Le nombre des personnes vivant dans la
pauvreté en Grande-Bretagne est passé selon les données gouvernementales les
plus récentes de 12,1 millions à 12,7 millions l’an passé, soit une
augmentation de 600 000 personnes. Le nombre des enfants pauvres a
augmenté de 200 000 entre 2005 à 2006, atteignant 3,8 millions, et ce,
dans le quatrième pays le plus riche au monde.
Lorsque le Parti travailliste était venu au
pouvoir en 1997, la Grande-Bretagne avait le taux de pauvreté infantile le plus
élevé du monde industrialisé, conséquence de près de vingt années au pouvoir
des conservateurs qui avaient crée le chômage de masse et fait des coupes
claires dans l’Etat-providence. Le premier ministre Tony Blair avait promis de
changer cette situation. « Nous serons la première génération à mettre fin
à la pauvreté infantile pour toujours » avait-il déclaré sur un ton
sentencieux et avait engagé son gouvernement dans toute une série d’objectifs :
le parti travailliste réduirait d’un quart la pauvreté infantile d’ici
2004-2005 et de moitié d’ici 2010. Il a manqué son premier objectif et les
récentes données indiquent que la pauvreté infantile est en fait en train d’augmenter.
Les experts considèrent qu’il en coûterait
4,5 milliards de livres sterling pour réduire la pauvreté infantile, montant
qui, comme l’a indiqué le présentateur du journal télévisé de Channel 4 Jon Snow,
correspond exactement à la somme des dépenses militaires additionnelles pour la
guerre en Irak. Il est rare de voir un gouvernement se révéler, de façon aussi
humiliante, être moralement et politiquement en faillite, et qui plus est par
ses propres données.
Il n’y a pas que la réputation de Blair qui
a été atteinte. Le chancelier Gordon Brown a présenté son budget juste avant
que les données sur la pauvreté ne soient publiées. Il ne pouvait pas ne pas en
avoir été informé lorsqu’il a retiré la tranche d’imposition la plus faible,
celle concernant les personnes au revenu le plus faible et qu’il a fait des
cadeaux fiscaux aux plus riches. Dans une grande mesure, c’est la gestion
financière de Brown qui est la cause du transfert de la richesse, des pauvres
vers les riches, transfert qui s’est produit durant la période au pouvoir des travaillistes.
La réaction du gouvernement aux plus
récentes statistiques a été d’affirmer qu’il y avait une erreur statistique et
de déclarer que la seule façon de vaincre la pauvreté était de mettre au travail
davantage de personnes. Mais la Grande-Bretagne possède déjà l’un des taux de
chômage les plus bas d’Europe. La plupart des enfants qui vivent dans la
pauvreté ont au moins un parent qui travaille. Alors que les conservateurs avaient
crée la pauvreté par un chômage massif, le Parti travailliste a présidé à la
croissance phénoménale des travailleurs à faible revenu, obligés d’accepter des
emplois peu rémunérés sous peine de voir leurs prestations diminuées.
La montée de la pauvreté s’est produite durant une période
de relative prospérité économique, alors que l’économie du Royaume-Uni
croissait. Alors que les conditions mondiales deviennent plus instables et
menacent d’entrer en récession, le taux de pauvreté ne peut que s’accentuer. Le
Fond monétaire international a averti Brown qu’il devait réduire la part du
revenu national consacrée aux dépenses du gouvernement dans la prochaine période ;
on peut donc s’attendre à d’autres attaques sur les prestations sociales qui
sont déjà peu élevées. Actuellement, une famille de deux parents et deux
enfants doit se débrouiller avec 190 £ par semaine, ce qui correspond à
100 £ de moins par semaine que le seuil de pauvreté établi par le
gouvernement.
C’est la première fois que la pauvreté relative augmente
sous le gouvernement travailliste. La pauvreté relative est déterminée par les
ménages qui ont 60 pour cent ou moins du revenu médian. Lorsque les coûts du
logement sont pris en considération, le nombre de personnes vivant dans la
pauvreté est passé de 12,1 millions en 2004-2005 à 12,7 millions en 2005-2006.
Si on ne tient pas compte des coûts du logement, le nombre est passé de 10
millions à 10,4 millions durant la même période. L’Institut des études fiscales
conclut que ces chiffres sont statistiquement significatifs et tirés d’un
échantillon représentatif.
Le nombre de ménages vivant dans la
pauvreté absolue a aussi augmenté. La pauvreté absolue est déterminée selon des
critères fixes. « Il est très rare, » souligne l’Institut des études
fiscales, « que la pauvreté augmente si elle est déterminée selon des
critères fixes de conditions de vie plutôt que si elle est jugée par rapport à des
critères qui augmentent avec la prospérité de la population en général. »
Pour une famille de deux parents et deux enfants, le niveau de pauvreté absolue
est fixé à 14 924 £.
Le nombre d’enfants vivant dans une
pauvreté relative a augmenté de 100 000. Il s’agit de la première
augmentation en six ans. Pour une famille de deux parents et deux enfants, cela
signifie un revenu de moins de 17 264 £. Selon les données gouvernementales,
2,8 millions d’enfants vivent dans la pauvreté si l’on ne tient pas compte des
coûts du logement. Ce nombre atteint 3,8 millions lorsque l’on en tient compte.
L’Institut des études fiscales a établi
qu’il faudra à Brown quatre milliards de livres sterling dans les trois
prochaines années s’il veut atteindre son objectif. Le chancelier, devant
l’insistance des questions, a refusé de promettre plus d’argent,
déclarant : « La clé de l’avenir, c’est le nombre de personnes
que l’on pourra mettre au travail. C’est la plus grande contribution que l’on
puisse faire pour résoudre le problème de la pauvreté infantile à
l’avenir. »
Après la récente étude de l’Unicef montrant
que la Grande-Bretagne arrive bon dernier parmi les pays industrialisés en matière
de bien-être des enfants, aux côtés des Etats-Unis, les données
gouvernementales viennent contredire toutes les affirmations selon lesquelles
les travaillistes tentent véritablement d’améliorer les conditions sociales en
Grande-Bretagne. Elles révèlent la vraie nature du Parti travailliste qui forme
un gouvernement se consacrant à la défense des intérêts des grandes entreprises
et des riches.
Toute conception que le Parti travailliste
peut être poussé vers la gauche ou qu’il serait meilleur sous la direction de
Brown doit être rejeté. Sous une forme statistique froide, les données
établissent que la richesse est allée aux partisans riches des travaillistes et
au financement d’une guerre qui sert les intérêts du capital mondial.
Le révoltant tribut de misère et de
privations imposé au nom du programme économique et social pro-patronal des travaillistes
vient confirmer la décision du Parti de l’égalité socialiste de se présenter
dans les élections à venir pour construire un véritable mouvement socialiste contre
le gouvernement travailliste et qui unira les travailleurs internationalement
contre les guerres en Irak et en Afghanistan.