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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les autorités universitaires et la police tentent d’empêcher à Berlin la tenue d’une réunion pour la défense de Günter Grass

Par nos correspondants
27 avril 2012

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Lundi, la direction de l’Université technique de Berlin a annulé au dernier moment une réunion organisée par l’Internationale étudiante pour l’Egalité sociale (IEES) et intitulée « Pour la défense de Günter Grass. »

Bien que l’IEES ait déjà organisé de nombreuses réunions à l’université, cette fois-ci la direction a retardé la confirmation de la réservation de la salle. Peu de temps avant la tenue de la réunion en question, la réservation a été annulée.

A ce jour, l’université n’a fourni aucune explication officielle. Un membre du personnel du directeur de l’université, Jörg Steinbach, a dit à un représentant de l’IEES qu’il fallait considérer, lors de la décision d’acceptation de la tenue de la réunion, la question de savoir si « les relations avec les représentants de l’Etat d’Israël » étaient susceptibles d’être affectées – indication claire que la direction de l’université a été soumise à une pression politique visant à bloquer cette réunion.

Berlin
La réunion à Berlin

Après que l’IEES eut transféré la réunion dans un café situé sur le campus la police est intervenue. Plusieurs policiers sont entrés dans le café pour avertir la gérante sur d’éventuelles « perturbations. » La gérante a alors téléphoné au propriétaire du café qui lui a demandé de mettre un terme à la réunion parce que l’université lui fournissait ses clients.

Vendredi dernier à Francfort, des provocateurs pro-israéliens avaient tenté en vain de perturber une réunion organisée par l’IEES sur le même sujet. (Voir : Des provocateurs pro-israéliens tentent en vain de perturber une réunion du PSG (Allemagne) pour la défense de Günter Grass )

A Berlin, il n’y a eu au cours de la réunion aucun signe donnant à penser quelqu’un pourrait chercher à la perturber. Ce n’est que plus tard, une fois que les participants à la réunion ont quitté le café qu’un petit groupe d’activistes pro-Israël est apparu. La police était manifestement déterminée à empêcher la tenue de la réunion.

Malgré cette censure politique flagrante, l’IEES n'a pas été dissuadée de tenir la réunion. Le propriétaire d’un café avoisinant a mis ses locaux à disposition.

Il en a été de même pour la soixantaine de participants qui ont refusé de se laisser intimider ou décourager par le long retard. Ils se sont tous rendus sur le nouveau lieu de réunion. Ceci souligne le fait qu’alors que les médias et les autorités cherchent à supprimer tout débat sur les préparatifs de guerre contre l’Iran, il existe au sein de la population en général un besoin énorme d’information et une vaste opposition à une nouvelle guerre au Moyen-Orient.

Dans son intervention, Wolfgang Weber, membre du comité exécutif du Parti de l’Egalité sociale en Allemagne (Partei für Soziale Gleichheit, PSG) a informé l'auditoire sur le stade bien avancé des préparatifs de guerre contre l’Iran et contre lesquels Günter Grass a mis en garde dans son poème « Ce qui doit être dit ». La publication du poème au début du mois a provoqué une chasse aux sorcières acharnée contre l’écrivain et prix Nobel de littérature lors de laquelle l’establishment médiatique et l’ensemble des principaux partis politiques ont attaqué Grass en le qualifiant d’antisémite et même de nazi non déclaré.

Weber a d'abord montré à quel point l’Iran est encerclé de toutes parts par des forces aériennes, terrestres et navales de puissances hostiles et qui sont considérablement supérieures à celles de l’Iran. Plusieurs unités navales américaines sont stationnées dans le Golfe persique et au large de la péninsule arabique. En termes de pourcentage du produit intérieur brut, les dépenses militaires de l’Arabie saoudite et d’Israël les placent au troisième et sixième rang mondial alors que l’Iran se situe en soixantième position.

Contrairement à Israël, l’Iran ne possède pas d’armes nucléaires et a signé le Traité de non-prolifération nucléaire autorisant ainsi les inspecteurs étrangers à entrer dans le pays. En 2007, des agences de renseignement américaines avaient constaté que l’Iran avait suspendu son programme d’armement nucléaire. Néanmoins, les Etats-Unis ont imposé des sanctions qui sont constamment renforcées et ont des conséquences de plus en plus graves pour la population civile.

