Contre la faillite de Detroit !

Déclaration de D'Artagnan Collier, candidat du SEP aux municipales de Detroit

En tant que candidat du Socialist Equality Party au poste de maire de Detroit, j'appelle les travailleurs et les jeunes de toute la métropole à s'opposer à la décision de l'administrateur d'urgence de placer la ville en cessation de paiement.

Le SEP organise une réunion pour la fin de sa campagne électorale le 4 août à l'Université de Wayne State pour discuter d'une stratégie et organiser une lutte de la classe ouvrière contre la destruction des emplois, des retraites et des programmes sociaux. J'incite tous les travailleurs et tous les jeunes à s'y rendre. C'est maintenant qu'il faut se battre !

Il est clair que Detroit est utilisée comme un banc d'essai pour la casse des droits et des acquis sociaux gagnés par les travailleurs dans tous les États-Unis. Si les banques de Wall Street réussissent à Detroit, des responsables non élus et des tribunaux de commerce seront utilisés dans tout le pays pour détruire les retraites et l'assurance-santé de millions de pompiers, d'enseignants, d'employés des transports, des hôpitaux et d'autres secteurs étatiques ou municipaux.

D'après les politiciens, du Président Obama jusqu'au gouverneur du Michigan, Snyder, et au maire de Detroit, Bing, les constitutions des Etats fédérés, les statuts des villes et les conventions collectives sont des bouts de papier sans valeur qu'ils peuvent déchirer comme ils l'entendent. Ils maintiennent que les retraites et l'assurance-santé que 21 000 employés du secteur public ont gagnées par une vie de labeur ne sont pas des obligations légales qui leur sont dues, mais des « dettes non garanties » qui seront déversées devant les tribunaux et réduites en poussières. Les seuls accords contraignants que le tribunal de commerce (Bankruptcy tribunal) va faire respecter, ce sont les milliards que les banques et les riches détenteurs d'obligations sont en train d'arracher à la ville.

Il y a eu d'innombrables articles dans la presse nationale qui disent clairement que Detroit n'est que le début. Chicago, Los Angeles, Baltimore, et toute une série d'autres villes ont au total 1400 milliards de dollars de dettes futures non provisionnées relatives aux retraites. D'après les médias à la solde des grandes entreprises, la crise vient des « promesses » trop généreuses faites aux employés de la ville.

C'est un mensonge ! La crise à Detroit démontre la faillite du système capitaliste. C'est la conséquence de décennies de réductions des effectifs dans les entreprises, de réductions d'impôts pour les riches et d'une guerre contre la classe ouvrière. Il y a eu un transfert massif de richesse des travailleurs vers les multimillionnaires et les milliardaires.

Alors qu'il accordait des milliers de milliards de dollars aux spéculateurs de Wall Street, responsables du crash financier de 2008, le gouvernement Obama a rejeté tout renflouement pour Detroit.

Wall Street s'en sort mieux que jamais avec des institutions financières comme Bank of America, Merrill Lynch, UBS et d'autres, qui détiennent la majeure partie des créances contre Detroit, affichant des profits records. En même temps, le gouvernement Obama a dilapidé des milliers de milliards de dollars dans des guerres criminelles pour défendre ces mêmes intérêts patronaux et financiers.

Et ils veulent nous faire croire qu'il n'y a pas assez d'argent pour les retraites, l'éducation, la santé et les emplois !

Ce qui se passe à Detroit montre clairement que la classe dirigeante veut détruire tout ce qu'il reste des acquis sociaux obtenus par la classe ouvrière au cours du 20e siècle. L'élite dirigeante américaine, ivre de richesse et de pouvoir, s'est lancée dans une contre-révolution sociale visant à nous renvoyer à l'époque où les travailleurs n'avaient aucune forme de protection sociale.

C'est particulièrement vrai pour les retraites et l'assurance-santé. Fâchée de voir que les travailleurs vivent « trop longtemps » après leur départ à la retraite, l'élite dirigeante veut un retour aux « bon vieux temps » où les travailleurs travaillaient jusqu'à ce qu'ils tombent raide morts, en général à la cinquantaine ou la soixantaine.

Ce qui se passe à Detroit fait partie d'un processus mondial. En Grèce, en Espagne, et partout dans le monde, les gouvernements capitalistes mènent des attaques similaires contre la classe ouvrière.

