Le 11
octobre, à Londres, les sections européennes du Comité international de la
Quatrième Internationale ont tenu une réunion publique sur les leçons de la
Seconde Guerre mondiale.
Cette réunion
a été organisée conjointement par les Partis de
l'égalité socialiste de Grande-Bretagne et d'Allemagne, avec la participation
des partisans du CIQI en France. Nous affichons ici la première partie de
l'allocution faite par Julie Hyland, membre de la rédaction du WSWS. La seconde
partie sera affichée le 30 décembre
Les horreurs de
la Seconde Guerre mondiale ont été telles qu'elles ont entraîné la création
d'un nouveau terme, celui de génocide. Pourtant, 70 ans après, les
commémorations qui ont eu lieu pour marquer cette expérience catastrophique ont
été soit discrètes, soit inexistantes. Le rassemblement d'une vingtaine de
chefs d'Etat en Pologne le 1er septembre a été à peine mentionné
sinon pour faire état de la brouille entre les représentants russes et polonais.
Il n'y a eu aucune commémoration officielle en
Grande-Bretagne, ce qui est remarquable étant donné que des générations
d'écoliers sont élevées dans le culte de cette « Grande
Heure » de l'histoire
britannique.
Je n'ai pu trouver aucune citation du premier ministre Gordon Brown marquant cet anniversaire. La seule
référence faite par Brown le fut lors d'un discours le 4 septembre où il parla d'un « immense sentiment
d'étonnement et d'humilité devant l'ampleur de ce qui a été accompli et la
liste des efforts et des sacrifices » — un sentiment
démenti par le fait qu'il n'occupait que trois lignes dans ses remarques.
L'un de ceux qui ont commenté cet anniversaire
était l'historien britannique de droite Niall Fergusson. Un fervent défenseur
des vertus de l'empire britannique et partisan de
l'invasion de l'Irak en 2003. Dans son livre Colossus sur l'expérience
de l'impérialisme américain, Fergusson dépeint l'empire comme un remède à
l'anarchie et à la barbarie. Sa critique des États-Unis sous le gouvernement
Bush consistait à se demander s'ils étaient vraiment prêts à consacrer les ressources
nécessaires pour mener à bien cette stratégie, et en particulier à se demander
s'ils étaient prêts à réaliser les changements nécessaires en politique
intérieure.
La thèse
principale de son article du 5 septembre dans le Guardian était que les
explications traditionnelles de la Seconde Guerre mondiale étaient trop
étroites et centrées sur l'Europe.
Pour soutenir
cette thèse, Fergusson indiquait que l'invasion de la Pologne par l'Allemagne
n'avait pas mis fin à une période de vingt ans de paix comme on le présente
généralement. Il n'y a quasiment pas eu une seule année sans violences
sérieuses dans un coin ou l'autre du monde après la fin de la Première Guerre mondiale en 1918. Cela en a poussé certains à présenter la première
moitié du XXe siècle, de 1914 à 1945, comme « une guerre civile européenne quasi permanente », écrit-il.
« Même cette conception n'est pas encore
suffisante », poursuit-il. « Pour l'historien travaillant sur l'histoire mondiale, il est plus
intéressant d'envisager la période allant de 1904 [date de la guerre
russo-japonaise en Mandchourie] à 1953 comme une sorte de guerre de 50
ans. »
Toujours selon lui, cela vient de ce que le « Leitmotiv » de cette période « était le
conflit entre les empires occidentaux au sujet de la question centrale de la
domination de la grande masse continentale eurasienne ». Une zone si riche en terres et en matières premières que son contrôle
déterminerait qui dominerait le monde.
C'est dans ce contexte, que l'on doit comprendre
la politique du Lebensraum de Hitler — politique
visant à contrôler toutes les terres jusqu'à la Volga —
ainsi que celle de l'assaut japonais sur la Chine orientale et en Asie. C'était
une tentative de la part de deux puissances montantes d'arracher cette région
stratégique des mains anglaises, françaises, russes et américaines.
La caractérisation par Fergusson de
l'importance essentielle de l'Eurasie dans la Seconde Guerre mondiale n'est pas
une nouveauté. C'était bien la préoccupation majeure de cette période.
