La pseudo-gauche française cherche à bloquer l’opposition au programme d’austérité du Parti socialiste

Alors que le gouvernement PS (Parti socialiste) en France fait, avec la loi présentée par le ministre de l’Economie et ancien banquier d’affaires chez Rothschild Emmanuel Macron, avancer le programme d’austérité et de dérèglementation avancé par l’Union européenne (UE), les partis de la pseudo-gauche jouent le rôle principal dans la suppression de l’opposition sociale montante.

La loi Macron imposerait la privatisation à grande échelle de biens publics tels que les aéroports; elle affaiblirait davantage encore le code du travail en faveur du patronat; elle dérèglementerait des professions comme celle de notaire, de pharmacien et d’avocat, et elle abaisserait les restrictions aux heures d’ouverture des commerces le dimanche.

Malgré la révulsion largement ressentie dans la classe ouvrière à l’égard du PS, la seule opposition ouverte à cette loi vient des organisations professionnelles de la classe moyenne auxquelles elle s’en prend. Les associations de notaires et de pharmaciens ont organisé des manifestations de masse contre la dérèglementation de leurs professions par crainte que les tarifs des prestations qu’ils fournissent ne soient diminués. La plus importante force sociale ciblée par la loi, la classe ouvrière, ne s’est cependant pas fait entendre.

La responsabilité première de cette situation incombe aux partis de la pseudo-gauche comme le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et le Parti de Gauche (PG). Ces derniers font tout leur possible pour empêcher une mobilisation politique de la classe ouvrière contre l’UE et le PS en insistant pour dire que toute opposition doit être contrôlée par les bureaucraties syndicales pro-PS discréditées et orientées vers le soutien d’une des factions du gouvernement même.

En appelant à une journée d’action contre l’ouverture des magasins le dimanche, l’ancien ministre PS et responsable du PG Jean-Luc Mélenchon a dit au journal Le Monde, « Ce serait aux syndicats de porter cette mobilisation, », ajoutant que les syndicats devaient « se mett[re] d’accord pour nous rassembler un week-end. »

Le NPA pour sa part, s’est également plaint de ce que les syndicats n’organisaient pas plus d’actions. Il a écrit, « Les organisations syndicales, au lieu d’organiser la riposte, soit s’adaptent à la politique du gouvernement soit restent passives et sans initiative comme la CGT, » [Confédération générale du Travail], le syndicat stalinien. Le parti a souligné que « Les syndicats [devaient] être des instruments pour que les salarié-e-s puissent s’organiser, se défendre, construire la riposte à l'offensive du patronat sans craindre l’affrontement. Il y a urgence à construire une grande mobilisation contre la loi Macron et la politique du gouvernement. »

Quelle escroquerie! Les syndicats qui ont complètement perdu leur base au sein de la classe ouvrière et qui sont des coquilles vides financées par le patronat et l’Etat, soutiennent les mesures d’austérité du PS et n’organiseront aucune lutte contre lui. Les commentaires faits par Mélenchon et le NPA, tout en étant formulés comme des critiques tactiques de la bureaucratie syndicale, ne visent en fait qu’à créer l’illusion que la classe ouvrière peut compter sur ces bureaucraties discréditées et réactionnaires pour la défendre.

Malgré le vaste désillusionnement populaire à l’égard d’un gouvernement PS qui appuie sans réserve le programme d’austérité de l’UE et mène des guerres impérialistes au Moyen-Orient et en Afrique, tout en soutenant les menaces de guerre proférées par l’OTAN contre la Russie, la pseudo-gauche insiste encore pour dire que l’objectif d’une action revendicative doit être le renforcement de diverses fractions du PS. Elle colporte des illusions sur le groupe de députés du PS appelés « frondeurs », qui ont émis certaines critiques tactiques vis-à-vis du président Hollande, tout en défendant l’austérité, préconisant seulement une politique plus conflictuelle avec Berlin.

Selon Mélenchon, « Il n’y aura pas d’opposition de gauche audacieuse au Parlement s’il n’y en a pas une dans la rue. »

Le 12 décembre, le porte-parole de longue date du NPA et ancien candidat présidentiel Olivier Besancenot avait réclamé sur Radio classique un « grand mouvement d’envergure » se composant de « frondeurs du Parti socialiste, des organisations de la gauche non gouvernementale et des organisations syndicales opposées à la loi Macron. »

Cette perspective d’un mouvement réunissant le PS et ses satellites petits-bourgeois soi-disant de gauche n’apporterait à la classe ouvrière que plus de misère. Le discours de Mélenchon et de Besancenot qui qualifient ces forces d’« audacieuses » ou de « gauche » est un tissu de mensonges politiques. Le PS, le PG et le NPA ne sont pas des partis de gauche et le fait de renforcer l’aile des « frondeurs » du PS n’entraînerait aucun changement notable des mesures d’austérité qui s’abattent sur les travailleurs en France et partout en Europe.

Quant aux organisations de la pseudo-gauche, leur critique du PS est creuse et hypocrite. Elles avaient soutenu Hollande au second tour des élections présidentielles de 2012 tout en reconnaissant qu’il appliquerait une politique pro-patronale. Leur actuelle critique impuissante de Hollande s’inscrit dans la continuité directe de leur recommendation d’il y a deux ans de voter pour lui. Alors que le capitalisme européen croule sous le poids de l’austérité exigée par l’UE et de la campagne pour une guerre contre la Russie, les forces de la pseudo-gauche sont terrifiées à l’idée d’une montée de la colère vis-à-vis de Hollande et cherchent désespérément à la rediriger derrière le PS.

Les travailleurs ont organisé en Belgique et en Italie des mouvements de grève de masse contre l’austérité et la faiblesse et l’impopularité extrêmes du gouvernement Hollande invitent une éruption de la lutte des classes en France. Les syndicats cherchent désespérément à écraser l’opposition au sein de la classe ouvrière – ils ont mis fin au principal mouvement de grève cet automne, celui des pilotes d’Air France, pour le trahir et conclure un contrat capitulard qui impose d’importantes réductions des salaires et des prestations sociales pour les travailleurs de la compagnie low-cost Transavia France. Ils ont cherché à empêcher une grève victorieuse qui aurait conduit à une explosion de grèves et de revendications salariales de la part des travailleurs en Europe.

Cette trahison criante met en évidence le fait que la classe ouvrière ne peut se défendre qu’en se mobilisant pour une lutte politique contre les mesures d’austérité de l’UE et la politique militariste de Hollande et de l’OTAN. Sa tâche consiste à renverser le gouvernement anti-démocratique de Hollande et ses régimes frères partout en Europe dans une lutte unie de la classe ouvrière européenne contre le capitalisme sur la base d’un programme socialiste.

Les organisations de la pseudo-gauche, en revanche, veulent absolument que les luttes des travailleurs soient contrôlées par des syndicats banqueroutiers qui négocient des coupes sociales avec Hollande et trahissent les grèves. S’ils affirment faire appel aux syndicats pour organiser un mouvement leur objectif n’est pas du tout de mobiliser la classe ouvrière. Leur but est de démoraliser autant que possible les travailleurs en leur suggérant que la seule voie pour aller de l’avant est de soutenir le type de manifs d’un jour impuissantes, de protestation, et le genre de trahisons syndicales qui les ont incité à quitter les syndicats en masse et à ignorer leurs appels à manifester pour la forme.

(Article original paru le 29 décembre 2014)

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