Les marchés mondiaux plongent alors que l'économie ralentit

Les bourses mondiles ont chuté jeudi, les craintes d’un ralentissement économique mondial se mêlant à celles d'une déstabilisation des taux de change et des tensions géopolitiques. 

La bourse américaine a connu sa plus forte chute en un jour depuis février 2014, en effaçant tous leurs gains du marché depuis un an. Les bourses des marchés émergents, quant à elles, ont baissé pour la cinquième journée consécutive, atteignant leurs cours les plus bas depuis 2011. 

Les marchés en Chine ont mené la danse jeudi, chutant de 3,18 pour cent. Cela porte les baisses totales depuis juin à 29 pour cent, malgré une série extraordinaire d’injections de liquidités par la banque centrale chinoise, qui s’est intensifiée suite à la dévaluation de la devise chinoise la semaine dernière. Le krach va de paris avec une forte baisse de la croissance. 

Jeudi, le marché semble avoir chuté à cause d'une évaluation sombre de l’économie mondiale par la Réserve fédérale aux USA dans sa réunion du 28-29 juillet, dont les notes venaient d’être publiées. 

Depuis 2008, la classe dirigeante traite généralement les prévisions négatives de la « Fed » comme un élément positif, signalant l'octroi de nouvelles perfusions d’argent pour soutenir les marchés. 

Mais jeudi, les marchés semblaient craindre qu'avec des taux d'intérêt proches de zéro pour cent et après neuf ans sans augmentation des taux, les banques centrales sont à court de munitions pour combattre une crise qui touche de plus en plus chaque coin du globe. 

Les marchés en Asie, en Europe et en Amérique du Nord ont suivi les marchés chinois à la baisse. Aux États-Unis, l’indice Dow Jones a chuté de plus de 350 points, clôturant en baisse de 2 pour cent, le S&P 500 a chuté de 2,1 pour cent, et le marché Nasdaq a chuté de 2,8 pour cent à cause de piètres ventes de technologie des deux côtés du Pacifique. 

Bloomberg signale : « L’indice NASDAQ biotechnologie... est entré dans une correction, après une chute de plus de 10 pour cent à partir d’un record établi il y a un mois. L’indice Philadelphia Semiconductor a glissé dans un marché en baisse, plongeant de plus de 20 pour cent à partir d’un pic en juin. » 

Les actions qui ont augmenté le plus cette année étaient les plus durement touchées. Netflix a chuté de 7,8 pour cent en une seule journée. Selon Bloomberg, « On commence enfin à voir les actions 'intouchables' — parmi les poids lourds du marché — qui sont touchées à leur tour. » 

En plus du pronostic négatif par la Fed, les marchés répondaient à la baisse persistante des prix des matières premières, dans le contexte d’une baisse continue de la demande mondiale en raison du ralentissement international. 

Le Financial Times a souligné l'importance de la vente massive des matières primaires en écirivant que, « prise au pied de la lettre, la chute des prix des matières primaires au cours de l’année écoulée était compatible avec une récession mondiale aussi grave que celle de 2008-09. »

La chute des prix des matières primaires transmet les tendances à la chute de l’économie réelle vers les marchés financiers. Selon Reuters, la corrélation entre la bourse américaine et le prix du pétrole ces deux dernières semaines est la plus étroite depuis cinq mois. 

Le prix du « pétrole brut Brent » a baissé de 1,2 pour cent jeudi, atteignant son niveau le plus bas depuis 7 mois de 46,62 dollars. Malgré une petite reprise initiale, les cours du brut américain sont tombés à leur niveau le plus bas depuis six ans. Ils pourraient bien chuter jusqu'à 30 dollars le baril d'ici l'automne, ce qui serait le prix le plus bas depuis la crise financière de 2008-2009. 

Les turbulences des taux de change mondiaux suivant la dévaluation surprise du yuan chinois la semaine dernière accentuent la déroute des bourses. Le tenge du Kazakhstan a chuté de plus de 20 pour cent après que le pays a annoncé qu’il allait cesser de défendre le point d’ancrage de sa monnaie et la laisser flotter librement, après une annonce similaire par le Vietnam. Les monnaies nationales de la Turquie, la Russie et la Colombie ont également subi une forte baisse. 

Les inquiétudes sur ces dévaluations nourrissent des craintes croissantes sur l'effet déstabilisateur d’une série des conflits géopolitiques, tels ue les dernières passes d’armes militaires entre la Russie et l’Ukraine, la Turquie et les milices kurdes, le Nord et la Corée du Sud, ou l’Inde et le Pakistan. 

Au cours des huit années écoulées depuis que la Réserve fédérale américaine a commencé à réduire ses taux, un bras de fer s'est déroulé entre les politiques monétaires extrêmement accommodantes des États-Unis, l’Asie, et la Banque centrale européenne, d’une part, et l’état moribond de l’économie réelle. 

Depuis l’éruption de la crise de 2008, toute indication d’un ralentissement économique mondial provoquait des perfusions écrasantes de liquides en provenance des banques centrales mondiales. Ce processus a produit une énorme augmentation de l’inégalité sociale, et une bulle spéculative massive dont la croissance est de plus en plus séparée de l’activité économique réelle. 

Les mesures des banques centrales ont été dictées par les intérêts de l’aristocratie financière, et ont été accompagnées par l'austérité et des attaques implacables sur les salaires et les conditions de travail. 

Mais les indicateurs soulignent de plus en plus l'incapacité des banques centrales de contenir la nouvelle crise économique qui enfle. Un analyste à la Société Générale a dit au Financial Times, « La menace de resserrement de la Réserve fédérale peut être perçue comme ayant diminué, mais la menace d'une croissance chinoise plus faible et la baisse des cours des matières premières ne disparaîtront pas de sitôt. » Ces tendances-là prédominaient largement jeudi. 

Au début de l’année, le WSWS a remarqué que « les contradictions du système capitaliste acquièrent (...) un caractère aigu. Les intervalles 'pacifiques' entre l’éruption de crises majeures — géopolitiques, économiques et sociales — sont devenus si courts que ne peut difficilement les traiter d'intervalles. Les crises, d’autre part, ne sont pas des 'épisodes' isolés, mais des aspects plus ou moins permanents de la réalité contemporaine. » 

Ce pronostic est de plus en plus confirmé alors que la crise économique mondiale, la déstabilisation des marchés monétaires internationaux, et les conflits géopolitiques croissants se conjuguent en une crise généralisée. 

(Article paru d'abord en anglais le 21 août 2015)

 

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