La première « stratégie
eurasienne » de domination mondiale a été élaborée, sans surprise, en
Grande-Bretagne par le stratège impérialiste Halford Mackinder. Son papier
présenté à la Royal Geographical Society, justement en 1904, était intitulé
« le pivot géographique de l'Histoire ».
Il y définissait la masse de terres
eurasiennes, incluant les trois continents liés, Europe, Asie et Afrique comme
une « île-monde », dont le périmètre s'étend de
la Volga au Yang-tze et de l'Himalaya à l'Arctique.
Le souci de Mackinder était que les
développements technologiques, en particulier dans les transports, avaient
ouvert la masse terrestre eurasienne et ses ressources gigantesques à la
pénétration de l'Allemagne ou de la Russie, menaçant ainsi l'Empire britannique.
« Qui dirige l'Europe de l'Est contrôle
le cœur des terres, qui dirige le cœur des terres contrôle l'île-monde, qui
dirige l'île-monde contrôle le monde », avertissait-il.
La stratégie de
Mackinder allait être critiquée par la suite. Mais à l'époque elle était
étudiée de près par des hommes d'Etat de premier plan. Parmi ceux qui auraient
été convaincus par sa thèse, l'on compte un certain Rudolf Hess qui l'aurait
présenté à Hitler.
L'impérialisme
Fergusson est un
opposant au marxisme.S'il conteste les
images traditionnelles de la Seconde Guerre mondiale et refuse de considérer
que ses causes se trouvent dans l'idéologie ou la dépression économique, il est
également incapable d'expliquer les facteurs plus profonds qui ont entraîné son
éclatement.
En réalité, la lutte pour établir des empires
était intimement liée aux profondes contradictions du système de profit
capitaliste.
En analysant la Première Guerre
mondiale, Lénine avait défini le développement de l'impérialisme
comme une évolution dans laquelle le capital financier et les gigantesques
monopoles capitalistes dominent le monde. Soutenant « la réaction sur toute la ligne », il s'était « développé en un système mondial d'oppression coloniale de
l'étranglement financier de la grande majorité des habitants de la planète par
une poignée de pays "avancés" luttant chacun pour établir sa domination sur les territoires, les
sources de matières premières et les sphères
d'influence ».
Par la guerre, les différentes puissances
bourgeoises ont cherché à dépasser la contradiction entre le développement d'un
monde économiquement très intégré et le système démodé des États-nations, fondés sur la propriété privée des moyens de production, en
établissant leur domination sur tous les autres.
La classe ouvrière ne pouvait apporter aucun
soutien à cette lutte fratricide. Sa tâche était d'abolir les divisions
nationales et les relations de propriété capitalistes en réorganisant le monde
par la révolution sociale.C'est
précisément ce que les bolcheviques s'étaient assignés comme tâche en prenant
le pouvoir en Russie en octobre 1917.
Aucune des contradictions qui se trouvaient
derrière le déclenchement de la première boucherie impérialiste ne furent
résolues une fois celle-ci terminée. Si ces contradictions ont changé, c'est
pour devenir encore plus putrides.
Du fait que la Révolution russe n'a pas pu être étendue à l'Europe, en
particulier, les années d'entre-guerre se sont avérées être un simple répit
temporaire.Comme le prévenait
Trotsky en 1934, la réémergence de la guerre allait être « encore plus cruelle, plus destructrice que la précédente ».
L'Europe en particulier était soumise à des
tensions nationales, des dislocations économiques et des mouvements sociaux de plus
en plus forts.
La crise économique signifiait qu'entre 1928
et 1932 le commerce mondial avait chuté de 30 pour cent et la production
industrielle de 50 pour cent.Partout,
la bourgeoisie réagit par des mesures protectionnistes, comme la loi Smoot-Hawley
aux États-Unis [votée en 1930 par le congrès républicain, elle augmentait les
taxes de 59 pour cent sur des milliers de produits, elle
entraîna des mesures de rétorsions de la part des autres pays, ndt]. En même
temps, les conditions sociales de la vaste majorité de la population mondiale
se détérioraient rapidement.
