Premier Congrès national du PES (Australie)

Résolution 1 : La crise capitaliste mondiale et les tâches du PES

Voici la première de sept résolutions adoptées à l’unanimité lors du premier congrès national du Parti de l’égalité socialiste (Australie) qui s’est tenu du 6 au 9 avril 2012 à Sydney.

1. L’année 2011 a vu la ré-émergence de la classe ouvrière internationale sur l’arène politique suite à l’effondrement du système capitaliste mondial. Cette ré-émergence s’est exprimée plus directement avec la révolution égyptienne. Tant les bouleversements au Moyen-Orient, que les luttes sociales et les mouvements de grèves qui balaient actuellement la Grèce et toute l’Europe, ou les grandes manifestations de contestation sociale en Israël et le mouvement de masse contre les coupes budgétaires dans le Wisconsin aux États-Unis, révèlent de plus en plus clairement la crise de direction et de perspectives révolutionnaires que traverse la classe ouvrière. Le présent congrès du Parti de l’égalité socialiste (Australie) souligne que la lutte pour résoudre cette crise est à la base de tous les travaux du Parti, celle-ci visant à préparer la classe ouvrière pour une nouvelle période de luttes révolutionnaires.

2. Au début de 2011, l’insurrection de la classe ouvrière, d’abord en Tunisie, puis en Égypte, a entraîné des changements politiques décisifs avec le renversement de Ben Ali et de Moubarak. Toutefois, l’absence d’une direction révolutionnaire basée sur le programme du marxisme tel qu’incarné dans la théorie de la révolution permanente développée par Trotsky, a permis à l’impérialisme américain et à ses agences au sein de la bourgeoisie nationale et de l’armée de reprendre le contrôle dans ces pays. Utilisant diverses tendances petites-bourgeoises pseudo-gauches, ils ont installé un régime islamiste en Tunisie, financé par le Qatar, alors qu’en Égypte, la junte militaire a établi une alliance avec les Frères musulmans afin d’étouffer la classe ouvrière. La suppression de la révolution égyptienne a permis à l’impérialisme américain et aux puissances européennes d’intervenir en Libye et de renverser le régime de Kadhafi, pour ensuite tenter d’apporter un changement de régime similaire en Syrie.

3. En Europe, les luttes de masse contre les mesures d’austérité, qui ont commencé avec les grèves et les manifestations en Grèce, ont dû faire face au même problème politique fondamental. Ces luttes restent dominées par les anciens appareils syndicaux pro-capitalistes et les organisations petites-bourgeoises pseudo-gauches. De la même façon aux États-Unis, l’éruption de protestations de masse au Wisconsin, où les participants s’identifiaient ouvertement à leurs homologues égyptiens, a souligné le caractère international de la lutte des classes et montré au monde l’énorme puissance sociale et politique potentielle de la classe ouvrière américaine. Mais la bureaucratie syndicale, soutenue par des groupes de la pseudo-gauche tels que l’International Socialist Organization, et des couches semi-anarchistes, a saboté ce mouvement, le canalisant derrière le Parti démocrate et l’administration Obama. Le Mouvement Occupy, qui s’est développé en septembre-octobre 2011, était principalement composé d’étudiants et d’éléments provenant de couches de la classe moyenne. Le large soutien qu’il a reçu aux États-Unis et à l’étranger présageait un mouvement beaucoup plus large. Mais ses limites ont rapidement été révélées dans son échec à effectuer la moindre orientation vers la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière

4. Jusqu’à présent, la bourgeoisie conserve le contrôle en s’appuyant sur les syndicats et leurs défenseurs de « gauche », une situation qui pose de graves dangers pour la classe ouvrière. Mais des conditions objectives sont maintenant apparues pour renverser la domination des anciens appareils ouvriers grâce à une lutte persistante pour une perspective révolutionnaire marxiste. La lutte théorique et politique menée par le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) depuis des décennies pour établir l’indépendance politique de la classe ouvrière sur la base d’un programme socialiste et internationaliste se trouve maintenant à l’intersection de puissants processus objectifs. Dans son document de résolutions et perspectives de 1988 analysant la signification historique de la mondialisation de la production, le CIQI expliquait que « compte tenu des nouvelles fonctionnalités du développement capitaliste, même la forme de la lutte des classes doit assumer un caractère international ». Cette analyse a depuis été puissamment validée. Par ailleurs, en opposition à toutes les formes de « politiques identitaires » promues par l’ex-gauche petite-bourgeoise, seul le CIQI a continué de défendre l’analyse marxiste classique de la lutte des classes comme moteur de l’histoire. Cette perspective a également été confirmée.

