Blazy, secrétaire général de l'UMP. Il est maire de Toulouse, ancien membre de l'UDF (Union pour la démocratie française) rivale, ancien ministre de la culture et un aspirant premier ministre le printemps dernier.

Jacques Barrot, président du groupe parlementaire UMP à l'Assemblée nationale;

Guy Tessier, président de la commission de la défense de l'Assemblée nationale, et l'un des personnages les plus influents de la France en matière militaire et de renseignement;

Renaud Donnedieu de Vabres, un ancien de l'UDF et un ministre délégué dans le premier cabinet Raffarin le printemps dernier. Il a démissionné à cause de son implication dans une affaire de financement illégal de parti.

Xavier de Villepin, venu lui aussi de l'UDF, ancien président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du sénat, et père de l'actuel ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin.

Tout compte fait, les cinq formaient un groupe plein de relations et tout à fait réactionnaire.

Douste-Blazy a ouvert la conférence de presse en déclarant leur sentiment fierté à tous, après la performance de Dominique de Villepin au Conseil de sécurité des Nations Unies la veille, de voir la «force retrouvée» de la diplomatie française. Il a parlé du «camp de la paix» dont ferait partie la France, mais a ensuite ajouté que «toute attitude concernant l'Irak doit être à la fois crédible et responsable». Par «responsable», il voulait dire qu'il fallait maintenir la pression sur l'Irak afin d'obtenir de sa part une «coopération pleine et entière».

Douste-Blazy a fait remarquer que le gouvernement français n'était pas en conflit avec les États-Unis, mais avait un double objectif: «le désarmement efficace et pacifique [de l'Irak] et la lutte contre le terrorisme». Il y a selon lui «deux attitudes dangereuses» à éviter: «un pacifisme béat, naïf» et «donner légitimité internationale à ceux qui veulent faire la guerre immédiatement».

Le secrétaire général de l'UMP a ainsi clairement fait savoir que le gouvernement Chirac acceptait entièrement le raisonnement poursuivi par le gouvernement Bush, à savoir que l'Irak est un état voyou dangereux qui doit être «désarmé» et que les grandes puissances ont le droit de lancer des interventions de style colonial.

À un certain moment, un reporter du World Socialist Web Site a posé la question suivante: «Vous rappelez-vous la dernière fois qu'un gouvernement est parti en guerre élevant une opposition aussi universelle de l'opinion publique mondiale qu'on a pu voir aujourd'hui dans les manifestations internationales?»

Ce genre de question n'était clairement pas bienvenu pour les dirigeants réunis de l'UMP. Ils se sont empressés de répliquer. Jacques Barrot a répondu: «Il faut éviter un malentendu. Nous ne sommes pas passifs. Nous avons une vision plus globale de l'ordre international. Le retour à l'équilibre dans le monde et notamment au Moyen-Orient exige un traitement plus global du dossier.» Nous devons, a-t-il dit, «maintenir le dialogue avec les Américains. Il ne s'agit ni de sombrer dans le pacifisme ni dans l'antiaméricanisme.»

Renaud Donnedieu de Vabres s'est montré plus explicite, faisant clairement savoir que le gouvernement français ne désapprouvait pas les objectifs américains, mais était inquiet des conséquences d'actes implacables. Après avoir souligné qu'il fallait «éviter la caricature», il a déclaré: «La France apparaît comme l'alliée la plus solide et la plus fidèle des États-Unis. La violence internationale, la poudrière dans laquelle nous vivons aujourd'hui nous contraint à beaucoup de vigilance et à beaucoup de prudence. La position française, qui est la contraire absolue de la lâcheté a pour double objectif le désarmement [du régime Hussein] et la lutte efficace contre le terrorisme.»

Le reporter du WSWS a posé plus tard une deuxième question: «Voyez-vous la possibilité de poursuites pour crimes de guerre découlant d'un tel conflit?» À ce point-ci on a pu entendre le son d'une grande respiration venant du lieu où se tenaient les dirigeants de l'UMP.

Xavier de Villepin a peut-être parlé pour eux tous lorsqu'il a dit: «Au sénat nous sommes très nombreux à appartenir au groupe d'amitié France/États-Unis et nous n'avons aucun désir de nous opposer systématiquement» à la politique de Washington. «Nous ne cherchons pas à faire un procès aux Américains», a-t-il précisé, «mais à être un allié loyal qui parle et qui exprime son point de vue.»

Guy Tessier, un ultra de la droite, s'est solidarisé avec les buts de l'administration Bush, plaidant pour l'application d'une «double pression, à la fois militaire exercée par la centaine de milliers d'hommes prépositionnés au Koweït et de l'autre côté, par l'action diplomatique». Il a soutenu que «contrairement à un pacifisme béat, nous souhaitons le désarmement plein et entier de ce pays, et en même temps une capitulation de Saddam Hussein pour qu'il vienne à démissionner car il ne serait pas imaginable que cette situation puisse perdurer».

Tel est le très officiel «camp de la paix» français.

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