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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Allemagne : le syndicat des cheminots capitule

Par Ludwig Niethammer
20 septembre 2007

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Il s’agit d’un « compromis de lumière et d’obscurité ». Tels étaient, à la fin de la semaine passée, les termes employés par le syndicat des conducteurs de train GDL (Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer) pour décrire le résultat de la soi-disant procédure de médiation acceptée par le syndicat dans le conflit qui l’opposait à la direction de la Deutsche Bundesbahn (Compagnie de chemin de fer allemand, DB). En fait, une telle description des propositions mises en avant par les deux politiciens conservateurs du CDU (Union chrétienne-démocrate), Heiner Geissler et Kurt Biedenkopf, est de la poudre aux yeux. En réalité, la direction du GDL a accepté de faire des concessions considérables et est en train de préparer la prochaine étape de la trahison de ses membres.

L’étendue de la capitulation du GDL a été clairement révélée lors de la conférence de presse où les résultats de la médiation ont été annoncés non seulement en présence du président du GDL, Manfred Schell, siégeant aux côtés de la directrice du personnel de la DB, Margret Suckale, des deux médiateurs, Geissler et Biedenkopf, mais aussi des dirigeants des deux syndicats de cheminots, Transnet et le GDBA (Gewekschaft Deutscher Bundesbahnbeamten, Arbeiter und Anwärter), Norbert Hansen et Klaus Dieter Hommel et qui ont fait leur possible pour saboter la campagne des conducteurs de train pour une augmentation des salaires.

Tout au long de ces dernières semaines, ces deux syndicats ont agi ouvertement en briseurs de grève. Les experts juridiques de Transnet ont apporté leur soutien juridique à la campagne menée contre les conducteurs de train par la direction de la DB qui a parcouru l’ensemble du pays en quête d’un tribunal disposé à suivre son argumentation pour l’interdiction de la grève des conducteurs de train. Dans le même temps, le président de la Fédération des syndicats allemands (DGB), Michael Sommer, a publiquement condamné la grève des conducteurs de train.

Le fait que le GDL siège à présent aux côtés de Transnet et du GDBA pour mener conjointement les négociations montre clairement qu’il n’existe aucune différence entre la direction du GDL et ces deux syndicats jaunes. La direction du DGL et Manfred Schell sont disposés à saper les revendications des adhérents du syndicat qui ont voté majoritairement à 96 pour cent pour la grève en dépit de pressions politiques et juridiques énormes exercées contre eux de toutes parts par la direction de la DB ainsi que les milieux d’affaires et politiques en Allemagne.

Le DGL avait déclaré le mois dernier qu’il était prêt à accepter une médiation de Geissler et de Biedenkopf en promettant de renoncer à toute action de grève supplémentaire « le temps que dureraient les négociations ». A présent, une trêve supplémentaire a été concédée par le syndicat jusqu’au 30 septembre. Au lieu de respecter les revendications de ses adhérents et de poursuivre la grève, la direction du GDL a capitulé devant la direction de la DB, le gouvernement et le DGB, en prenant même l’initiative de saper la combativité des conducteurs de train.

La direction du GDL recherche pour le moment une formule satisfaisante pour trahir ses membres. Pour comprendre, il suffit d’examiner le déroulement des négociations précédentes. Jusque-là, le GDL avait exigé un « accord séparé pour le personnel roulant ». Ceci signifie un contrat couvrant l’ensemble des salariés travaillant dans un train, donc les agents de trains, les contrôleurs et le personnel du service de restauration. Le syndicat a à présent laissé tomber cette revendication. En échange, la direction de la DB reconnaît le droit au GDL de représenter les seuls conducteurs de train.

Il est également d’ores et déjà évident qu’un accord pour les conducteurs de train, qui réclament une compensation pour les conditions de travail aux horaires astreignants en plus d’une « hausse sensible des salaires », est loin d’être acquis. Il y a quelques semaines, Transnet avait prévu un contrat pour ses propres membres où il était explicitement dit qu’au cas où la DB concluait un accord séparé avec le GDL, le contrat déjà signé serait automatiquement invalidé. Ce chantage est toujours d’actualité en dépit du fait que Transnet est à présent engagé dans des négociations visant à un « accord séparé pour le personnel roulant ».