Devant les terribles événements qui se
produisirent en Allemagne, avec l'arrivée de Hitler au pouvoir sans qu'un seul
coup de feu ne soit tiré pour s'y opposer,Trotsky avait publié un appel à une nouvelle Internationale, la
Quatrième Internationale. La politique désastreuse du Parti communiste allemand
et la défense par le Komintern de cette politique avaient
confirmé que la Troisième Internationale avait été détruite par la bureaucratie
stalinienne du point de vue du socialisme international.
La Quatrième Internationale fut créée en 1938
à la veille du déclenchement de la guerre. Dans des conditions extrêmement
dangereuses, une conférence d'urgence à Paris en mai 1940 adopta le manifeste de
la Quatrième Internationale sur la guerre impérialiste et la révolution
prolétarienne.
En s'adressant aux travailleurs et aux masses
opprimées du monde comme seule force sociale capable de réorganiser le monde
sur des fondations rationnelles et progressistes, elle prévenait que dans la
lutte entre capitalistes rivaux, en vue de la nouvelle division du monde et de
ses ressources, « Les capitalistes détruisent et
ravagent tout ce qui a été créé par des siècles de travail. »
Dans une prévision tragiquement juste, elle
mettait en garde contre la montée dangereuse du chauvinisme et « en particulier de l'antisémitisme. À l'époque de son ascension, le
capitalisme a sorti les juifs du ghetto et s'en est servi pour son expansion
commerciale. Aujourd'hui, la société capitaliste en décadence cherche
désespérément à tirer tout ce qu'il peut du peuple juif ; dix-sept-millions de personne sur les deux milliards qui peuplent le monde, c'est-à-dire moins d'un
pour cent, ne peuvent plus trouver leur place sur notre planète ! Parmi les
grandes étendues de terres et les merveilles de technologie, qui ont également
ouvert aux hommes les cieux en plus de la terre, la bourgeoisie est parvenue à
transformer notre planète en une prison malsaine. »
L'Afghanistan
En commençant cette intervention, j'ai dit que
je n'avais pu trouver que trois lignes faisant référence à l'anniversaire de la
Seconde Guerre mondiale dans toutes les paroles de Brown. Ces trois lignes se
trouvaient dans un discours prononcé à l'Institut international des études
stratégiques, et la suite consistait en une défense de la stratégie du
gouvernement en Afghanistan et une contestation des arguments de ceux qui
remettent en question l'implication des troupes britanniques là-bas.
Brown a peut-être voulu éviter de rendre trop
évidentes les analogies entre l'implication britannique en Afghanistan et ce
70e anniversaire, mais ces analogies existent néanmoins. Notre réunion se
déroule dans le contexte d'un débat de plus en plus intense sur la meilleure
façon de subjuguer l'Afghanistan, débat qui a vu des confrontations ouvertes
aux États-Unis entre diverses sections du commandement militaire et du
gouvernement Obama.
Le commandant en chef en Afghanistan, le
général Stanley McChrystal a demandé que 60.000 hommes supplémentaires soient envoyés dans le pays. Il a présenté
ses exigences lors d'un discours à l'Institut international de Londres, et y a
emporté l'adhésion des échelons supérieurs de l'armée britannique et de la
plupart des médias.
Quel que soit le résultat de ces débats, une
chose est claire — il n'y aura pas de paix en Afghanistan. Alors que certaines sections
de l'establishment américain sont inquiètes du risque de s'enfoncer
encore plus dans le bourbier afghan, Obama a déjà exclu toute réduction du
nombre de troupes, tandis que Brown envisage d'envoyer entre 500 et 1000 hommes
supplémentaires. Il y a une unanimité complète parmi les cercles dirigeants sur
le fait que la direction favorisée par la majorité des Américains et des Britanniques,
le retrait de l'Afghanistan, est hors de question.
Ce fait suffit à
lui seul à démontrer à quel point étaient faux les espoirs que l'élection
d'Obama à la présidence mettrait une fin à la guerre.
