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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La scission au sujet des élections régionales grecques souligne le cours droitier de la SYRIZA

Par John Vassilopoulos et Alex Lantier
1er octobre 2010

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Des conflits surgissent au sein de la coalition de la « gauche » petite bourgeoise grecque SYRIZA au sujet de la nomination d’un responsable de haut rang du PASOK, Alexis Mitropoulos, comme son candidat pour les élections régionales de novembre à Attica. La région d’Attica dont Athènes, capitale de la Grèce, fait aussi partie, représente plus de la moitié de la population du pays. L’ancien dirigeant de la SYRIZA, Alekos Alavanos, avait annoncé le 9 septembre son intention de lancer une campagne concurrentielle.

La SYRIZA se rapproche ouvertement du PASOK alors même que le gouvernement PASOK du premier ministre Georges Papandreou a réagi à la dette grecque en lançant des attaques draconiennes contre la classe ouvrière. En échange d’un plan sauvetage commun, du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne (UE), Papandreou a réduit radicalement les salaires et les dépenses sociales en produisant ainsi une réduction moyenne de 30 pour cent du niveau de vie des travailleurs. Le fait que la SYRIZA choisisse un tel moment pour approfondir ses liens avec PASOK révèle son caractère droitier.

Alexis Tsipras, le dirigeant de la SYRIZA et de Synaspismos, le plus grand groupe au sein de la SYRIZA, a attaqué la décision d’Alavanos comme étant une « tentative sans précédent d’un responsable de gauche d’imposer sa candidature par le chantage. » Tsipras a suggéré qu’il ne ferait pas de concessions à une opposition interne à la candidature de Mitropoulos en vue de préserver l’unité du parti. « Chacun peut agir selon sa volonté et être responsables de ses actes », a-t-il dit.

Alexis Mitropoulos est un professeur de droit en vue et un membre fondateur de PASOK. Dans les années 1980, sous le gouvernement du père de l’actuel premier ministre, Andreas Papandreou, il avait eu pour tâche d’élaborer le cadre juridique relatif à la politique sociale et du travail.

En mars 2008, il fut élu au conseil national du parti. Il avait déclaré au début du mois qu’il ne participerait pas aux activités du conseil en protestation contre la « politique néolibérale » du gouvernement. Cependant, il est resté au conseil du PASOK alors même que Synaspismos avait soutenu officiellement sa candidature.

Mitropoulos a annoncé le 13 septembre qu’il se présenterait, en même temps que plusieurs autres membres du PASOK, sur la plateforme d’un « Mouvement indépendant pour Attica ». Les circonstances de la candidature de Mitropoulos suggèrent qu’il pourrait bénéficier d’un soutien tacite de la direction du PASOK. Ce n’est que deux jours après son annonce que PASOK publia un communiqué officiel sur Mitropoulos et ce, une fois son adhésion suspendue et en dépit du fait que la SYRIZA l’ait déjà ouvertement courtisé pendant plus d’un mois. Son accueil c’est-à-dire le fait qu’il n’ait pas été exclu — correspond à une simple tape sur les doigts.

Avant de nommer Mitropoulos, Synaspismos avait clairement fait savoir qu’il voulait présenter comme son candidat un membre de haut rang du PASOK. Avant de contacter Mitropoulos, Tsipras avait contacté Sofia Sakorafa, une ancienne championne du lancer du javelot et député du PASOK ainsi que le président du syndicat des fonctionnaires ADEDY, Spyros Papaspyrou, qui est également un membre du PASOK. Tous deux ont décliné l’offre.

La tentative de Synaspismos de trouver un candidat a pris une tournure ridicule au début du mois lorsque Tsipras a demandé au membre de la résistance Manolis Glezos âgé de 88 ans d’être candidat. Glezos a refusé en soutenant à la place l’ancien dirigeant de la SYRIZA Alavanos qui avait déjà laissé entendre son intention d’être candidat.

Alavanos ne représente aucune alternative à la politique droitière de Tsipras et de l’actuelle direction de la SYRIZA. Il se présente sur un programme de « Front pour la solidarité et le renversement », un groupe qu’il avait créé au début de l’année comme nouveau pôle d’attraction pour des groupes d'ex-radicaux petits bourgeois.

Alavanos est issu d’une dynastie politique de longue date basée sur l’île de Ténos. Son père et son grand-père avaient tous deux siégé au parlement. En tant que dirigeant de la SYRIZA et président du Synaspismos, il avait adopté une politique similaire à celle de Tsipras, en proposant de collaborer avec le PASOK en 2008. Quatre factions de la SYRIZA dont l’organisation communiste maoïste de Grèce, soutiennent sa candidature.

Alavanos essaie pour l’heure de présenter le PASOK comme un parti ayant temporairement abandonné son caractère droitier. Dans une récente interview télévisée, il a dit, « [N]ous avons un gouvernement qui a avancé un programme et qui maintenant applique quelque chose de tout à fait différent. » Alavanos a déploré « l’effondrement du pouvoir populaire. »

A un moment où les travailleurs se rendent compte que les promesses électorales de Papandreou d’accroître les dépenses sociales sont des mensonges, et que l’ensemble de l’establishment politique est regroupé contre eux, les affirmations d’Alavanos représentent une tentative de rétablir des illusions réformistes.