5. Le fil conducteur de toutes les luttes sociales de la période récente est l’approfondissement de l’hostilité à l’inégalité sociale croissante, combinée à l’émergence d’un sentiment anticapitaliste.

6. L’émergence de luttes de masse de la classe ouvrière, bien qu’encore sous une forme politiquement limitée, revêt une profonde signification historique. Elle souligne le fait que l’ordre du jour réactionnaire du « libre marché » imposé par la classe dirigeante après la défaite de l’élan révolutionnaire de 1968-1975, et qui s’est renforcé après la liquidation de l’Union soviétique, commence à être remis en question et qu’une nouvelle ère pour la révolution socialiste mondiale vient de commencer. C’est pourquoi la résolution de la crise de direction et de perspectives révolutionnaires de la classe ouvrière revêt une telle importance. Rien de moins n’est en jeu que la victoire de la classe ouvrière ou l’imposition d’une défaite écrasante qui aurait des conséquences catastrophiques pour l’humanité.

7. Les luttes de 2011 présagent un conflit social encore plus explosif. L’oligarchie financière mondiale exige que les milliers de milliards de dollars utilisés pour renflouer le système financier dans le sillage de la crise de 2007-2008 – équivalant au quart du produit intérieur brut mondial – soient extraits de la classe ouvrière par le biais de programmes d’austérité radicaux. Cela implique le renversement sauvage de toutes les concessions sociales que la bourgeoisie avait faites dans sa peur de la révolution sociale à la suite de la Grande Dépression et de la Deuxième Guerre mondiale. Mais la classe ouvrière et la grande masse de la population ne pourront et n’accepteront pas de vivre sous ce nouvel ordre. C’est là que réside le fondement objectif de la nouvelle période révolutionnaire.

8. Dans tous les pays, la bourgeoisie n’a qu’une seule réponse à la crise du système de profit : une vaste restructuration des conditions économiques et sociales des masses et l’imposition de la dictature, du militarisme et de la guerre. Quatre ans après l’éruption de la crise financière mondiale, aucune des causes sous-jacentes n’a même commencé à être abordée, et encore moins résolue. La crise a été précipitée par une orgie spéculative qui ne fait que se poursuivre sous une autre forme. Les banques centrales continuent de faire des milliers de milliards de dollars avec de l’argent mis à la disposition des institutions financières à des taux très bon marché – stimulant ainsi leurs bénéfices, du moins à court terme – tandis que les gouvernements continuent leurs assauts toujours plus profonds contre les acquis sociaux de la classe ouvrière. Aux États-Unis, la « reprise économique » est fondée sur la réduction des salaires à des niveaux de pauvreté et l’éviscération des services sociaux. En conséquence, les dépenses de consommation aux États-Unis sont en baisse. Or ces dépenses équivalent à environ 70 pour cent de la production intérieure brute du pays – ce qui représente le quart de la production mondiale – et jouent un rôle immense dans le soutien de l’économie capitaliste mondiale. Autrement dit, toute cette « reprise » ne fera qu’exacerber la crise mondiale. Parallèlement, l’économie japonaise est incapable de revenir à une croissance soutenue, et la plupart des pays d’Europe entrent en récession ou le sont déjà suite aux programmes d’austérité imposés par le capital financier.

9. Avec les contradictions des économies capitalistes avancées allant en s’intensifiant, les yeux de maître Pangloss, pour qui « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », se sont tournés vers l’Est. Mais la croissance économique en Chine ne fournit pas de solution, et encore moins les bases d’une résurgence du capitalisme dans un « siècle asiatique ». L’économie chinoise est en effet totalement dépendante des marchés d’exportation déprimés d’Europe et des États-Unis. Sur le plan interne, la bulle du crédit, qui a permis d’éviter une catastrophe en 2008-2009, alors que plus de 20 millions d’emplois ont été perdus en Chine, menace d’éclater avec des conséquences incalculables.

