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WSWS : Histoire et culture

Les trotskystes européens marquent le 70e anniversaire de la Seconde Guerre mondiale

Une bataille pour établir des empires dont les causes plongent dans les plus profondes contradictions du capitalisme

Deuxième partie

Par Julie Hyland
30 décembre 2009

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Le 11 octobre, à Londres, les sections européennes du Comité international de la Quatrième Internationale ont tenu une réunion publique sur les leçons de la Seconde Guerre mondiale.

Cette réunion a été organisée conjointement par les Partis de l'égalité socialiste de Grande-Bretagne et d'Allemagne, avec la participation des partisans du CIQI en France.

La première partie a été affichée le 29 décembre. Nous affichons ci-dessous la seconde et dernière partie de l'allocution faite par Julie Hyland, membre de la rédaction du WSWS.

Un regain de la lutte pour le partage du monde

Il n'existe pas d'hégémonie « bénigne » ou d'équilibre amical entre les puissances.

Pourquoi faudrait-il croire que l'Allemagne, la Chine, la Russie ou n'importe quelle autre puissance va simplement accepter le rôle que veut se donner l'Amérique dans tout nouvel équilibre des puissances mondiales ?

La semaine dernière, nous avons appris que les pays du Golfe, ainsi que la Chine, la Russie, le Japon et la France, projetaient secrètement de cesser d'utiliser le dollar pour le commerce du pétrole, pour passer plutôt à un panier de monnaies. Ces rapports ont été niés, mais le mois dernier, la Chine a décidé de vendre sa première série de bons du Trésor en yuan à des étrangers.

Écrivant pour l’Independent, Robert Fisk a cité un avertissement donné par Sun Bigan, le précédent envoyé spécial chinois au Moyen-Orient, de ce que « les querelles bilatérales et les heurts sont inévitables » entre la Chine et les États-Unis dans la région. « Cela sonne comme une annonce des risques d'une future guerre économique entre les États-Unis et la Chine à propos du pétrole du Moyen-Orient, transformant à nouveau les conflits de cette région en une bataille pour la suprématie parmi les grandes puissances », écrit Fisk.

Le fait est que la reprise de la lutte pour le contrôle des matières premières et des ressources a une logique objective. Écrivant dans le Guardian du 17 septembre, Tristam Hunt a reconnu que même si peu de gens se rappellent du nom de Mackinder, « la politique étrangère se joue maintenant dans son ombre ».

« Aujourd'hui, en Géorgie, en Tchétchénie, en Afghanistan et même en Iran, une bataille ouverte et secrète en même temps pour le cœur des terres fait rage. Les tensions de notre temps ont ramené à la vie les réflexions de l'un des académiciens les plus influents du vingtième siècle. »

Les rivages de la Somalie, à la croisée des routes maritimes stratégiques du golfe d'Aden et de l'océan Indien, sont déjà occupés par 25 à 30 navires de guerre français, britanniques, allemands, russes, chinois et américains, tous censés être là pour lutter contre les pirates.

Pour donner un autre exemple, quelles sont les conséquences du prolongement au Pakistan de la guerre menée en Afghanistan par les Etats-Unis et ses alliés pour ce qui est de la stabilité de cette région où il y a pléthore d'armes nucléaires ? Et qu'en est-il pour la Chine, alliée du Pakistan ?

En août 2008, nous avons été témoins du déclenchement d'une guerre par Etat interposé entre les Etats-Unis et la Russie, où le gouvernement géorgien, avec le soutien de Washington, avait lancé une attaque contre les forces russes en Ossétie du Sud. Cette fois-ci, ce conflit au sujet des voies d'acheminement des ressources énergétiques hors d'Asie centrale s'est conclu sans autre incident.