Pour éclaircir le contexte du conflit, Weber a présenté l’histoire récente de l’Iran. En 1953, le gouvernement élu de Mohammed Mossadegh fut renversé par un coup d’Etat soutenu par la CIA et remplacé par le régime du Shah Pahlavi. Le Shah servit pendant un quart de siècle de marionnette aux Etats-Unis, protégeant les intérêts américains dans le pays qui détient les troisièmes plus vastes ressources pétrolières du monde.

Après le renversement de Pahlavi, lors de la révolution de 1979, le régime des mollah qui vint au pouvoir est, depuis, considéré par Washington comme une épine dans le pied. De 1980 à 1988, les Etats-Unis ont soutenu l’Irak dans sa guerre contre l’Iran, qui a coûté la vie à un million de personnes.

Afin de démasquer la propagande de guerre contre l’Iran, Weber a énuméré les arguments employés en 2003 pour justifier la guerre contre l’Irak, et qui tous étaient des mensonges. Ils ressemblent étrangement à la propagande actuelle faite contre l’Iran.

L’accusation selon laquelle l’Irak était en possession d’armes de destruction massive était tout aussi infondée que l’actuelle accusation que l’Iran sera très bientôt en possession de la bombe atomique, a expliqué Weber. Et pourtant, ce mensonge évident concernant des armes de destruction massive irakienne avait servi à justifier une invasion et une occupation qui tua 655.000 personnes et força quatre millions d’autres à fuir.

Weber a illustré les implications mondiales du conflit iranien au moyen de statistiques montrant que 20 pour cent des exportations de pétrole iranien allaient à la Chine, 17 pour cent au Japon et 16 pour cent à l’Inde. Il a remarqué qu’en raison de sa puissance économique internationale, la Chine était devenue l’ennemi numéro un de l’Amérique. « Tous les conflits régionaux, y compris le conflit au Moyen-Orient, » a-t-il dit, « doivent être considérés dans le contexte de ce conflit mondial entre Beijing et Washington. »

Weber a ensuite expliqué le rôle joué par Israël dans le conflit au Moyen-Orient. Se référant à l’histoire de la persécution des Juifs, Weber a dit : « L’Etat d’Israël a reçu les éloges des Sionistes en réponse à cela. En réalité, il s’est révélé être un piège pour tous ceux qui sont concernés. Israël est une poudrière, caractérisée par une extrême inégalité sociale. »

« C’est un pays profondément divisé dans lequel le niveau de vie ne cesse de baisser depuis 25 ans et où l’inégalité sociale s’accroît. Quelque 25 pour cent des retraités et 40 pour cent des enfants vivent dans la pauvreté et 30 pour cent supplémentaires des enfants sont menacés de pauvreté. Tous les ans, l’on compte 50.000 avortements en raison de difficultés financières. »

L’été dernier, il y a eu en Israël les plus importantes manifestations sociales de son histoire, a dit Weber. Comme pour toutes les guerres, l’agitation en faveur de la guerre contre l’Iran a pour but de détourner l’attention de la population israélienne des tensions sociales internes.

Finalement, Weber a précisé le rôle joué par l’Allemagne dans le conflit au Moyen-Orient. Il a indiqué que depuis que le ministre des Affaires étrangères, Joschka Fischer, du Parti des Verts avait fait participer en 1998, pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale, des soldats allemands à des missions militaires, les troupes allemandes sont régulièrement déployées dans des opérations militaires internationales. Il est peu probable que l’Allemagne se tienne à l'écart de la guerre au Moyen-Orient pour des raisons tactiques, comme elle l’avait fait en Libye.

Cet état de fait, a poursuivi Weber, est souligné par la réaction hystérique des médias au poème de Grass. Le poète dit uniquement qu’Israël est en train de préparer une guerre qui menace la paix dans le monde et que l’Allemagne livre des armes à cette fin. Le fait que cette constatation provoque un tel flot de calomnies contre Grass montre que les préparatifs pour une participation allemande sont à un stade bien avancé.

En conclusion, a souligné Weber, la classe ouvrière doit se mobiliser contre les fauteurs de guerre de Washington, Berlin et Tel Aviv. Les masses laborieuses arabes et juives doivent s’unir dans la lutte pour les Etats socialistes unis du Moyen-Orient et la classe ouvrière d’Europe dans la lutte pour les Etats socialistes unis d’Europe.

(Article original paru le 25 avril 2012)

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