Encore plus
récemment, lorsque Obama a annoncé qu'il envisageait de suspendre le
déploiement d'un bouclier anti-missiles en Pologne et en République tchèque,
certains dans les médias britanniques ont affirmé que cela représentait un
changement majeur par rapport à l'époque de Bush, et un tournant vers des relations
internationales plus équitables. L'on a même vu Obama recevoir le Prix Nobel de
la paix, ce qui est une obscénité.
En fait, la
décision au sujet du bouclier de défense anti-missiles et la discussion sur la
stratégie en Afghanistan sont de nature purement tactique. Certains à
Washington sont arrivés à la conclusion que pour remporter la guerre en
Afghanistan, tout en poursuivant l'occupation de l'Irak, il est nécessaire de
s'appuyer sur le soutien de leurs alliés européens et d'autres puissances comme
la Russie.
Mais les lignes
de faille essentielles existent toujours. Comme l'affirme le Comité
international de la Quatrième Internationale, une nouvelle ruée pour un nouveau
partage du monde est en cours. Et malgré les 60 ans écoulés, il y a une
continuité entre cette lutte et celle qui a caractérisé la première moitié du
vingtième siècle.
En raison du
rôle joué par le stalinisme et la
social-démocratie dans
l'empêchement des révolutions, la Seconde Guerre mondiale ne s'est pas terminée
par le renversement du capitalisme. Avec la défaite de l'Allemagne, sa division
puis la division du monde durant la Guerre froide entre l'Union soviétique et
les États-nations capitalistes sous l'hégémonie économique
et politique de l'impérialisme américain, le capitalisme européen a été
ressuscité.
Malgré toutes
les tensions qui traversaient ces relations, ce cadre a fourni un certain degré
d'équilibre aux relations internationales. Fergusson le reconnaît lorsqu'il dit
que les 50 ans de guerre se sont terminés en 1953 — c'est-à-dire avec le début de la Guerre froide.
Cependant, les contradictions fondamentales
n'ont pas été abolies, mais seulement mises en sourdine. Il suffit de se
pencher sur la période récente depuis 1991, avec la dissolution de l'URSS et
l'effondrement des Etats d'Europe de l'Est pour le confirmer.
Le Comité
international était le seul à rejeter les affirmations selon lesquelles ce qui
était en jeu à ce moment-là était « l'effondrement du communisme » et le « triomphe de la démocratie libérale ». Au contraire, nous insistions sur le fait que ces mêmes forces
économiques qui avaient sapé les régimes autarciques nationaux et fait voler en
éclats les arrangements
d'après-guerre, le développement
de la technologie et de la production mondialisée,avaient ouvert une nouvelle période de convulsions, qui ne pourrait trouver leur
solution sous le capitalisme sans la restructuration violente des relations
politiques et économiques.
Cela a été particulièrement le cas une fois
que ces bouleversements ont ouvert de vastes zones du globe précédemment
fermées depuis 1917 à la pénétration capitaliste, dont
certaines des plus grandes réserves de pétroles encore disponibles du monde,
notamment dans les ex-Républiques soviétiques bordant la mer
Caspienne.
Les États-Unis ont réagi à ces changements de
la manière la plus agressive. Ce n'est pas seulement du fait que leurs efforts
pour établir un empire vraiment mondial ont été entravés durant soixante-dix
ans par l'existence de l'Union soviétique. Mais l'ouverture de ces vastes zones
a coïncidé avec un revers majeur des fortunes des États-Unis, lesquels sont
passés de la position de première nation créditrice du monde à celle de nation
la plus endettée.
Dans ces conditions où sa puissance économique
déclinante risque d'être contestée, non seulement par ses vieux rivaux en
Europe, mais par les nouvelles puissances émergentes en Chine et en Inde, ils
ont cherché à exploiter le seul avantage qu'il leur reste, leur supériorité militaire, afin de compenser leur
faiblesse économique.
C'est cela qui
explique la flambée des agressions
américaines depuis 1991, à
commencer par la première
intervention dans le golfe Persique
cette année-là, puis l'attaque sur la Yougoslavie, la seconde intervention en
Irak et l'Afghanistan, et maintenant les menaces contre l'Iran.
