Que s’est-il passé le 2 mai à Odessa ?

De nouvelles informations, des témoignages oculaires, des photographies et des vidéos révèlent l’ampleur du massacre perpétré le 2 mai par les forces fascistes dans la ville ukrainienne d’Odessa.

La journée a commencé lorsque les adversaires du régime de Kiev se sont rassemblés dans des tentes dressées dans le centre d’Odessa pour une collecte de signatures en faveur du référendum pour l’introduction d’un système fédéral en Ukraine. Ce rassemblement pacifique a été attaqué par des groupes de nervis fascistes qui avaient été amenés en autocars des villes de Kiev et de Kharkov. La prise d’assaut des tentes peut être vue sur cette video, qui montre des centaines de voyous armés de gourdins, de boucliers et de pistolets se dirigeant vers le centre-ville et s’en prenant à des manifestants anti-gouvernement.

Pour échapper à l’attaque fasciste, les militants anti-Kiev se sont réfugiés dans le bâtiment de la Maison des syndicats dans le centre-ville, une solide construction en pierre de cinq étages. Le bâtiment a alors été encerclé par la foule néo-nazie qui a commencé à bloquer les portes. Avec des cocktails Molotov, les nervis nationalistes ont ensuite mis le feu à l’avant du bâtiment en beuglant « brûlez-les ». Des photos montrent les fascistes en train de fabriquer des cocktails Molotov dans la rue.

Durant tout ce temps, la police ukrainienne a observé la scène silencieusement sans rien faire pour retenir les fascistes. Au lieu de cela, elle a arrêté 130 manifestants anti-Kiev et survivants du massacre. Il n’y a aucun compte-rendu d'interpellations par la police des néo-nazis qui ont pris d'assaut le bâtiment syndical.

Une video donne quelques-unes des réactions des nervis qui encerclent le bâtiment. On peut voir un homme, portant un bracelet jaune et bleu et qui a été identifié comme un activiste des manifestations de février sur le Maïdan, tirer sur des gens qui tentent de s’échapper par les fenêtres.

A la quatrième minute de la vidéo, un homme demande à ce qu'on lance encore plus de cocktails Molotov dans le bâtiment : « Lancez-les, lancez-les ! » Quelques secondes plus tard, une grenade explose devant le bâtiment.

Alors que les flammes se propagent au deuxième étage, les gens commencent à sauter par les fenêtres. Au sol, les ultra nationalistes crient : « Saute ! Gloire à l’Ukraine ! »

Il y a eu des tirs, visant ceux qui se trouvaient à l’intérieur du bâtiment en flammes, venant de derrière les lignes de la police et montrant que la police soutenait les fascistes. La police n’a aussi rien fait pour empêcher la foule de bloquer la voie aux voitures de pompier qui essayaient de parvenir à l’incendie. Ce retard a sans aucun doute coûté la vie à davantage de personnes.

Initialement, les médias avaient dit que la totalité de la quarantaine de victimes du massacre étaient mortes directement des suites de l’incendie, intoxiquées par les fumées ou du fait de blessures subies en sautant des fenêtres.

Les médias ont gardé un silence complet sur les terribles photos prises à l’intérieur du bâtiment après l’incendie et qui montrent que plusieurs victimes ont été assassinées et ne sont pas mortes en raison du feu, ce qui laisse à penser que les fascistes ont pu entrer dans le bâtiment et systématiquement exécuter les personnes à l’intérieur. Une photo montre une femme enceinte, le corps penchée en arrière sur une table, avec un câble autour du cou. Elle a de toute évidence été étranglée.

Ces rapports démasquent les tentatives des responsables et des médias occidentaux de couvrir le régime réactionnaire droitier de Kiev en imputant le massacre aux forces pro-russes qui en ont été les victimes. Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, qui entretient depuis longtemps des liens avec des groupes de réflexion néo-conservateurs américains, a posté sur Twitter le jour même du massacre : « Horrible avec au moins 38 morts à Odessa. Semble avoir commencé avec une tentative pro-russe de prendre le contrôle des bâtiments… »

L’objectif de la provocation du 2 mai à Odessa, qui a été suivie ces derniers jours par la toute récente offensive militaire ukrainienne à Mariupol, est d’intimider toute opposition au régime de Kiev, mis en place par un coup d'Etat, qui a promis de mettre en vigueur le programme de mesures d’austérité drastique dicté par le FMI et l’UE. A cet effet, les gouvernements de Washington et de Berlin sont prêts à collaborer avec la pègre réactionnaire responsable des atrocités commises le 2 mai et ce au risque même d’un conflit militaire avec la Russie.

(Article original paru le 13 mai 2014)

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