Montée du mouvement d’opposition au régime pro-américain en Ukraine

Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue à Kiev ce week-end dans la dernière vague de manifestations de masse contre le gouvernement fantoche pro-américain du président Petro Porochenko. Ils demandaient l’annulation de loi martiale, celle de la réduction des subventions ayant causé la hausse des prix de l’énergie et des aliments, et celle des coupes dans les salaires et les retraites.

Les manifestants brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autre: « augmentez les retraites », « Nous avons faim », « À bas Iatseniouk et ses réformes, » et « destituez Porochenko! ».

Les manifestations du week-end suivaient celles dites du « Maïdan financier » de la fin mai où des milliers de personnes avaient protesté à Kiev contre les conditions économiques catastrophiques produits par la politique d'austérité du gouvernement.

Une marche des fiertés LGBT a été agressée par des membres du secteur de droit et d’autres groupes d’extrême droite vendredi dernier. Le défilé a été rapidement dispersé par des attaquants qui auraient jeté des pierres et des capsules de gaz lacrymogène sur les manifestants.

En plus de ces défilés de protestation, des camps de tentes de type « Occupy », qualifiés dans les médias de « Maidan 3.0 », ont surgi ce week-end dans le centre de Kiev. Ayant refusé de démanteler un campement comme l’avait ordonné la police, les campeurs ont été agressés dimanche par des dizaines d’hommes masqués brandissant des drapeaux fascistes rouges et noirs. Selon la presse, les assaillants parlaient avec des unités de police à proximité avant de lancer leur attaque.

Sputniknews, un site web médiatique de l’État russe, a accusé des agents des États-Unis d’intervenir dans les camps protestataires de style « Occupy ». Il a allégué que les camps avaient été organisés par Rustam Tashbaev du Stratagem Center for Political Analysis, une boîte à idées américaine. L’article de Spoutnik présentait une photo présumée de Tashbaev, un citoyen américain, posant pour un portrait avec le sénateur américain John McCain.

L’Ukraine est sans aucun doute devenue un foyer d’intrigue américaine depuis qu’un coup d’État soutenu par l’OTAN et dirigé par la milice fasciste Secteur Droit y a renversé le gouvernement prorusse; des agents américains pourrait bien être actifs dans les manifestations. Cependant, ce qui motive les protestations est une opposition montante de la population ukrainienne aux mesures du régime. Celui-ci veut transformer l’Ukraine en plate-forme de travail à bas prix et en « Etat-garnison » pour la campagne guerrière des États-Unis et de l’OTAN contre la Russie.

Depuis le coup de février 2014, la population a du subir des coupes sévères des retraites et des prestations sociales, des licenciements de masse, des salaires sous le seuil de pauvreté et une flambée des prix des denrées de base. Des milliers d’Ukrainiens ont été tués, 1,5 million au moins ont été déplacés, et la production s’est pratiquement effondrée dans les principaux centres industriels comme Luhansk et Donetsk.

L’économie ukrainienne se contractera probablement d’au moins 9 pour cent en 2015, selon les estimations de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Selon cet organisme, la valeur de la monnaie ukrainienne va probablement tomber de près de 50 pour cent en 2015.

Le mois dernier, le prix de l’eau a fait un bond de 70 pour cent. Les mois précédents ont vu une hausse des prix du gaz naturel de près de 300 pour cent. Les prix de la nourriture, des médicaments et des transports ont tous considérablement augmenté en 2014 à la suite du coup d’État, quelques articles de base ont augmenté de plus de 200 pour cent.

« Nous sommes sur le point de voir d’énormes hausses des prix de l’énergie. Cela aura une incidence non seulement sur les pauvres, mais sur la classe moyenne aussi », a déclaré cette semaine Volodymyr Ischenko dans des commentaires au Centre pour la recherche sociale et du travail.

En janvier déjà, bien avant les dernières hausses de prix, quelque 30 pour cent de la population étaient incapables de payer pour les services publics.

La hausse des prix est le résultat de réductions des subventions sur les produits de base, dictées à Kiev par le Fonds monétaire international (FMI). Ces réductions libèrent des fonds publics utilisés auparavant pour maintenir abordables pour les travailleurs les prix de l’énergie et des produits de base. Maintenant, ces fonds seront détournés vers les poches des créanciers de l’Ukraine, les banques américaines et européennes.

Il y a une escalade de la colère populaire contre le régime de Kiev. Près de 60 pour cent de la population est très mécontente de Porochenko, moins de 25 pour cent expriment leur confiance dans le premier ministre Arseni Iatseniouk, selon des sondages publiés en mars.

La guerre lancée par le régime pro-OTAN contre les forces séparatistes de l’Est a eu affaire à grande échelle à l’esquive du service militaire par la population de l’ouest de l’Ukraine. Au moins 13.000 soldats ont déserté de l’armée gouvernementale ukrainienne depuis le début de la guerre civile.

Plus de 80 pour cent des conscrits n’ont pas répondu à l’appel du gouvernement, et les officiers ukrainiens s’attendent maintenant à ce que seulement 15 pour cent des soldats en permission retourneront dans leurs unités, selon des statistiques publiées par le Washington Post en avril.

Au moment où l’économie dégringole et où l’opposition populaire se développe, la nouvelle éruption du conflit militaire entre forces du régime et séparatistes prorusses est en train de précipiter le pays dans les conditions de guerre civile brutale qui régnaient à la suite du coup d’État de l’année dernière.

Selon la revue Foreign Policy, le déclenchement de combats la semaine dernière a « détruit » l’accord de cessez-le-feu de Minsk signé en février. La pause toujours instable dans les combats, largement imposée au régime Kiev par la crise économique grandissante, a probablement été « définitivement détruite » par les nouveaux affrontements, écrit Foreign Policy.

Craignant que son régime fantoche Ukrainien ne subisse une nouvelle défaite ou implose politiquement en raison de l’opposition populaire, Washington mobilise des forces paramilitaires pour le soutenir. « Ils ont permis au Secteur Droit de s’intégrer à l’armée nationale ukrainienne. Vous avez des officiers de l’armée américaine en train de former des unités avec des membres du Secteur Droit », a noté l’analyste politique Aleksandar Pavic dans des commentaires à RT (Russia Today) ce mardi.

Une nouvelle génération de fascistes ukrainiens reçoit directement du Département américain de la Défense de la formation et du matériel militaire de pointe, dont du matériel de vision nocturne et de la technologie de communication.

En avril, le Pentagone a envoyé, dans le cadre de « l’Opération gardien sans peur », quelque 300 soldats américains pour des exercices de formation avec des militants ukrainiens dont des membres connus du bataillon d’Azov et d’autres forces affiliées au milieu néonazi ukrainien. Des commentaires du chef de l’antiterrorisme ukrainien, Andriy Lysenko, montrent bien que la formation se concentrera sur les tactiques de contre-insurrection visant à contrôler des populations ennemies, comme celles utilisés par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.

 

 

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