Une nouvelle grille de salaire

Derrière ceci se cache le fait que Transnet profite de la volonté de compromis de la direction de GDL d’accepter un soi-disant « accord séparé pour le personnel roulant » pour introduire une grille de salaire totalement remaniée à l’adresse des cheminots. A l’avenir, l’ensemble des salariés ne feront plus l’objet d’un système unitaire de salaire, mais seront rémunérés tout à fait différemment selon leurs postes de travail et leur secteur d’activité. Les salaires seront réduits en conséquence ou rendus plus flexibles en fonction de l’emploi requérant ou non une formation ou une période d’initiation.

C’est pourquoi il était primordial pour la direction de la DB et pour Transnet de séparer les agents roulants des conducteurs de train. Même si l’augmentation de salaire de ces derniers est quelque peu supérieure aux 4,5 pour cent que Transnet a négociés pour les autres salariés, la grève des conducteurs de train servira à introduire une grille de salaire entraînant des réductions de salaire pour la grande majorité des cheminots.

Il y cinq ans, sous la pression de ses adhérents le GDL avait été forcé de résilier l’accord commun avec Transnet et le GDBA pour rejeter une série de compromis prévoyant une détérioration des salaires et des conditions de travail. En novembre 2002, un accord complémentaire imposant le travail de18 postes non payés aux cheminots de DB-Regio [TER allemand] avait été retiré suite à la résistance du GDL. A partir de cette date, les conducteurs de train ont lutté pour l’obtention de leur propre accord mais la DB a refusé de coopérer.

Quand, au printemps dernier, les conducteurs de train ont présenté leur revendication pour une augmentation de 30 pour cent de leur salaire et ont commencé à préparer leur grève, ils ont été confrontés à un front uni de la part des associations d’entreprises allemandes, du gouvernement fédéral, de la Justice et d’une grande partie des médias ainsi que du DGB qui tous ont soutenu la direction de la DB. Tous reconnaissaient que les revendications émises par les conducteurs de train tout comme leur grève et pour lesquelles une grande majorité de la population allemande avait manifesté sa solidarité, étaient l’expression de la colère et de l’insatisfaction largement répandue à l’encontre des coupes substantielles pratiquées durant une longue période de temps dans les acquis sociaux et le niveau de vie.

Face à cette pression, la direction du GDL vient de battre en retraite en acceptant à présent de participer à des négociations concernant une nouvelle grille de salaire prévoyant la fixation du salaire d’un employé en fonction de son secteur d’activité visant ainsi à accélérer encore davantage le processus de baisse de salaire et de coupes sociales.

La capitulation de la direction du GDL souligne la faillite politique d’une perspective syndicale et nationale réformiste. Les conducteurs de train, comme tous les travailleurs qui sont trahis par leur propre direction, sont confronté à des questions qui requièrent une réponse politique.

La mondialisation de l’économie a coupé l’herbe sous le pied de la réconciliation sociale en général et de la « concertation sociale » entre les syndicats et le patronat (Sozialpartnerschaft). Des trusts financiers opérant de par le monde et qui dominent la vie économique moderne sont déterminés à extraire la dernière once de profit de la population laborieuse afin de satisfaire leur soif intarissable de profit et de richesse.

Les syndicats et le parti social-démocrate allemand (SPD) ont réagi à la faillite du social réformisme en rejoignant le patronat afin de sauvegarder les « intérêts allemands », voire les intérêts des banques et des grands groupes allemands face à la concurrence des grands groupes mondiaux. Les conséquences en sont l’intensification du militarisme, le renforcement de l’appareil d’Etat et les attaques brutales contre les salaires et les droits des travailleurs.

Au lieu de placer leurs espoirs dans la prétendue médiation d’arbitres « neutres », les conducteurs de train doivent mobiliser le soutien d’autres cheminots et de la classe ouvrière en général. La lutte déterminée des conducteurs de train qui a bénéficié d’un considérable mouvement de sympathie de la population doit trouver une nouvelle voie politique basée sur une stratégie socialiste qui place les besoins de la population laborieuse avant les intérêts de profit du patronat. La production en général et des services aussi vitaux que les chemins de fer doivent être arrachés des mains de l’aristocratie financière pour être mis au service de la société en général.

Ceci ne pourra être réalisé que si les travailleurs rompent avec leurs vieilles organisations nationales pour s’unir aux travailleurs en Europe et de par le monde dans la lutte pour une réorganisation socialiste de la société.

(Article original paru le 6 septembre 2007)

Lire aussi :

Une voie politique pour aller de l’avant dans la lutte des cheminots allemands [20 août 2007]


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