A partir du 14 avril 1913, la Belgique fut secouée par une grève de masse qui mobilisa jusqu'à 400 000 travailleurs. L'appel à la grève avait été lancé par le Parti socialiste belge, en opposition au "vote plural" qui donnait aux propriétaires fonciers, aux gens instruits et aux riches un plus grand nombre de voix qu'aux gens ordinaires.
Cette grève faisait suite à la victoire électorale des éléments catholiques conservateurs l'année précédente. L'opposition socialiste avait d'abord décidé en juin 1912 d'organiser une grève générale à un moment donné à venir. Mais c'est seulement lorsqu'il devint évident que le roi n'allait pas intervenir pour modifier les lois électorales, et sous la pression croissante des masses, que l'appel à la grève fut lancé.
La Belgique avait une classe ouvrière industrielle hautement concentrée avec une histoire de grèves massives, remontant à 1893. Au moins la moitié de la classe ouvrière industrielle du pays participa à la grève de 1913, paralysant les principales entreprises. Au bout d'un peu plus d'une semaine, cependant, le parti socialiste donnait comme consigne aux ouvriers de mettre fin à l'action de grève, suite à une promesse du premier ministre de créer une commission pour "étudier" la question du vote plural. La grève prit fin officiellement le 22 avril. Le vote plural resta en place tout au long de la Première Guerre mondiale.
La politique de conciliation des socialistes belges fut commentée par un certain nombre de personnalités marxistes sur la scène internationale, dans le cadre de la lutte qui s'intensifiait entre les tendances révolutionnaires et opportunistes dans le mouvement socialiste. Rosa Luxembourg, la représentante la plus déterminée de l'opposition révolutionnaire aux opportunistes et aux tendances conservatrices syndicalistes qui dominaient de plus en plus le mouvement socialiste allemand, fit référence à la grève belge dans un discours sur la "grève politique de masse."
Luxembourg dit que suite à la politique des sociaux-démocrates opportunistes qui s'orientaient vers le libéralisme, "la grève a été abandonnée dès la première concession illusoire faite, une concession qui représentait un gain quasiment nul... Nous voyons donc que la grève de masse, employée en conjonction avec la politique d'une grande coalition, n'aboutit à rien, si ce n'est à des revers." Elle appela la social-démocratie allemande à rejeter la politique opportuniste qui avait conduit à la trahison de la grève en Belgique.
Lénine écrivit que le résultat de la grève démontrait la nécessité d'une rupture avec les libéraux bourgeois, d'un combat pour la conscience socialiste et d'un parti de la classe ouvrière qui soit politiquement indépendant.