Nous avons
attiré régulièrement l'attention sur les déclarations des idéologues de premier
plan de l'impérialisme américain, en particulier ceux de Zbigniew Brzezinzki, un ex-conseiller du président Carter et maintenant l'un des principaux
conseillers d'Obama.
Dans son livre, Le
grand échiquier, publié en 1997 Brzezinzki soulignait l'importance de l'Eurasie, abritant 75 pour cent de la population
mondiale, 60 pour cent de son PIB, et 75 pour cent des ressources énergétiques, comme « l'échiquier sur lequel la lutte pour la
primauté mondiale continue à se
jouer ».
« La question de savoir comment une
Amérique engagée dans le monde entier s'accommode des relations complexes entre
les puissances eurasiennes, et en particulier de savoir si elle empêche
l'émergence d'une puissance antagoniste
eurasienne dominante, reste
essentielle pour la capacité américaine à exercer une hégémonie mondiale », a-t-il averti.
Pour Brzezinzki, les États-Unis ne peuvent pas
espérer dominer l'Eurasie à eux seuls. Leur déclin économique et la montée des
autres puissances signifient que la poursuite de leurs objectifs à long terme
de domination du Moyen-Orient et de l'Asie centrale sont mieux servis en
tentant de faire pencher l'équilibre des puissances en leur faveur, tout en ne
laissant pas l'initiative à une autre nation.
Pour cela, Brzezinzki a soutenu l'idée de
recourir à l'aide d'autres puissances, et a soutenu les appels britanniques et
allemands à ce que les Nations unies convoquent une conférence sur
l'Afghanistan. Loin d'apporter la paix à L'Afghanistan, cependant, c'est un
mécanisme cynique à travers lequel les puissances européennes cherchent à se
trouver un rôle plus important dans cette tentative de redessiner l'Asie
centrale.
L'Afghanistan n'est pas non plus l'unique
cible.En ayant recours à un
soutien international plus grand, les États-Unis espèrent mener à bien leurs objectifs
en Iran.
Permettez-moi de vous lire un article de
Robert Kaplan, un commentateur de droite.Dans un article de mai-juin 2009 pour le magazine Foreign Policy intitulé
« La revanche de la géographie », Kaplan a lui aussi évoqué Mackinder et sa thèse sur l'Eurasie comme
étant la clef de notre époque. Tout comme les puissances européennes s'étaient
retrouvées sans espaces où s'étendre au début du XXe siècle, ce qui entraîna
les conflits mondiaux, un processus similaire est en cours aujourd'hui.
Kaplan, bien
sûr, cite l'Eurasie même, et l'émergence de la Chine entre
autres, comme source de cette instabilité.Il énumère de nombreuses « zones
de choc », dont celle
qu'il définit comme son « coeur perse, s'étendant de la mer Caspienne au nord de L'Iran jusqu'au golfe Persique à son sud » —
abritant quasiment tout le pétrole et le gaz naturel du Moyen-Orient, ainsi que
le point central des lignes de transport maritime mondial et de nombreux
pipelines.
L'Iran, note-t-il est le
« seul pays qui
chevauche ces deux régions riches en ressources énergétiques ».
Dans des
remarques qui rendent clair le contenu des plaintes occidentales contre les récentes élections
« volées » en
Iran, ainsi que le rôle réactionnaire joué par les divers groupes
petits-bourgeois de la pseudo-gauche qui se sont rangés derrière Moussavi, il
définit ce qu'il appelle avec
euphémisme une politique d'« endiguement » (containment) à l'égard de l'Iran. Le but,
explique-t-il, est « d'exercer une pression sur les
contradictions du régime théocratique impopulaire à Téhéran, pour qu'il finisse
par changer de l'intérieur ». Le changement de régime, en d'autres
termes, doit être soutenu par la menace de l'usage de la force.
« Nous devons tous apprendre à penser comme
des victoriens », écrit Kaplan. En particulier, parce que « la récession qui se développe va probablement entraîner la contraction de
l'économie mondiale pour la première fois en six décennies. Non seulement la
richesse, mais aussi l'ordre social et politique, seront atteints en de
nombreux endroits, ne laissant que les frontières naturelles et la passion des
hommes comme principaux arbitres de l'ancienne question : qui peut contrôler qui ? »