Le PS et le PG virent à droite dans leurs universités d'été

Face au discrédit qu’ils subissent et au rejet de l’austérité par la masse de la population, tant le Parti socialiste que son satellite du Front de gauche tentent de mettre en place des mécanismes politiques qui permettent à la bourgeoisie d’intensifier ses attaques de la classe ouvrière. 

Au cours de leurs universités d’été respectives tenues le week-end dernier à la Rochelle et à Toulouse, ils ont présenté des projets de regroupements politiques sur la base d’une politique droitière et sous forme de nouvelles alliances. 

Ces deux manifestations se tenaient dans le contexte de la crise grecque. Celle-ci a démontré non seulement la brutalité de la politique de l'UE, soutenue par Hollande, mais le caractère réactionnaire du gouvernement grec de Syriza, allié au Front de gauche. Le premier ministre grec Alexis Tsipras a imposé de brutales mesures d'austérité contre les travailleurs grecs. 

Lors de l’université d’été du PS, ses dirigeants ont continué à prendre leurs distances vis-à-vis des prétensions totalement vides et discéditées que ce parti d'austérité et du grand capital a quoi que ce soit à faire avec le socialisme. 

Dans un discours qu'ovationnèrent les membres du PS présents à la Rochelle, Valls a justifié la politique d’austérité et les attaques contre les droits démocratiques par une rhétorique creuse sur les « valeurs » de la « gauche ». En fait, ceci ne sert qu'à enrouler les mesures d'austérité dans un vocabulaire banal qui promet de lever les « contraintes » qui pèsent sur l'exploitation des travailleurs par les entreprises. Valls a dit, « On peut lever les contraintes tout en protégeant, c’est ça la gauche » ! 

Il a résumé les priorités de son gouvernement comme étant « le 11 janvier » (la militarisation et les attaques sur les droits démocratiques justifiés par la « guerre contre le terrorisme ») et le « retour de la croissance » (une politique d’austérité visant à diminuer les charges patronales). 

Il a justifié la mise sur la touche de la législation du travail et l’imposition d’accords d’entreprises, voulus par son gouvernement et le Medef, et qui doivent permettre une exploitation illimitée des travailleurs, soumis ainsi à l’arbitraire des employeurs. 

Selon Valls, il fallait « être fier de cette gauche qui revendique la nation, la patrie, la laicité » et « qui n’avait aucune leçon à recevoir en matière de sécurité ». Il a critiqué le Front national néofasciste depuis la droite, pour avoir manqué de patriotisme en refusant de soutenir la dernière loi sur le renseignement. 

Il a présenté l’imposition de l’austérité européenne par Syriza en Grèce comme une « leçon politique et éthique pour toutes les gauches en Europe ». Il a promis « tout son soutien à Alexis Tsipras » pour avoir « fait le choix de réformer plutot que la fuite en avant ». 

Un article sur l’université d’été du PS du site Médiapart souligne l’absence de toute référence au socialisme, aux thèmes sociaux, ou même au réformisme: « Désormais on ne parle plus que d’efficacité économique, de compétitvité dans la mondialisation, de laicité ou d’ordre républicain. (...) En fait c’est comme si la transition vers un parti démocrate (au sens italien ou américain du terme) du socialisme au pouvoir était achevée sans jamais avoir été décrétée ». 

A la Rochelle, les dirigeants PS ont ouvert la voie à des alliances qui engloberaient non seulement le PS et sa périphérie, mais aussi des partis de droite. Le secrétaire général du PS, Jean Christophe Cambadélis a présenté un plan de « grande alliance populaire », alors que Valls préconisait un « rassemblement des progressistes ». 

Le Parti de gauche a lui aussi été largement discrédité par son soutien à Syriza, à sa trahison abjecte des engagements pris à l’élection législative grecque de janvier et à son imposition des diktats austéritaires de la troika. 

Le Front de gauche, dont le PG est une composante, a fortement soutenu la politique de Syriza. Tout en continuant de répandre des illusions sur Tsipras et son parti, Mélenchon et le PG tentent de glisser vers un soutien à l’Unité populaire, une organisation sortie de Syriza mais tout aussi compromise qu'elle par ses attaques contre les travailleurs grecs,. 

Mélenchon cherche également à promouvoir l’ancien minisitre grec des finances, Yanis Varoufakis comme une opposition à la politique d’austérité. Il a annoncé un débat avec Varoufakis et l’ex-président de die Linke, Oskar Lafontaine, à la fête de l’Humanité d'ici deux semaines. 

Tout en continuant de répandre l’illusion que Syriza pourrait renégocier l'austérité, pour masquer son soutien aux attaques sociales menées par Syriza, Mélenchon a présenté comme une alternative la perspective d’un « plan B ». Ce serait une sortie de l’euro et le rétablissement du franc. 

Melenchon a de plus en plus ouvertement mis en avant une perspective souverainiste qui le rapprochait des néofascistes et des souverainistes comme Jean-Pierre Chevènement et Nicolas Dupont-Aignan. 

Une sortie de l’euro ne voudrait pas moins dire une politique d’austérité que le maintien de la France dans la zone euro. Le plan B de Mélenchon implique l’austérité, le contrôle des capitaux, la fermeture des frontières et la mobilisation des forces de sécurité. En Grèce, où le gouvernement avait préparé un « plan B », Varoufakis en était un partisan. 

Mélenchon a aussi présenté sa version d’un regroupement politique à la périphérie du PS. Il a appelé à une alliance avec les « frondeurs » du PS (des députés PS plus hostiles à la politique de Berlin sur des bases nationalistes et de soutien à l'austérité de Hollande), le parti écologiste EELV (Europe Ecologie les Verts, qui était au gouvernement jusqu’à il y a un an), et le PCF stalinien, le principal partenaire du PG au Front de gauche. 

Au delà d’une alliance ponctuelle pour de prochaines élections, Mélenchon envisage la constitution d'une organisation similaire à Syriza. 

En amont de l’université d’été, il a expliqué: „Nous souhaitons des assemblées citoyennes directement impliquées dans la préparation des listes et des programmes comme l’a fait Podemos en Espagne plutôt que d’en rester au cartel des partis. En tout cas, il n’y a aucun membre du Parti de gauche sur une liste avec le PS ». 

Mélenchon veut associer le PCF à cette initiative, selon le Monde : « M. Mélenchon répète que ces accords ne doivent pas se faire sans le PCF, 'Mais les communistes doivent faire des efforts’, a-t-il glissé dimanche à la tribune ». 

Faire passer son abstinence organisationnelle vis à vis du PS pour de l’opposition à la politique d’austérité de l’aristocratie financiere imposée par celui-ci est de la filouterie politique. 

Présenter Podemos comme une alternative est de la fraude pure et simple. Podemos est un parti de pseudo-gauche dont le programme est similaire à celui de Syriza. Les deux représentent les intérets de la classe moyenne aisée qui souhaite une part plus équitable de l’argent extrait de la classe ouvriere. Podemos a soutenu Syriza de bout en bout.

Melenchon qui défend les intérêts des mêmes couches sociales en France tente de faire la même politique anti-ouvriere, sur la base d’une politique de sortie « controlée » de l’euro et du rétablissement de la monnaie nationale. Son projet d’ « union de l’opposition de gauche » est non moins réactionnaire que la « grande alliance populaire » de Cambadélis.

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