10. Dans leurs propres milieux, les classes dirigeantes admettent franchement qu’elles n’ont pas d’alternative socialement progressiste. On peut lire dans le rapport du Forum économique mondial de Davos – le rassemblement annuel des élites mondiales – une mise en garde selon laquelle les mécanismes financiers et autres développés au cours du XXe siècle ont été totalement incapables de répondre aux complexités du XXIe siècle. Les « graines de la dystopie », peut-on y lire, ont été semées dans un lieu où « la vie est pleine de difficultés et sans espoir ». Pleinement conscientes que leur assaut sur la position sociale de la classe ouvrière va provoquer des luttes révolutionnaires, les élites capitalistes se préparent à défendre leur ordre social décadent par les seuls moyens à leur disposition – la dictature, le militarisme et la guerre.

11. La solution de la bourgeoisie a été dévoilée en Grèce, où la situation que connaissent les travailleurs constitue la plus forte mise en garde de l’avenir que le capitalisme a partout en réserve pour la classe ouvrière. Le pays tout entier va être transformé en une semi-colonie du capital financier, avec la politique du gouvernement dictée par la soi-disant « troïka » – la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international. Au cours des 18 derniers mois, son ordre du jour d’austérité a déjà produit des réductions de salaire massives de 20 pour cent dans le secteur privé, et de jusqu’à 50 pour cent dans le secteur public, jetant au chômage un adulte sur cinq et un jeune sur deux. Les demandes du capital financier pour des « sacrifices » n’ont pas de limites, car il étaye ainsi ses profits grâce à la paupérisation des masses grecques.

12. Le caractère réactionnaire de l’Union européenne est exposé. Loin d’être le moyen de prévention de la dépression, du fascisme et de la guerre, les institutions de l’UE créent les conditions pour leur retour. La régression sociale imposée en Grèce est incompatible avec le maintien de toute forme de démocratie. C’est pourquoi la troïka européenne a mis en place un gouvernement non élu, instrument direct de l’oligarchie financière.

13. Le passage à des formes de pouvoir antidémocratiques et dictatoriales fait son apparition dans tous les pays. En Grande-Bretagne, un gouvernement de coalition règne maintenant au nom de la ville de Londres, imposant des politiques auxquelles l’écrasante majorité de la population s’est directement opposée lors des élections de mai 2010. Aux États-Unis, une batterie de lois antidémocratiques a été mise en place, y compris des lois interdisant les protestations sociales dans le sillage du Mouvement Occupy. En Chine, le régime réactionnaire qui a effectué la restauration du capitalisme a renforcé le dispositif de sécurité de l’État alors que le nombre de protestations sociales augmente et qu’il se prépare à faire face à la classe ouvrière forte de plusieurs millions de personnes. Le gouvernement travailliste Gillard en Australie a fait sien le programme d’austérité internationale, adoptant des lois menaçant de faire usage immédiat de la pleine force de l’État contre les travailleurs qui entreprendraient des actions industrielles même limitées.

14. Examinant les luttes de 2011, le World Socialist Web Site a fait le bilan de leur signification objective et expliqué leurs limites dans son premier article de perspectives qu’il a publié en 2012 : « Le développement des luttes sociales, auxquelles des dizaines de millions de personnes à travers le monde ont participé, signifie que la crise objective du capitalisme est en train d’être intériorisée dans la conscience subjective de la force révolutionnaire élémentaire de cette planète, à savoir la classe ouvrière internationale. Comme toujours, dans les premiers stades d’un mouvement de masse, un gouffre se dresse entre l’importance historique de la crise et la conscience actuelle des masses qui sont entraînées dans la lutte. Comment pourrait-il en être autrement? Les masses ne peuvent apprendre que grâce aux expériences des luttes. Elles ne peuvent surmonter en un jour la désorientation et la confusion politiques produites par des décennies de trahisons de la part de leurs directions. Les vieilles organisations – les partis politiques et les syndicats – se servent de ce qui leur reste d’influence pour étouffer toute protestation sociale ou, si cela est impossible, pour maintenir ces protestations dans un cadre inoffensif pour le pouvoir capitaliste. »

15. Le présent congrès insiste sur le fait que la tâche centrale du PES est de combler le fossé qui existe entre la maturité de la situation objective et la conscience politique de la classe ouvrière. Cet objectif ne peut être réalisé que par une lutte théorique et politique, associée à des initiatives pratiques afin de délimiter à chaque étape les intérêts indépendants de la classe ouvrière. Dans les pays au développement capitaliste retardataire, cela passe par la lutte intransigeante pour la théorie trotskyste de la révolution permanente, qui insiste sur le fait – sur la base d’une vaste expérience historique qui remonte à plus d’un siècle – que les tâches démocratiques ne peuvent être accomplies que si la classe ouvrière s’empare du pouvoir politique et lutte pour le socialisme.

