Rapport Sartorius: le gouvernement français approuve les licenciements de masse du constructeur automobile PSA

Le 11 septembre a été rendu public un rapport commandité par le gouvernement du Parti socialiste sur la situation du constructeur automobile PSA Peugeot-Citroën. Celui-ci fut présenté aux dirigeants syndicaux convoqués au ministère des Finances.

Ce rapport rédigé par l'expert missionné par le gouvernement Emmanuel Sartorius approuve les plans de licenciements de PSA, critiquant la dépendance du constructeur d'un marché européen de plus en plus exsangue. Le gouvernement avait commandité ce rapport dans le but de contenir la colère des travailleurs et de promouvoir chez eux l'illusion qu'ils pouvaient compter sur le Parti socialiste pour sauver l'usine menacée d'Aulnay-sous-bois et empêcher les 8.000 suppressions d'emplois prévues par PSA. Le rapport Sartorius sonne la fin des espoirs d'une défense des travailleurs par ce gouvernement.

Le rapport cherche à séparer les travailleurs suivant des frontières nationales. Il critique les plans de PSA de fermer l'usine d'Aulay en suggérant que l'usine de Madrid, qu'il décrit comme « une usine ancienne, de faible capacité, en ville, et éloignée de ses fournisseurs » faisait un meilleur candidat à la fermeture.

Il fait état d'une chute des ventes « qui se poursuit en 2012. Le phénomène affecte d’autant plus PSA qu’il touche lourdement trois de ses grands marchés, la France, l’Espagne et l’Italie, ces deux derniers pays étant frappés de plus par la crise financière. Quant aux perspectives de reprise, elles semblent encore incertaines et lointaines. »

Le rapport contredit ensuite cette sombre perspective et cherche à duper les travailleurs quant à une reprise des ventes dans l'avenir et le maintien des emplois restants. Le rapport dépeint faussement un avenir favorable de la production automobile après que les travailleurs auront fait des sacrifices au nom de la compétitivité et de la réduction des 'coûts de travail'. « Le plan de redressement présenté par le directoire de PSA doit permettre au groupe de retrouver un cash flow opérationnel à l’équilibre en 2014. C’est aussi à cet horizon qu’on peut espérer une reprise du marché automobile européen. »

A cette fin le rapport presse PSA d'entrer dans une alliance avec un autre grand constructeur automobile. Cela se rapporte aux liens de PSA avec General Motors qui a sabré les salaires et détruit les emplois par milliers aux Etats-Unis avec l'aide de l'UAW (Union of Auto Workers – Syndicat des ouvriers de l'automobile). (Voir: GM et Peugeot-Citroën complotent pour licencier des milliers de travailleurs de l'automobile). Les syndicats ont réagit au changement de ton du gouvernement en feignant cyniquement d'être choqués. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui avait critiqué les plans de PSA en juillet les qualifiant d' « inacceptables » a approuvé le rapport Sartorius.

Les syndicats ont bloqué toute mobilisation des travailleurs dans le but de lutter contre les plans de PSA : il fallait selon eux faire confiance à l'intervention du gouvernement. Le leader de la CFDT François Chérèque, qui défend tout à fait ouvertement la compétitivité et la baisse des coûts salariaux du patronat donna carte blanche à PSA, disant qu'il était nécessaire de « limiter la casse au maximum ».

Le leader de la CGT Bernard Thibault répondit au rapport Sartorius dans une interview au journal Le Monde dans lequel il annonça qu'il attendrait la publication d'un rapport du cabinet Secafi, mandaté par le comité central d'entreprise de PSA et dont la publication est attendue pour le 15 octobre. Il appela à une plus grande intégration des syndicats dans les structures de management, ce qui rappelle le rôle joué par l'UAW chez GM.

La CGT (Confédération générale du Travail) s'est contentée d'appeler à une journée de protestation le 9 octobre à Paris. Les ouvriers en lutte pour défendre les emplois chez PSA et ailleurs en Europe ne peuvent avoir confiance dans le gouvernement, les syndicats ou leurs soutiens de l'ex-gauche. Chez PSA leur "stratégie" est d'obtenir une partie des quelques cinq milliards d'euros que PSA a versé à ses investisseurs et non pas la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière en défense des emplois.

Le délégué de la CGT à PSA Aulnay, Jean-Pierre Mercier, a proposé que les travailleurs comptent entièrement sur l'intervention du gouvernement en leur faveur. Il a dit que l'Etat devait empêcher les licenciements : « il faut que les pouvoirs publics bloquent le plan de licenciement » et que le président Hollande devait « mouiller la chemise » et faire un effort pour sauver les emplois.

Parlant au périodique L’Express, Mercier signala qu'il préparait un bradage de la lutte grâce à un plan de fermeture de l'usine avec indemnités de licenciements. Après avoir assuré pour la forme qu'il « n’accepte[rait] jamais de négocier le licenciement d’un salarié », il poursuivit en disant : « mais si on est vraiment obligé de vendre notre peau, alors on la vendra le plus cher possible, avec des garanties de reclassement, de formation, des indemnités décentes. »

Mercier qui est aussi un membre dirigeant du groupe petit-bourgeois Lutte Ouvrière (LO), essaye de répéter la politique appliquée par LO à l'usine Continental de Clairoix en 2010. Là quelque 1.200 ouvriers furent licenciés avec une indemnité dérisoire de 50.000 euros, leur lutte vendue malgré un large soutien dans la population.

Les syndicats, avec l'aide de tous les partis de la "gauche" petite-bourgeoise, étaient tous alignés sur la CGT lors de son rassemblement du mois d'avril dans le but de faire élire François Hollande à la présidence sur la base d'un programme d'austérité. Ils prétendent toujours, faussement, que ce gouvernement est "de gauche".

(Article original publié le 15 septembre)

 

 

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