Mais pour combien de temps ? Businessnews Europe a fait savoir le 30 septembre que les ex-républiques soviétiques riches en pétrole avaient attiré des milliards de dollars en investissements, notamment chinois, et que la région eurasienne est déjà le théâtre d'une rivalité montante entre les grandes transnationales et les entreprises nationales russes, chinoises, indiennes, japonaises et sud-coréennes espérant obtenir un accès à la richesse minérale de la région.

Jusqu'ici, les craintes face à l'unilatéralisme américain ont largement dicté la réponse de la bourgeoisie européenne. Mais encore une fois, pour combien de temps ?

Par exemple, John Vinocur écrivant dans le New York Times du 7 septembre, se plaignait qu'il n'était plus possible de faire confiance à l'Allemagne.

Ses relations « ambigües » avec la Russie, son refus d'un renflouage financier à l'échelle de toute l'Union européenne, son « opacité » au sujet de l'OTAN et, non des moindres, sa décision de « sauver » Opel, avec des fonds russes, au détriment de General Motors, ont remis en question sa fiabilité en tant qu'allié traditionnel des Etats-Unis.

Stephen F. Szabo, directeur exécutif de l'Académie transatlantique, installée aux Etats-Unis dans les bureaux du Fonds allemand en l'honneur du Plan Marshall, est allé plus loin. « Berlin joue un rôle décisif dans la formulation d'une politique cohérente et réussie par Washington et l'Europe envers la Russie [cependant] des voix à l'Ouest s'inquiètent de la confiance qu'on peut accorder à l'Allemagne en tant que partenaire », a-t-il écrit-il.

Szabo a cité le Weekly Standard, journal de droite, qui se plaint que « l'Allemagne d'aujourd'hui n'est plus le partenaire que les Etats-Unis avaient par le passé », ainsi que les remarques de Brzezinzki selon qui, si « la romance entre la Russie et l'Allemagne [allait] trop loin, cela pourrait porter un coup à l'intégration européenne ».

Il faut être attentif à la rhétorique de Szabo : « Il existe depuis longtemps un courant souterrain qui s'inquiète de la confiance que l'on peut accorder à l'Allemagne en tant que partenaire, il remonte au complexe de Rapallo dans les années 1920, lorsque l'Allemagne et l'Union des Républiques socialistes soviétique se sont engagées dans une politique d'arrangements qui ont généré des inquiétudes en Europe occidentale au sujet d'une possible alliance contre l'Occident, et plus récemment, des références à un nouveau pacte Molotov-Ribbentropp, par lequel Adolf Hitler et Joseph Staline se sont mis d'accord pour se partager la Pologne en 1939, une action qui a ouvert la voie à Hitler pour qu'il lance la Seconde Guerre mondiale. »

La relation entre le militarisme et les attaques contre les conditions de vie et les droits démocratiques

Au cours de la bataille pour la suprématie mondiale, il y a une attaque massive contre la classe ouvrière, son niveau de vie et ses droits démocratiques.

Le point sur lequel je veux insister est que les processus que j'ai décrits fonctionnent depuis un certain temps déjà et qu'ils se sont développé dans un contexte qui ressemblait à un boom économique.

En réalité, comme il est maintenant si évident, la montée des cours boursiers et les profits records étaient la conséquence d'une orgie de parasitisme financier dans l'intérêt des super-riches, dont la contrepartie était un endettement massif de larges couches de la classe ouvrière, des salaires plus faibles et un niveau d'exploitation plus grand.

Le résultat en est une crise économique largement considérée comme la pire depuis 1929, et même au-delà.

Le gouvernement américain envisage une augmentation probable du nombre de troupes en Afghanistan tout juste un an après que la faillite de Lehmann Brothers a déclenché le quasi-effondrement mondial de l'économie.

Voici un reportage du Sunday Times du 3 octobre, seulement quatre semaines après la chute de Lehmann. En cette période, le gouvernement britannique avait été forcé de monter à la va-vite une opération de sauvetage de HBOS et Lloyds TSB, tout en privatisant partiellement Bradford & Bingley.

