Les syndicats et la pseudo-gauche français cherchent à bloquer l'opposition aux coupes de Hollande

Après l'annonce par le Parti socialiste (PS) français au pouvoir d'un « pacte de responsabilité » consistant en des coupes profondes dans les dépenses sociales et les coûts du travail, les syndicats et les partis de la pseudo-gauche français interviennent pour bloquer l'opposition au PS et à sa politique réactionnaire.

Le 14 février, le chef de la Confédération générale du travail (CGT) stalinienne, Thierry Lepaon, a annoncé que la CGT consulterait les autres syndicats pour décider d'une marche de protestation commune sur les salaires et l'emploi le 18 mars. Cependant, il a insisté sur le fait qu'ils ne s'opposaient pas au « pacte de responsabilité. »

« Ce ne sera pas une journée contre le pacte de responsabilité, mais sur

les salaires, l'emploi et le financement de la protection sociale, » a dit Leapaon.

La remarque de Lepaon est une échappatoire cynique, elle vise à cacher le soutien de la CGT aux attaques qui visent la classe ouvrière. Le président PS François Hollande a annoncé un « pacte de responsabilité » le mois dernier, qui comporte 50 milliards d'euros de coupes dans la santé, les collectivités locales, et les aides aux familles touchées par des millions de familles ouvrières. En demandant une journée d'action sur les salaires et la sécurité sociale tout en insistant sur l'idée qu'il ne s'oppose pas aux attaques qui les visent, Lepaon a montré qu'en fait il soutient le « pacte de responsabilité ».

Les manifestations du 18 mars seront une impasse pour toute personne cherchant à s'opposer aux attaques de Hollande contre la classe ouvrière. Comme toute la suite de manifestations syndicales d'une journée que les travailleurs ignorent de plus en plus, (la dernière date du 6 février), ces protestations ne sont conçues que pour fournir une soupape et cacher le rôle des syndicats dans la négociation et l'approbation des mesures d'austérité anti-ouvrières. Les luttes des travailleurs contre les coupes du PS ne peuvent avancer que si elles sont indépendantes et opposées à la bureaucratie syndicale et à ses alliés de la pseudo-gauche.

La bureaucratie syndicale est sans doute déjà occupée à réfléchir avec les organisations patronales et l'Etat à de nouvelles coupes. Le budget de cette année comprends 15 milliards d'euros de réductions des dépenses, et ceux de 2015, 2016 et 2017 devraient voir des coupes respectives de 18, 18 et 17 milliards – à ajouter aux 30 milliards d'euros de réduction des taxes sur les entreprises.

Les marchés financiers exigent que le PS approfondisse ses coupes encore plus que ce qu'il a annoncé jusque-là. La semaine dernière, la Cour des comptes française a demandé au PS d'inverser la montée de la dette publique en France, qui devrait dépasser les 95 pour cent du revenu national cette année.

Le Président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a déclaré : « Vous le comprenez bien, tout retard supplémentaire dans la consolidation des comptes se traduirait par une divergence sensible par rapport à nos voisins européens, une nouvelle dette importante et porterait une atteinte grave à la crédibilité financière de la France. » Il a affirmé que la dette française est dans la « zone rouge », et qu'une augmentation de 1 pour cent des taux d'intérêts – que les banques pourraient demander en France comme elles l'ont fait en Grèce – augmenterait les remboursements annuels de la dette française de 52 milliards d'euros à 54 milliards.

Les syndicats et les partis de la classe moyenne répondent au virage à droite de Hollande et à la vague à venir des attaques contre la classe ouvrière en se rassemblant et, tout en lançant quelques plaintes pour la forme, ils insistent sur leur loyauté politique au PS.

Pendant que la CGT jurait sa loyauté au « pacte de responsabilité, » le Nouveau parti-anticapitaliste de pseudo-gauche publiait une lettre ouverte qui demandait l'unité parmi tous les satellites « de gauche » du PS. Elle était intitulée « Lettre ouverte du NPA : Pour un week end de révolte de gauche ! »

Elle déclarait, « nous proposons, à l’ensemble des organisations de la gauche politique et syndicale qui ne participent pas à la majorité gouvernementale, aux associations qui militent pour la défense des droits sociaux et démocratiques de se rencontrer pour agir en commun. »

Parmi les forces que le NPA propose pour « agir en commun », il y a le Parti communiste français (PCF) stalinien, un allié de longue durée du PS, qui a historiquement dominé la CGT, et qui n'est pas techniquement dans la coalition de gouvernement du PS au Parlement. Ainsi, alors que la CGT promet de soutenir le pacte de responsabilité, le NPA s'engage à s'aligner sur la politique de la CGT.

Cela atteste la faillite politique de la pseudo-gauche et annonce une explosion à venir des luttes de classe entre les travailleurs et l'ensemble de l'élite politique. La politique d'austérité dure appliquée par Hollande menace de créer un désastre économique et social, avec un chômage qui s'envolerait. Cela va dans la droite ligne de la politique d'austérité poursuivie par les gouvernements sociaux-démocrates et conservateurs en Grèce, en Italie, en Espagne et au Portugal depuis l'éclatement de la crise économique en 2008.

Face à la montée de la colère et de l'opposition de la classe ouvrière, les groupes de la pseudo-gauche ont soutenu la contre-révolution sociale menée par la classe dirigeante dans toute l'Europe. Pendant que celle-ci donnait des centaines de milliards aux banques et écrasait les grèves contre ses mesures d'austérité, les syndicats bloquaient eux, une mobilisation plus large de la classe ouvrière.

En France, les staliniens et le NPA ont applaudi la victoire de Hollande aux élections présidentielles de 2012. Depuis lors, ils ont émis des protestations pour la forme tout en collaborant étroitement avec Hollande pour superviser les coupes dans les dépenses favorables au patronat et les fermetures d'usines comme PSA-Aulnay et Goodyear-Amiens.

Les tentatives du NPA de se distancer des attaques de Hollande contre la classe ouvrière débordent de cynisme et de mauvaise foi. Sa lettre ouverte affirme, « Depuis qu’Hollande est au pouvoir, toute sa politique est tournée vers les marchés financiers, le patronat et la droite. »

Cela ne fait que souligner le rôle réactionnaire du NPA lui-même. Il a appelé les électeurs à voter sans condition pour Hollande aux élections de 2012 contre le candidat de la droite, Nicolas Sarkozy – tout en qualifiant en même temps le PS d'organisation « social-libérale », ce qui montre qu'il avait conscience qu'Hollande poursuivrait une politique anti-ouvrière.

Après la victoire électorale de Hollande, le candidat du NPA à la présidentielle Philippe Poutou a applaudi Hollande, déclarant : « Nicolas Sarkozy, le '‘président des riches’' est bel et bien battu et nous nous en réjouissons […] Au terme d’une campagne qui a donc pris un tour de plus en plus réactionnaire, celui qui se voulait le ‘'candidat du peuple’' a été dégagé et c’est tant mieux. »

Cette affirmation que l'élection de Hollande était une « bonne chose » et une défaite des riches a été exposée comme un mensonge politique.

(Article original paru le 18 février 2014)

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