Les démocrates renforcent la répression des manifestations contre le meurtre policier de Freddie Gray

Trente-quatre personnes ont été arrêtées et six policiers blessés au cours du week-end après que des milliers de personnes ont défilé contre la brutalité policière dans le centre-ville de Baltimore, Maryland. On avait appelé à l’action de protestation de samedi, près d'une semaine après que Freddie Gray, un jeune afro-américain battu par la police, est mort de ses blessures dans l'ouest de Baltimore.

Le rassemblement devant l'hôtel de ville

La manifestation, à laquelle avait appelé une coalition de groupes militants locaux et qui fut pacifique dans son ensemble, était la plus importante d’une série de manifestations contre les violences policières ayant eu lieu dans la ville depuis que Gray a succombé à ses blessures la semaine dernière.

Dimanche 26 avril, des milliers de personnes ont assisté à une veillée pour Gray qui devait être enterré hier.

Lors de la manifestation de samedi, un groupe de manifestants s’est détaché du défilé principal et a commencé à commettre des actes de vandalisme mineurs contre des vitrines et des véhicules de police. La police a réagi en envoyant des policiers casqués pour arrêter des manifestants et casser la manifestation. Les affrontements entre les manifestants et la police ont continué toute la nuit dans certains quartiers de l'ouest de Baltimore, proches de celui où Gray a été battu et tué.

Le nombre de policiers qui a déferlé dans les rues de la ville durant le week-end était comparable au nombre total de manifestants. Le chef de la police de Baltimore, Anthony W. Batts, a mobilisé plus de 1200 policiers. Il a lancé l’affirmation ridicule que le déploiement de la police à travers la ville permettrait de préserver le droit des manifestants à « s’exprimer pacifiquement ».

Samedi soir, un photographe du Baltimore City Paper a été arrêté et battu par la police devant le commissariat de police du District Ouest. « Ils se sont mobilisés », a relaté le photographe JM Giordano au sujet de l'épreuve que lui et un passant ont subi, littéralement emportés par la police lourdement armée au milieu d'une manifestation. « Ils ont juste déferlé sur ​​moi ... J’ai été frappé. Ma tête a heurté le sol. Ils me frappaient, puis quelqu'un m'a retiré de là » a-t-il dit.

Sait Serkan Gurbuz, journaliste photographe pour l'agence Reuters, a été arrêté par la police au même moment.

Freddie Gray avait été battu par la police de Baltimore le 12 avril après avoir eu, est-il dit, un contact visuel avec un policier et puis s’être enfui. Six policiers ont poursuivi et maîtrisé le jeune homme dans une position qui a gravement blessé sa colonne vertébrale. Gray a ensuite été jeté à l'arrière d'un fourgon de police et conduit à travers la ville sans être retenu par des ceintures de sécurité pour plus d'une demi-heure avant de recevoir une aide médicale. La ville a refusé de divulguer les noms des policiers impliqués, tout en les suspendant temporairement sans perte de salaire en attendant le résultat d’une enquête.

À la manifestation de samedi, les représentants de groupes militants locaux liés aux démocrates se sont relayés pour lancer des appels explicites à des personnalités du Parti démocrate. Malik Z. Shabazz, dirigeant de l'un des groupes organisateurs de l'événement, les Avocats noir pour la Justice, a appelé Barack Obama et le procureur général Eric Holder à venir adresser la parole à leurs « électeurs démocrates noirs » à la manifestation et a même exigé de Hillary Clinton, candidate démocrate présumée à l’élection présidentielle de 2016 qu’elle fasse de même.

Les responsables du Parti démocrate, cependant, ont pris la direction dans l’adresse des louanges à la police. « Je pense qu'ils font du mieux qu'ils peuvent dans les circonstances », a dit le député Elijah E. Cummings, parlant de la police de Baltimore; il a ajouté que la manifestation avait été perturbée par « quelques personnes, principalement des gens extérieurs à la ville ».

Le Service de police de Baltimore a publié une déclaration disant: « Bien que la grande majorité des arrestations concerne des gens de la ville, le nombre total d'arrestations ne tient pas compte de tous les incidents d'activité criminelle ». Il ajoute que le service « estime que des agitateurs extérieurs continuent d'être les instigateurs de ces actes de violence et de destruction ».

L'affirmation que les soi-disant désordres sont le produit d’« agitateurs extérieurs » a été utilisée par les autorités contre les mouvements de protestation depuis le mouvement des droits civiques des années 1960. L'utilisation de ce terme par les responsables afro-américains et les soi-disant groupes « de droits civiques » actifs dans les milieux du Parti démocrate signifie que de l'establishment politique noir de la ville, tout comme les responsables blancs à une autre époque, se préparent à une vague de répression massive contre la population.

Le décalage entre les sentiments des organisateurs et ceux qui protestent contre la violence policière était clair dans les discussions avec ceux qui participaient à la manifestation. Un habitant du quartier de Baltimore Ouest où Freddie Gray a été tué a confié au World Socialist Web Site que les policiers étaient « un gang en bleu » et que toute intervention du gouvernement fédéral pour établir les circonstances de la mort de l'homme ne serait qu'une « affaire étouffée » (Voir: Baltimore residents speak out against police killing en anglais)

Un autre habitant de Baltimore a dit, « Si vous n'êtes pas totalement soumis devant eux [la police], ils font escalader la situation ... cela fait partie du plan pour militariser le pays et intimider la population ».

Mardi dernier, le ministère américain de la Justice a déclaré qu'il ouvrirait une enquête fédérale sur la mort de Gray après une lettre ouverte des sénateurs démocrates Barbara Mikulski et Ben Cardin, ainsi que de Cummings et deux autres membres du Congrès, Dutch Ruppersberger et John Sarbanes. Les cinq démocrates ont suggéré qu'une telle démarche servirait à « restaurer la confiance du public dans le Service de police de Baltimore ».

Ceci est dans la ligne d’enquêtes similaires du ministère de la Justice dans des villes comme Ferguson, Cleveland, Albuquerque et d’autres villes, qui révèlent une histoire de corruption et de brutalité policière et contre lesquelles aucune mesure n’est prise.

En fait, l'administration Obama est entièrement complice de la violence policière qui règne aux États-Unis. Le Washington Post a noté la semaine dernière que, malgré la compassion affichée pour les victimes de violences policières, « à la Cour suprême… le ministère de la Justice [de l'administration Obama] a soutenu des policiers à chaque fois qu’une affaire d’utilisation de force excessive a donné lieu à une confrontation des arguments ».

L'administration Obama a établi des records dans ses efforts pour militariser les agences de maintien de l’ordre par des mesures tels que le programme 1033 du ministère de la Défense, qui, dans les quatre dernières années, a remis des quantités record de matériel militaire aux forces de police locales.

(Article original publié le 27 avril 2015)

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