Cet article raconte comment l'un des hauts fonctionnaires du Trésor a informé un groupe de banquiers d'investissement de la banqueroute de la Royal Bank of Scotland (RBS), la plus grande banque de Grande-Bretagne, dont la liste des débiteurs est la plus longue au monde.

« A l'insu du grand public, un torrent d'argent s'échappait, retiré par les grandes entreprises, les banques centrales et les particuliers les plus riches à moins qu'un plan de sauvetage ne puisse être devisé dans le week-end, RBS allait être fermée à la première heure le lundi. »

« Si RBS s'écroulait », continue Kingman, « un tiers des paiements effectués chaque jour serait bloqué. Les salaires ne seraient pas versés, les factures impayées, l'épargne disparaitrait du jour au lendemain. »

Il n'y a aucune raison de douter de cet article. La bourgeoisie, guidée par ses intérêts privés à courte vue, s'est comportée comme des naufrageurs économiques au cours de la dernière décennie, conduisant des économies complètes, comme l'Islande et l'Irlande, jusqu'à la dévastation.

Les économistes réputés Barry Eichengreen et Kevin O'Rourke ont publié en avril un comparatif entre la suite immédiate de la crise de 2008 et celle de 1929. Cette étude, qui a attiré 30.000 visiteurs en seulement deux jours, et plus de 100.000 en une semaine, montre que l'impact du crack de 2008 dépasse celui de 1929, la production baisse de 12 pour cent, contre 5 en six mois après celui de 1929, et le commerce de 16 pour cent, contre 5 pour la crise précédente. Dans l'ensemble des pays, la production industrielle mondiale a baissé et les exportations également — de 20 pour cent en Allemagne, 46 pour cent au Japon et 23 pour cent en Amérique.

Le mois dernier, ils ont mis à jour cette évaluation. Malgré certaines indications d'une récupération, ils ont conclu que « le déclin proportionné de la valeur du marché boursier reste plus grand qu'au même stade de la Grande Dépression » et que « l'effondrement du commerce global, même maintenant, reste dramatique suivant les critères de la Grande Dépression ».

Je devrais ajouter que la Chine, second exportateur de la planète, a vu ses exportations baisser de 23,4 pour cent en août par rapport au même mois de l'année dernière.

Il faut également noter que l'appréciation de Eichengreen et O'Rourke intervient au moment où près de 11.000 milliards ont été dépensés pour renflouer des banques en défaut de paiement et réparer le système financier, soit 10.000 dollars par personne dans les principales économies du monde.

Le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont dépensé le plus, le Royaume-Uni dépensant le plus proportionnellement à son PIB : 94 pour cent, contre 25 pour les Etats-Unis.

Au cours des cinq années à venir, la dette du gouvernement du Royaume-Uni devrait passer de 600 milliards de livres sterling à 1400, et la dette américaine pourrait doubler et atteindre 10.000 milliards de dollars. Et ce n'est pas tout. Selon les calculs du FMI, les pertes de 1300 milliards de dollars enregistrées par les banques britanniques n'étaient qu'un début. On s'attend à ce qu'elles enregistrent 1500 milliards de pertes supplémentaires à la fin 2010.

Les renflouages ont été présentés comme une action altruiste, destinée à sauver les emplois et les conditions de vie. C'est une mascarade. Ce qui a servi à un détournement massif de fonds publics pour protéger la richesse de l'oligarchie financière est de plus utilisé pour imposer une restructuration fondamentale du capitalisme, par l'appauvrissement de la classe ouvrière et des masses opprimées.

Les marchés boursiers ont grimpé, abreuvés par l'argent des contribuables, et les super-riches ont repris leurs affaires comme avant. Pour souligner cela, le Royaume-Uni a maintenant pris la place de première place financière mondiale, devant les Etats-Unis, d'après le Forum économique mondial. C'est ce même pays qui, comme je l'ai dit, a dépensé pas moins de 94 pour cent de son PIB pour renflouer des banques pourries.