16. Dans tous les pays, l’indépendance politique de la classe ouvrière nécessite l’exposition des tendances semi-anarchistes et pseudo-radicales de « gauche » qui cherchent à l’enchaîner à l’une ou l’autre section de l’establishment politique. Ces expositions doivent être fondées sur la défense historique du programme trotskyste mené par le CIQI. Les origines de toutes ces ex-organisations petites-bourgeoises de gauche – le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en France, l’International Socialist Organization aux États-Unis, les Socialistes révolutionnaires en Égypte, SYRIZA en Grèce, le Socialist Workers Party en Grande-Bretagne, Socialist Alliance et Socialist Alternative en Australie, pour n’en nommer que quelques-unes des plus importantes – résident dans les tendances pablistes et de capitalisme d’État qui ont scissionné de la Quatrième Internationale dans l’Après-guerre, en rejetant son analyse de la crise historique du capitalisme et du rôle révolutionnaire de la classe ouvrière.

17. La base matérielle de l’attaque persistante des pablistes et autres tendances opportunistes contre la Quatrième Internationale réside dans la transformation des relations sociopolitiques internationales qui régnaient après la Deuxième Guerre mondiale. Face à la menace de la révolution, l’impérialisme a ouvert des possibilités d’avancement à de nouvelles couches de la classe moyenne, tant dans les pays capitalistes avancés que dans les anciennes colonies, où la bourgeoisie nationale a pris le contrôle en son nom. Ces couches ont fonctionné comme un tampon contre le prolétariat. Le rôle essentiel du pablisme et des autres formes de révisionnisme a été de développer les formules théoriques nécessaires pour justifier l’adaptation du mouvement trotskyste à ces nouvelles couches de la classe moyenne – des formules qui sont devenues un accessoire indispensable pour l’impérialisme.

18. Dans la foulée de l’effondrement de l’Union soviétique et de la transformation des appareils staliniens, sociaux-démocrates et syndicaux, ainsi que des mouvements de libération nationale petits-bourgeois, en agences transparentes de l’impérialisme, il y a eu un décalage correspondant vers la droite du petit-bourgeois « de gauche ». Une des expressions les plus claires de cette nouvelle orientation a été la campagne menée par l’aile dirigée par Slaughter au sein du Workers Revolutionary Party (WRP) pour appuyer l’intervention de l’OTAN en Bosnie en 1993-1994. Jamais un parti se prétendant trotskyste n’avait collaboré aussi ouvertement avec les régimes bourgeois et l’appareil militaire impérialiste pour mener une guerre contre un peuple opprimé. Ce fait a souligné l’importance objective de la scission du CIQI en 1985-1986 d’avec les opportunistes nationalistes du WRP. Le CIQI avait alors résumé les leçons de cette expérience : « L’évolution du WRP s’inscrit dans le long processus de dégénérescence de toute une couche petite-bourgeoise de gauche qui s’est appuyée pendant une période considérable sur la bureaucratie stalinienne et les mouvements nationalistes bourgeois. Avec l’effondrement de l’URSS et la capitulation universelle des mouvements de libération nationale, cette couche sociale s’est maintenant rangée dans le camp de l’impérialisme. »

19. L’analyse du CIQI a été à nouveau confirmée par les événements qui ont suivi. Lors de la guerre des Balkans de 1999, nombre d’anciens opposants à la guerre du Vietnam sont apparus comme les défenseurs les plus véhéments de l’agression impérialiste contre la Serbie. La même année en Australie, ils ont appelé le gouvernement à « envoyer l’Armée » au Timor oriental, en soutien de l’intervention néo-coloniale de Canberra. Approfondissant son analyse, le CIQI a expliqué que l’évolution de ces forces – passant des manifestations anti-guerre à la défense fervente de l’impérialisme – était l’expression politique d’un profond processus social. Avec la montée de la financiarisation et l’accumulation de vastes richesses par le biais d’opérations sur les marchés financiers, une mince couche de la classe moyenne a amassé des richesses au-delà de ses attentes les plus folles, et son appétit croissant est devenu de plus en plus dépendant de la domination continue des ressources mondiales par l’impérialisme. Dans leur hostilité grandissante au marxisme et leur promotion croissante des « politiques identitaires » et de styles de vie, les groupes de la pseudo-gauche exprimaient les intérêts matériels de ces couches sociales. Sur les traces du WRP qui a invoqué le slogan de la « moralité révolutionnaire » pour attaquer le CIQI lors de la scission de 1985-1986, la pseudo-gauche a soutenu l’intervention militaire « humanitaire » en Libye et maintenant en Syrie, s’intégrant ainsi complètement dans le cadre de la politique impérialiste. De leur « gauchisme » il ne reste plus que de la rhétorique vide.

