Le 17 janvier dernier, à l’Université du
Québec à Montréal (UQAM) se tenait une assemblée générale de
l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH-UQAM).
Environ 500 étudiants de différents programmes (sociologie, géographie,
histoire, travail social, sexologie, philosophie, psychologie etc.) étaient
présents afin de discuter des moyens à prendre pour lutter contre le dégel des
frais de scolarité imposé par le gouvernement libéral de Jean Charest et, de
manière plus générale, des mesures à prendre pour défendre le système
d’éducation. Le débat était surtout centré autour des demandes à mettre
de l’avant et de l’éventualité d’une grève étudiante.
L’assemblée générale a adopté notamment
une proposition concernant un vote de grève au début du mois de février et un
calendrier avec différents moyens de pression. Les demandes adoptées concernent
principalement un rejet de toute augmentation des frais de scolarité et des
frais afférents dans une perspective de gratuité scolaire ainsi qu’une
abolition du plan de redressement financier de l’UQAM qui vise à faire
porter la dette de l’université sur le dos des étudiants et des employés.
Les discussions qui se sont tenues à cette
assemblée générale – laquelle se voulait en continuité avec le mouvement
d’opposition qui a débuté à l’automne 2007 par une grève partielle
à l’UQAM – ont montré que le mouvement étudiant manque crucialement
d’une perspective politique. Les étudiants sont opposés aux attaques sur
le système d’éducation mais n'arrivent pas à concevoir leurs propres
luttes dans le cadre d'un large mouvement social impliquant de larges couches
de la population et dirigé contre les inégalités sociales montantes. Il en
résulte un certain pessimisme parmi les étudiants quant aux chances de contrer
l'assaut de l'élite dirigeante sur l'éducation.
Au début de la période de discussions, un
étudiant de l'UQAM affilié à l’Internationale étudiante pour
l’égalité sociale (IEES) a pris la parole afin de proposer une nouvelle
perspective politique aux étudiants.
Il a commencé son intervention en replaçant le
dégel des frais de scolarité dans son contexte : « Les mesures de
droite, comme le dégel des frais de scolarité, ne sont pas nouvelles. Depuis
une trentaine d’années, on assiste à des attaques sur les conditions de
travail et les conditions de vie des travailleurs. L’élite dirigeante
tente essentiellement de reprendre les concessions qui ont été faites à
d’autres périodes. On assiste aussi à une montée des inégalités sociales,
à des attaques sur les droits démocratiques, et à une montée généralisée du
militarisme et une menace de conflit mondial. »
« C’est ça le monde dans lequel on
vit », a dit le membre de l’IEES. « C’est la réalité qui
se présente devant nous, et dans un tel contexte, c’est inévitable que
les conflits entre les travailleurs et l’élite dirigeante vont aller en
s’accentuant. »
Il a poursuivi en énumérant des luttes qui ont
eu lieu au Québec et partout dans le monde dans les dernières années afin de
bien montrer le caractère international de ces luttes. Il a mentionné notamment
les manifestations contre la guerre en Irak, le mouvement d’opposition au
gouvernement du Parti Québécois et du gouvernement libéral qui l’a suivi,
la grève étudiante au Québec à l’hiver 2005, la grève étudiante en France
à l’hiver 2006, la grève des scénaristes aux Etats-Unis et la grève des
conducteurs de train en Allemagne.
Devant ces luttes de classes qui
s’intensifient, l’étudiant a mis l'accent sur l’importance de
la perspective politique à adopter : « Est-ce qu’on peut se
limiter à une politique de protestation? A faire pression sur une élite dirigeante
qui est fondamentalement opposée à nos demandes même limitées et qui n’a
rien de mieux à offrir que plus de militarisme, plus de coupures, plus
d’inégalités sociales... ? » Pour illustrer ses propos, il a
fait mention de la répression policière que les étudiants du Québec avaient
subie à l’automne 2007, alors qu’ils avaient montré leur opposition
aux attaques sur le système d’éducation. « Au moindre geste
d’opposition, les administrateurs des universités et le gouvernement
n’hésitent pas à envoyer les policiers pour réprimer les étudiants. »
L’étudiant de l’IEES a
continué en mettant de l’avant une nouvelle perspective : « Je
crois que pour aller de l’avant dans leurs luttes, les étudiants doivent
tirer les leçons des luttes passées, dont la grève de 2005, se tourner vers la
classe ouvrière et adopter une perspective socialiste. »
Ce tournant, tel que le soulignait une déclaration
de l'IEES diffusée à l'entrée de la salle où se tenait l'assemblée, exige
une rupture avec la bureaucratie syndicale pro-capitaliste qui subordonne
politiquement les travailleurs du Québec au parti de la grande entreprise
qu'est le Parti québécois.
Le représentant de l'IEES a terminé son
intervention en appelant « les étudiants qui se sentent interpellés par
ces questions à venir à notre prochaine réunion, à discuter de ces questions, à
se joindre à l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale et à
prendre part à la lutte pour le socialisme. »
L’IEES tiendra prochainement une réunion publique à
Montréal :
Le mercredi 23 janvier, de 19h à 21h
à l’Université du Québec à Montréal (UQAM)
Pavillon Judith-Jasmin
405, rue Ste-Catherine Est
Local J-1120