Le rapport sur l'emploi aux Etats-Unis signale une nouvelle crise internationale

Le désastreux rapport sur l'emploi publié vendredi par le ministère américain du Travail est une preuve de plus de l'intensification de la crise internationale qui menace de se développer en un effondrement financier généralisé.

L'économie américaine n'a crée que 69 000 emplois en mai, bien en-dessous des attentes, c'est à dire près de moitié moins que ce qui serait nécessaire pour suivre la croissance de la population. Le taux officiel de chômage est passé de 8,1 à 8,2 pour cent.

Le rapport a revu à la baisse le nombre d'emplois crées en mars et avril, abaissant ce chiffre de 115 000 à 77 000. Alors qu'en moyenne, l'économie américaine a crée 226 000 emplois par mois durant le premier trimestre, il n'en a crée en moyenne que 73 000 en avril et mai.

C'est le pire chiffre de masse salariale depuis mai de l'an dernier et la première fois que le taux de chômage a augmenté depuis juin de l'an dernier. Le rapport fait suite à des données économiques tout aussi sombres en provenance de l'Europe et de l'Asie, dans le contexte d'une intensification de la crise de l'euro qui se concentre à présent sur la solvabilité du système bancaire espagnol.

Vendredi, Eurostat, le bureau des statistiques de l'Union européenne, a dit que le chômage dans la zone euro avait atteint 11 pour cent pour la première fois depuis le début des registres datant de 1995. Dans le même temps, l'index des directeurs d'achat de Chine est tombé à 50,4 en mai, soit une chute spectaculaire par rapport à 53,3 en avril.

Comme si cela ne suffisait pas, le Brésil a annoncé que son économie s'était à peine développée au premier trimestre, ne croissant que de 0,2 pour cent, significativement moins que ce qui était attendu.

Cette pléthore de mauvaises nouvelles économiques a fait baisser entre 2 et 3 pour cent les marchés en Europe et aux Etats-Unis. Le Dow Jones américain a baissé de 2,2 pour cent, effaçant tous les gains que l'index avait fait depuis le début de l'année.

Il y a eu aussi une fuite de capitaux vers des valeurs « sûres », ce qui a fait baisser les rendements des obligations des gouvernements américain et allemand. Le prix des obligations allemandes à deux ans est à nouveau tombé à zéro, ce qui signifie que les investisseurs payaient le gouvernement allemand pour qu'il prenne leur argent.

Le détail des chiffres sur l'emploi aux Etats-Unis révèle une société plongée dans une crise profonde. Le nombre de chômeurs de longue durée aux Etats-Unis est à présent de 5,4 millions, soit le chiffre le plus élevé depuis février et 300 000 de plus qu'en avril. La durée moyenne du chômage est passé à 39,7 semaines. Le chômage de longue durée n'a que légèrement diminué au cours de l'année précédente et reste à un niveau bien plus élevé que tout ce que l'on a pu voir depuis les années 1930.

L'augmentation continuelle du nombre de chômeurs de longue durée se produit au moment où les états américains se prépare à retirer ce mois-ci 70 000 personnes de plus des prestations de chômage prolongées. Ceci ramènerait le chiffre total de ceux qui ont perdu les allocations prolongées, mises en place par le président Obama en début d'année, à près d'un demi million.

Le secteur médical des Etats-Unis a crée 33 000 emplois en mai, les transports 36 000 et le secteur manufacturier 12 000. Mais ces gains ont été partiellement annulés par les pertes dans le secteur de la construction qui a éliminé 28 000 emplois.

Les emplois publics ont aussi chuté de 13 000, dont 2 900 dans le service postal qui prévoit de supprimer des dizaines de milliers d'emplois supplémentaires. 7 000 emplois au total ont été supprimés dans l'enseignement local et des états, en plus des centaines de milliers déjà supprimés au cours des dernières années.

Ce rapport sur l'emploi fait suite à d'autres statistiques moroses aux Etats-Unis. Le département du commerce a dit jeudi que l'économie américaine avait eu un taux de croissance de 1,9 pour cent au premier trimestre, soit une baisse par rapport à la prévision de 2,2 pour cent.

Mercredi, l'organe qui mesure la confiance des ménages a dit que la confiance était tombée en mai à son plus bas niveau en quatre mois. Le nombre d'Américains qui s'attendent à des perspectives d'emploi dégradées dans les six mois à venir est au plus haut depuis novembre.

Cette détérioration rapide aux Etats-Unis a été éperonnée par l'intensification de la crise de l'euro. La semaine dernière, le gouvernement espagnol a annoncé le projet d'injecter 19 milliards d'euros supplémentaires dans Bankia, la quatrième plus importante banque du pays.

Jeudi, la banque centrale espagnole a publié des données montrant que quelque 97 milliards d'euros avaient été retirés du pays durant les trois premiers mois de l'année, somme équivalant à près d'un dixième du rendement économique du pays.

L'OCDE prévoit que l'économie de l'Espagne se contractera cette année de 1,6 pour cent et celle de l'Italie de 1,7 pour cent. Le coût des emprunts pour ces deux pays, 6,6 pour cent pour l'Espagne et 6 pour cent pour l'Italie, se rapprochent des niveaux auxquels la Grèce, l'Irlande et le Portugal avaient recherché un plan de sauvetage.

La réponse d'Obama à ces nouvelles économiques désastreuses de la journée a consisté à demander au congrès de faire voter la soi-disant « liste des mesures » économiques, un ensemble de cadeaux au patronat, de déréglementation, et autres mesures qui n'auront aucun impact sur la crise de l'emploi. (voir “Obama’s jobs program: A laundry list of corporate handouts”)

L'unique partie de ce programme qui ne soit pas des cadeaux au patronat ou des baisses d'impôts est, comme on peut si attendre, insignifiante. Obama prône que 20 000 vétérans de l'armée travaillent à un programme de conservation de l'environnement sur cinq ans et fournissent « un programme de formation en ligne » sur « les rudiments pour monter sa propre petite entreprise » à 10 000 vétérans.

En fait, pour la classe dirigeante américaine, représentée par les deux partis du grand patronat, le chômage de masse fait partie d'une stratégie consistant à accroître les profits en réduisant constamment les salaires et les prestations sociales des travailleurs.

Quatre ans après le début du ralentissement de l'économie, il devient de plus en plus clair que l'économie est en proie à une nouvelle ère de crise intense, à laquelle la classe dirigeante ne peut répondre que par la guerre, la répression et des attaques incessantes contre la position sociale des travailleurs.

(Article original publié le 2 juin 2012)

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