20. Les travailleurs les plus conscients politiquement ne pourront développer la lutte nécessaire contre la pseudo-gauche que dans la mesure où ils sont imprégnés d’une compréhension de la lutte historique que le CIQI a menée contre toutes les formes de révisionnisme. Notre histoire montre comment toutes ces tendances, qui ont commencé avec un rejet du programme de la Quatrième Internationale, sont devenues des agences ouvertes de la bourgeoisie. Elle révèle comment leur hostilité organique au marxisme et à l’indépendance politique de la classe ouvrière exprime les intérêts matériels de la couche sociale qu’ils représentent – les sections privilégiées de la classe moyenne, préoccupées par l’amélioration de leur position sociale et de leur mode de vie dans le cadre du système actuel. L’éducation des travailleurs à cette histoire doit être placée au centre même du travail politique du PES.

21. Le décalage de la conscience politique par rapport aux développements objectifs ne peut être surmonté que grâce à la compréhension des conditions historiques desquelles il découle. Le problème historique central est la fausse identification du stalinisme contre-révolutionnaire au marxisme et à ce qu’est véritablement le socialisme. La bureaucratie stalinienne a usurpé le pouvoir politique de la classe ouvrière soviétique en raison de l’isolement et du retard du premier État ouvrier. Sa domination de l’appareil étatique lui a permis de se draper de l’autorité politique de la Révolution russe – le plus grand renversement social de l’histoire de l’humanité. La domination du stalinisme sur le mouvement ouvrier international et l’assassinat par celui-ci de centaines de milliers des meilleurs représentants du marxisme, ont profondément endommagé la conscience de la classe ouvrière, y compris de ses meilleurs éléments. Mais maintenant, l’effondrement capitaliste et la ré-émergence de la lutte des classes créent les conditions pour faire voler en éclat tout l’édifice de mensonges, de dissimulations et de calomnies érigé par les agences combinées du stalinisme et de l’impérialisme, et pour un regain d’intérêt pour ce qu’est vraiment le marxisme.

22. Le CIQI a prévu cette évolution dès 1993, au lendemain de la liquidation de l’URSS, en lançant sa campagne contre ce qu’il a appelé « l’école post-soviétique de la falsification ». Cette initiative a porté des coups dévastateurs, notamment avec la publication du livre de David North Défense de Léon Trotsky, ouvrage contre la frappe préventive d’historiens anticommunistes cherchant à salir le nom de Léon Trotsky, le plus grand stratège et théoricien de la révolution socialiste mondiale. L’appui au dévoilement par North des mensonges de l’universitaire britannique Robert Service et autres historiens, souligne qu’en dernière analyse, la lutte pour la vérité historique fraiera son chemin à travers les falsifications diffusées par les fonctionnaires bureaucratiques et académiques de la bourgeoisie. La campagne menée par le CIQI a incontestablement établi qu’il est le seul représentant du trotskysme.

23. Le présent congrès anticipe avec confiance une recrudescence considérable de la lutte des classes sur le plan international comme en Australie. Le programme de la révolution socialiste mondiale, pour la défense duquel le CIQI s’est battu au fil des décennies, deviendra de plus en plus un pôle d’attraction pour les jeunes, les intellectuels et les travailleurs dotés d’une conscience politique. Le Parti de l’égalité socialiste doit former ces forces et leur enseigner les leçons des expériences stratégiques du mouvement ouvrier international du XXe siècle et de la première décennie du XXIe siècle. De cette façon, le Parti établira les fondations les plus fermes qui soient pour sa construction et celle du CIQI en tant que parti mondial de la révolution socialiste.

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