Le dirigeant de SYRIZA rencontre le ministre allemand des Finances

Le lundi 14 janvier, Alexis Tsipras le dirigeant du mouvement grec SYRIZA (Coalition de la gauche radicale) a rencontré le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble (Union chrétienne-démocrate - CDU) afin de discuter des accords de crédits passés entre l’Union européenne et la Grèce.

Tsipras avait préalablement réclamé cette audience qui a duré près d‘une heure. Il se trouvait déjà en Allemagne pour des discussions fraternelles avec le parti allemand La Gauche et, selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, la conversation avec Schäuble fut arrangée par l’entremise des dirigeants de La Gauche.

Le ministre allemand des Finances porte personnellement la responsabilité des attaques imposées à la Grèce au nom de l’UE. Dans toutes les négociations, Schäuble a refusé de céder quoi que ce soit sur les termes des mesures d’austérité. La misère des enfants grecs qui meurent à cause du manque de médicaments, le chiffre officiel de 57 pour cent du chômage des jeunes et les personnes âgées qu’on oblige à quitter leur maison à cause de la baisse des retraites sont tous une conséquence directe de la politique européenne de Schäuble.

En rendant visite à Schäuble, Tsipras a signalé qu’on pouvait compter sur lui pour maintenir la même politique. Avec 27 pour cent de voix, SYRIZA est le principal parti d’opposition en Grèce et selon certains sondages, on le donne en tête avec le plus grand nombre de voix aux prochaines élections.

Juste avant la rencontre, Tsipras a déclaré : « Les Allemands peuvent voir que SYRIZA pourrait former le prochain gouvernement et ils veulent préparer le terrain en ayant des contacts directs avec nous. C’est ce que nous voulons également » SYRIZA « souhaite avoir des relations normales avec les gouvernements qui jouent un rôle important dans les affaires grecques et européennes. »

Dans une interview donnée à la station de radio Deutsche Welle, Tsipras répéta sa promesse antérieure que son parti ne révoquerait pas unilatéralement la dette grecque, se contenterait de négocier de nouveaux accords sur les crédits et réalisera des « réformes ». Tsipras a vu sa position confirmée par les déclarations récentes du principal économiste du FMI, Olivier Blanchard, qui a admis que les mesures d’austérité grecques étaient basées sur des calculs incorrects et avaient à présent besoin d’être ajustées.

Apres sa rencontre avec Schäuble, Tsipras a dit: « Je lui ai dit que les programmes d’austérité ont échoué ». Maintenant il fallait s’occuper de la pauvreté, du chômage et de la montée des partis fascistes, dit-il. Tsipras est de toute évidence en train de se préparer à collaborer avec Schäuble sur toutes ces questions. Ses divergences avec Schäuble étaient d’ordre « politiques et non personnel » dit-il.

En parlant au nom de Schäuble, une porte-parole du ministère des Finances souligna qu’il n’y avait pas « d’alternative au programme économique d’ajustement ». Sans quoi, la Grèce ne pourrait pas rester dans la zone euro. « Schäuble engagea Monsieur Tsipras pour à prendre cette voie, » dit-elle.

Au mois de juin dernier, le gouvernement allemand avait refusé d’écouter les appels lancés par Tsipras et avait refusé de le recevoir. Le fait qu’une rencontre avec Tsipras ait lieu a présent est un clair signal que les élites grecques et européennes compte de plus en plus sur SYRIZA pour stabiliser l’Etat grec et pour réprimer la résistance des travailleurs à d’autres coupes budgétaires.

Cette rencontre a eu lieu sur fond de crise grave du système politique en Grèce. Cinq trains d’austérité brutaux dictés par l’Union européenne ont conduit le système parlementaire actuel au bord de l’effondrement. Le parti social démocrate PASOK et le parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND) qui ont gouverné le pays en alternance depuis la chute de la junte miliaire en 1974, on perdu la plus grande partie de leur soutien dans la population.

En conséquence du rôle dirigeant joué par PASOK dans la mise en œuvre des coupes le soutien de ce parti est tombé de 44 pour cent à 12 pour cent des voix dans les élections tenues au mois de juin 2012. Selon de récents sondages d’opinion, le soutien du parti gouvernemental ND est tombé à moins de vingt pour cent.

La colère des travailleurs s’exprime dans des grèves et des mouvements de protestations quotidiens que la bureaucratie syndicale est de plus en plus incapable de contrôler. Rien que la semaine dernière, les travailleurs des transports publics, les employés de la loterie d’Etat ont cessé le travail et les travailleurs des chemins de fer ont organisé des protestations. Samedi 12 janvier, le gouvernement a approuvé un nouvel impôt qui réduit de 3 pour cent le taux maximal d’imposition pour le faire passer à 42 pour cent et augmente les impôts pour les familles ayant des enfants.

La coalition gouvernementale compose de trois parties, ND, PASOK et DIMAR (Gauche démocratique) ne se maintient au pouvoir que grâce au système électoral antidémocratique existant en Grèce et a perdu 15 de ses 179 sièges de députés depuis le mois de juin. Elle ne possède actuellement que 14 sièges de plus que la majorité parlementaire (150 sièges).

La plupart de ces députés ont été expulsés parce qu’ils avaient refusé de voter en faveur du cinquième train d’austérité, en décembre dernier. Il y a quelques jours seulement, DIMAR a exclu encore deux députés qui s’étaient déclarés en faveur d’une enquête sur la pratique du gouvernement pour favoriser l’évasion fiscale.

Lorsque le gouvernement PASOK avait montré des signes similaires d’écroulement il y a un an, l’UE avait décidé de remplacer le premier ministre George Papandréou par le technocrate Loukas Papadimos et de faire participer tant les conservateurs de ND que le parti semi fasciste LAOS au gouvernement. En même temps, on avait renforcé l’appareil d’Etat et on avait intensifié l’intervention de la police contre les travailleurs en grève et pour la chasse aux immigrés.

A présent SYRIZA se prépare a jouer un rôle similaire. En décembre dernier, cette organisation a refusé de stopper le cinquième train d’austérité en forçant la tenue de nouvelles élections et a ainsi assuré la survie du gouvernement. A présent, ce parti pourrait participer directement au gouvernement.

Lors d’un congrès de SYRIZA le 30 novembre dernier, Tsipras avait déjà déclaré que cette organisation formerait un « gouvernement d’unité populaire de responsabilité et de salut social. » « Nous prendrons la responsabilité de gouverner le pays, même si cela se fait dans les pires conditions de désastre économique et de liquidation sociale » dit-il. « Et nous réussiront ».

Les travailleurs grecs doivent considérer ces paroles comme un avertissement.

(Article original publié le 15 janvier 2013)

 

 

 

 

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