Démission d'un responsable local britannique qui a dit que les enfants handicapés devraient être “ euthanasiés ”

Un élu indépendant du conseil du comté de Cornouailles, Collin Brewer, a démissionné le 28 février à la suite d'un rapport tout juste publié par le Comité des normes du conseil et concernant un incident qui s'est produit en octobre 2011. Alors qu'il parlait à Theresa Court, représentante de Disability Cornwall (une association de personnes handicapées) lors d'une rencontre à Truro, Brewer avait déclaré que “ les enfants handicapés coûtent trop cher au conseil et devraient être euthanasiés. ”

Il a fallu presque 18 mois pour que le Comité des normes “ résolve ” la plainte déposée par la suite par Court et recommande à Brewer d'écrire une lettre d'excuses.

Brewer avait initialement insisté pour dire qu'il “ n'avait aucune intention de démissionner. Je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit de mal. Je me suis excusé. ” Dans une interview accordée à la la BBC, il avait déclaré qu'il essayait seulement “ de provoquer une réaction chez les travailleurs associatifs afin d'entamer un débat ” et que “ nous avions eu une matinée difficile, à décider du budget et des suppressions d'emplois. ”

Court a déclaré, “ Je pense qu'il est en train de s'enfoncer encore plus. Il a dit qu'il avait eu une journée difficile, eh bien il devrait penser à changer d'emploi. J'étais présente à cette rencontre avec des parents qui ont de beaux enfants handicapés. C'était abominable et atroce de dire une chose pareille, c'était vraiment offensant. ”

“ S'il était réellement désolé, il se serait excusé deux jours plus tard et pas après un an et demi, ” a ajouté Court.

Le président de Disability Cornwall, Steve Paget a dit, “ Cela nous inquiète beaucoup que quelqu'un ayant de telles idées, et qui plus est les exprime haut et fort, puisse être un représentant et un élu de notre collectivité locale. ”

Brewer a été contraint de donner sa démission suite à la colère du public. Une page Facebook, “ Le conseiller du comté de Cornouailles, Collin Brewer devrait démissionner ” avait attiré 3 692 sympathisants.

Brewer a néanmoins maintenu qu'il avait reçu des messages de soutien de la part de six conseillers locaux à propos de ses remarques. A présent un deuxième conseiller, Neil Burden, directeur des Services à l'enfance, a publié un communiqué dans lequel il s'excuse d'avoir déclaré qu'il y avait “ trop d'enfant handicapés ” et d'avoir désigné un enfant par le pronom “ it ” (pronom neutre utilisé pour ce qui n'est pas humain.) Il s'était ainsi exprimé auprès de Sandra Ward, directrice de Parent Carer Council (PCC) de Cornouailles au sujet des frais encourus en 2010 pour maintenir en vie des enfants handicapés.

Ward demande à présent la démission de Burden :“ Aucun enfant ne devrait jamais être désigné par le pronom “ it ” et quant au fait qu'il y ait trop de nos enfants handicapés, je ne sais pas comment réagir à cela, en tant que parent ni en tant que directrice de PCC, n'ayant jamais entendu une déclaration aussi abominable durant les 12 années qui ont suivi la naissance de ma fille. ”

Disability Cornwall a ajouté, “ Les retours que nous avons eus ont malheureusement confirmé nos craintes que des attitudes répandues et négatives envers les adultes et les enfants handicapés ainsi que leur famille ne sont pas des cas isolés mais font partie d'une culture qui perçoit enfants et adultes handicapés comme un fardeau pour le budget des conseils. »

« Disability Cornwall soutient les idées du PCC et reconnaît qu'il apparaît de plus en plus clairement qu'une culture de la peur empêche les gens de s'exprimer ouvertement car ils pensent que cela pourrait les affecter personnellement pour ce qui est de l'accès aux services. » 

« Les organisations représentatives craignent également d'intervenir car elles sont très nombreuses à renégocier actuellement des contrats de financement par les conseils et il y a des responsables et des membres du conseil qui craignent pour leur propre emploi s'ils montent au créneau. » 

La déclaration de Brewer est extraordinairement révélatrice. A peine sorti de la salle du conseil et de la réunion où se discutaient les coupes budgétaires, il décide d'entamer un « débat » pour déterminer si les handicapés devraient ou non être « euthanasiés » pour économiser de l'argent. Cela en dit long sur la teneur de la discussion à laquelle il a pris part ce jour-là et tout au long de son mandat. On peut imaginer l'affirmation faite que pour équilibrer les livres de compte et réduire les dépenses, on doit « penser l'impensable ». 

Y a-t-il d'autres personnes vulnérables considérées elles aussi comme des cibles potentielles - les personnes âgées, les personnes souffrant de maladies mentales, les très pauvres ? 

Le conseil du comté de Cornouailless, une coalition de conservateurs et d'indépendants, a été à la pointe de l'imposition des coupes budgétaires exigées par le gouvernement Conservateur-Libéral Démocrate. En 2010, il s'était engagé à économiser £170 millions sur quatre ans. 

Une des premières actions du conseil du comté de Cournouailles avait été de se mettre d'accord avec les syndicats pour geler les salaires et réduire les congés et les allocations, tous les concernés prétendant que ces mesures allaient sauver des emplois et protéger les services de première ligne. Le conseil s'était vanté d'être « la première collectivité locale du pays à parvenir à un accord collectif de cette échelle avec son personnel concernant les changements apportés à leurs conditions générales d'embauche. » 

Mais en l'espace d'un an, des projets étaient annoncés pour l'externalisation systématique du conseil et de la plupart des services de santé locaux vers le secteur privé. Près de 800 emplois rémunérés par le conseil, ainsi que plus de 150 emplois des trois services de santé du comté allaient être transférés. 

Ces projets ont été par la suite édulcorés dans une annonce faite en janvier d'un « partenariat stratégique de Cornouailles » avec le géant télécom BT, impliquant le transfert de 340 employés du conseil. La chef de file des conservateurs Fiona Ferguson a prétendu que garder du travail à l'interne était en fait avantageux car « C'est plus facile de faire [des coupes] à l'interne, car ça peut être fait de façon contrôlée, plutôt que de renégocier avec un partenaire ». 

Un service que le conseil a décidé de réduire, Cornwall Face 2 Face, fournit un service gratuit et confidentiel, dirigé par l'association caritative pour les handicapés, Scope. Ce service est fourni par des personnes formées, qui ont l'expérience des enfants handicapés et offre un soutien émotionnel aux parents de tels enfants. Le conseil du comté de Cornouailles cessera de financer sa part le 31 mars. 

Dans un tel climat, il n'est pas étonnant que des discussions sur le fait qu'il y ait trop d'enfants handicapés deviennent monnaie courante et que Brewer ait pensé qu'il pouvait dire qu'ils devraient être « euthanasiés » sans crainte de conséquences. Brewer dit qu'il se représentera peut-être aux élections en mai. 

(Article original publié le 11 mars 2013)

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