La plupart des commentateurs de presse parlent d’une scission de facto de la SYRIZA. Un éditorial dans le Kathimerini déclare, « Pour la gauche, il est clair qu’après les annonces faites par Mitropoulos et Alavanos, l’éclatement de la SYRIZA est maintenant un fait et les deux plateformes électorales sont un précurseur de la formation de nouveaux groupements politiques. »

Une telle scission ne se ferait pas sur la base de principes. Alavanos ne se préoccupe nullement de rassembler une opposition contre le PASOK, mais cherche plutôt à maintenir une certaine crédibilité pour la soi-disant « gauche ». Il n’a aucune différence politique fondamentale avec Mitropoulos ou Tsipras.

Les deux candidats, Mitropoulos et Alavanos, promeuvent le nationalisme. Dans un discours prononcé la semaine passée, Alavanos a accusé le gouvernement de « remettre le pouvoir à des étrangers, le FMI et l’UE ». Dans une interview accordée au journal de Synaspismos, Avghi, Mitropoulos a promis de « renforcer la fierté et la dignité de notre peuple en recourant à notre position géopolitique et nos ressources nationales ».

Le caractère de classe de la politique de la SYRIZA est tellement évident que le principal parti droitier de la Grèce, la Nouvelle Démocratie (ND), la considère comme un allié crédible. Le quotidien Eleftherotypia a écrit le mois dernier que le dirigeant de ND, Antonis Samaras, comptait « réunir le Parti communiste [stalinien] grec, une section de la SYRIZA et des parties du [parti néo-fasciste] LAOS contre le PASOK ».

Les manifestations syndicales inefficaces de 24 heures et que la SYRIZA a soutenues n’effraient pas la ND. Selon Eleftherotypia, Samaras, le dirigeant de la ND prévoit son « offensive de charme » pour précisément le moment où la SYRIZA et le Parti communiste effectueront leurs « exercices révolutionnaires ».

Les tentatives désespérées de la SYRIZA de s’associer au PASOK prouvent son nouveau virage à droite depuis que le l’Aile novatrice (Renewal Wing, RW) a quitté ses rangs en juillet. Depuis, l’Aile novatrice a formé le parti Gauche démocratique (Democratic Left, DL) sous la direction de Fotis Kouvelis.

Au moment de la scission, Kouvelis avait déclaré : « Nous voulons une gauche qui ne considère pas qu’il soit légitime de défendre tous les droits acquis des travailleurs, ni de céder aux exigences des syndicats et des associations en échange de gains politiques insignifiants. » Il réagissait en cela à la mise en place du fonds de stabilisation européen qui a signalé que les mesures d’austérité de Papandreou seraient soutenues par le FMI et l’UE. Sur cette base, il voulait instaurer des liens plus étroits avec le PASOK afin de contribuer à l’application des coupes.

Kouvelis et son parti nouvellement formé de la Gauche démocratique (DL) ont conclu depuis un accord avec le PASOK pour les élections locales avec des candidats d’Athènes, de Volos et de Thessalonique et qui figurent sur un bulletin de vote commun. Papandreou a qualifié le partenariat avec DL de « stratégique ».

A la question de savoir si des postes gouvernementaux iraient aux membres de DL, Papandreou a dit que le partenariat sera poursuivi. En faisant remarquer l’importance de « l’alibi de gauche » procuré par Kouvelis à Papandreou, un article paru dans le journal en ligne Zoomnews.gr s’est demandé « quand la date du mariage sera annoncée maintenant que les fiançailles ont été célébrées ».

Tsipras est à présent en train de répéter les arguments de base qui sous-tendent la démarche de RW en faveur d’une position ouvertement pro-austérité et pro-PASOK. Dans une interview radiophonique du 14 septembre, Tsipras a parlé d’une « nouvelle situation existant dans le pays et définie par la présence du FMI et qui a entraîné une restructuration du paysage politique du pays, y compris dans la Gauche. »

Ces positions contredisent toutes les affirmations des ex-radicaux petits bourgeois qu’avec le départ de Kouvelis, SYRIZA pourrait à présent opérer un virage à gauche. Au sein de SYRIZA, de telles positions étaient représentées par Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale ouvrière (Voir, « Grèce: Que se cache-t-il derrière la scission de l’aile droite de SYRIZA ? . »

Une position identique avait été avancée par SEK, le parti frère du Socialist Workers Party en Grande-Bretagne et un membre de la coalition « anticapitaliste » grecque ANTARSYA. En qualifiant le départ de RW comme « positif », le journal du SEK, Socialism From Below (« Le socialisme d’en bas »), a écrit : « si ce n’est pas l’ensemble de SYRIZA qui virera à gauche, alors cela pourra être au moins sa tendance de gauche. »

En fait, la logique des positions de SYRIZA, et l’identité de son candidat à Attica, suggère qu’elle suivra le RW dans une alliance plus explicite avec le PASOK contre la classe ouvrière.

(Article original paru le 21 septembre 2010)

 

Voir aussi:

Grèce : la pseudo-gauche et les syndicats [29 mars 2010]

La crise grecque et la lutte pour les États socialistes unis d'Europe, [28 avril 2010]

Grèce : la crise de l’euro et les tâches auxquelles est confrontée la classe ouvrière européenne, [5 mai 2010]

Le rassemblement de la Syriza : la politique réactionnaire de « gauche » de la classe moyenne en Grèce [28 mai 2010]

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