Pendant ce temps, dans tous les coins du monde, les travailleurs se retrouvent à subir le fardeau, la pauvreté et les inégalités se développent à grands pas. Pour ne citer qu'une statistique, c'est la première fois de l'histoire que plus d'un milliard de personne, soit près d'un habitant de la planète sur six, connaissent la faim cette année, d'après un nouveau rapport du Programme alimentaire mondial des Nations unies (WFP). L'augmentation des prix des aliments et la récession économique étant les principaux facteurs qui expliquent la recrudescence de la faim mondiale.

Dans les pays développés, loin de sauver des emplois, ces sauvetages ont accompagné l'augmentation généralisée du chômage et sont utilisés pour réduire les salaires et dégrader les conditions de travail – comme on peut le voir à General Motors et dans sa division européenne, Opel.

Aux Etats-Unis le chômage officiel approche les 10 pour cent, soit 15 millions de travailleurs sans emploi et le double de la fin de 2007. En réalité, le nombre s'élève à plus de 25 millions.

Dans la zone euro, le chômage est à 9,4 pour cent, et le chômage des jeunes à 19,5 pour cent. Encore une fois, ce sont les statistiques officielles. Rien qu'en Allemagne, le chômage réel est plus proche de six millions. De même, au Royaume-Uni, le chômage officiel est à 2,5 millions, avec près d'un million ayant moins de 25 ans, mais le véritable chiffre est plus élevé.

Partout, on demande des sacrifices. En Grande-Bretagne, le Parti travailliste et les conservateurs tentent de se dépasser l'un l'autre sur les demandes de réduction des dépenses qui vont plus loin que tout ce qui a été tenté par le passé. Les conservateurs ont fait grand cas de leur détermination à en faire plus, mais certains ont fait remarquer que même leur plan complet de réductions des coûts ne représente que 7 milliards de livres sur les 100 que le monde des affaires exige.

Partout on répète la même rengaine. La dette nationale ne serait pas soutenable est doit être remboursée. Donc, pour garantir l'avenir, les gens doivent accepter des réductions ou des gels de salaire, le recul de l'âge de la retraite et des réductions des moyens affectés à la santé et l'éducation.

Il faut le répéter c'est une mascarade. A qui cet argent est-il remboursé ? Pour ne donner qu'un chiffre, 30 milliards de livres par an sont dépensés simplement pour les intérêts des emprunts qui ont servi à renflouer les banques.

La vérité, comme l'a si bien résumé Martin Wolf dans le Financial Times du 8 octobre, est que « La crise est une occasion en or pour imposer la discipline et faire des réformes. »

Bien sûr, tandis que les puissants exigent des coupes claires dans les dépenses sociales et publiques, il y a un consensus complet sur le fait qu'il existe un secteur qui doit rester absolument à l'abri de ces coupes : la défense.

Une guerre commerciale puis armée implique un changement social majeur et la militarisation croissante de la vie sociale à l'intérieur de chaque pays. C'est ce qui explique l'intervention de plus en plus importante de l'armée dans la vie politique américaine – comme en témoigne l'insistance publique de McChrystal pour un afflux de renforts massifs en Afghanistan. C'est un phénomène qui est répliqué ici au Royaume-Uni, les conservateurs ont nommé le général Sir Richard Dannat, ex-chef des armées, comme leur conseiller à la défense, après qu'il a, avec d'autres, prononcé un certain nombre d'attaques publiques contre le gouvernement travailliste au sujet du manque de troupes et de ressources en Afghanistan.

Il est impossible de s'opposer à la guerre ou à la dévastation sociale qui se mettent en place sans se pencher sur ses causes profondes. Cela requiert le développement d'une lutte politique unifiée des travailleurs de chaque pays pour une alternative socialiste. C'est le programme du Parti de l'égalité socialiste.

(Article original paru le 31 octobre 2009)


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