Bien consciente que cette politique est profondément impopulaire et anticipant une opposition sociale, la classe dirigeante a créé l'infrastructure nécessaire à un Etat policier pour réprimer la classe ouvrière. C'est le sens de l'opération d'espionnage massive contre la population du monde entier, révélé par le lanceur d'alerte de la NSA, Edward Snowden.

Cette attaque contre la classe ouvrière a été rendue possible en raison de la complicité des syndicats. Tous les permanents de l'UAW, de l'AFSCME et des autres syndicats ne sont concernés que par la protection de leur propre salaire et avantages en collaborant au démantèlement des retraites et assurance-santé de leurs propres adhérents.

Au cours de ces quatre dernières décennies, les syndicats ont cherché à empêcher les travailleurs de lutter contre les licenciements, les réductions de salaire et les concessions. Là où des luttes éclataient, les syndicats les ont isolées et trahies.

Chaque défaite infligée aux travailleurs avec la collusion des syndicats n'a fait qu'apporter de nouvelles attaques, depuis le premier renflouement de Chrysler en 1979, puis la grève de PATCO en 1981, la vague des répressions syndicales et des faillites dans l'industrie des années 1980-90, jusqu'aux réductions de salaires imposées par Obama chez GM et Chrysler.

Nous, les travailleurs devons faire de Detroit notre Gettysburg [bataille décisive de la guerre de Sécession, ndt]. C'est ici que nous devons établir une ligne de défense pour les droits démocratiques et sociaux de la classe ouvrière. Durant la guerre de Sécession, il y a 150 ans, aucun compromis n'était possible avec les esclavagistes. Aujourd'hui, il est impossible pour les travailleurs de défendre leurs besoins les plus fondamentaux sans abolir le système moderne d'exploitation et d'oppression : le système d'exploitation capitaliste.

Il est impossible de réconcilier les besoins les plus fondamentaux des travailleurs avec le capitalisme. Un système qui ne peut pas répondre aux besoins sociaux les plus élémentaires doit être aboli.

Des mesures vitales peuvent et doivent être entreprises par les travailleurs de Detroit pour s'opposer à la faillite et à la destruction des emplois, des retraites, de la santé et des services sociaux essentiels. Mais ces mesures doivent être liées à une lutte nationale et internationale pour le socialisme.

Le Socialist Equality Party appelle les travailleurs de Detroit à adopter les principes suivants comme base d'une lutte :

* Premièrement, nous devons catégoriquement rejeter la procédure de mise en faillite et toutes les demandes de coupes, de sacrifices ou de concessions à faire par les travailleurs.

* Nous devons lutter pour mobiliser toutes les sections de la classe ouvrière contre l'administrateur d'urgence, contre le conseil municipal, contre le maire, contre le gouverneur et contre les banquiers qui sont derrière eux.

* Nous devons organiser des comités sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les quartiers, indépendants du Parti démocrate et des syndicats, pour unir tous les travailleurs et tous les jeunes autour de Detroit. Ces comités doivent organiser des manifestations et préparer la voie pour une grève générale de la classe ouvrière à Detroit.

* Les demandes du mouvement doivent inclure la démission de l'administrateur d'urgence et le remplacement du conseil municipal par un conseil ouvrier, qui représenterait réellement la population.

* La dette de la ville envers les banquiers doit être annulée et les principaux détenteurs d'obligations doivent être expropriés, pour que leur richesse mal acquise puisse servir à donner des emplois correctement payés et à lancer un programme de travaux publics pour plusieurs milliards de dollars afin de reconstruire les écoles, de fournir des logements décents et des soins médicaux, et de développer l'accès aux loisirs, à l'art et à la culture.

* Les banques et les compagnies automobiles doivent être nationalisées et transformées en des entités publiques, sous le contrôle démocratique de la population ouvrière.

Une colère énorme gronde contre la dictature financière à Detroit. La clé pour les travailleurs est de prendre l'offensive et de développer un mouvement complètement indépendant du système politique et économique existant et qui s'y oppose. Une fois de plus, j'appelle tous les travailleurs et tous les jeunes à participer au rassemblement du Socialist Equality Party le 4 août pour discuter de cette stratégie et organiser cette lutte.

Précisions sur cette réunion :

Dimanche, 4 août, 2h de l'après-midi

Wayne State University

General Lectures 100

À l'angle de Warren Avenue et Anthony Wayne Dr. (3e rue) Carte

Pour plus d'informations sur la campagne du SEP, visiter le site américain http://detroit.socialequality.com/

(Article original paru le 24 juillet 2013)

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