Après l'attentat manqué à bord du Thalys, l'Europe prépare une escalade sécuritaire

La conférence qui s’est tenue au ministère de l’Intérieur à Paris, le samedi 29 août, réunissant les ministres de l’Intérieur et des Transports de neuf pays européens reliés par le rail et des responsables de l’Union europénne a préparé d’une escalade sécuritaire massive à travers l’Europe, qui doit s’étendre en particulier aux transports ferroviaires.

Cette conférence fait suite à l’attentat frustré contre les passagers d’un train Thalys entre Amsterdam et Paris, le 21 août, commis par un islamiste intégriste presumé et, selon les informations données par la Justice française et les médias, fortement armé.

Entre temps, l’auteur de l’attaque a été accusé de tentative d’assassinat à caractère terroriste et écroué, les médias ont décrit extensivement le parcours d’un islamiste, radicalisé en Europe, ayant ensuite combattu avec un groupe islamiste opérant en Syrie et revenu pour faire le “djihad” en Europe. Le président français François Hollande a décoré de la légion d’honneur les trois citoyens américains ayant neutralisé l’auteur de l’attentat.

Certains pays comme la Belgique, les Pays-Bas et la France ont immédiatement pris des mesures de sécurité renforcées dans les trains Thalys et ont renforcé la surveillance dans les grandes gares. Le gouvernement francais a renforcé des contrôles aléatoires de bagages dans les trains.

La conférence de Paris a pour but de preparer une autre conférence, fixée au 11 septembre. Les mesures discutées à Paris samedia étaient déjà en preparation depuis les attentats parisiens de janvier. Parmi les principales il y a l’intensification et le renforcement des contrôles d’identité dans les transports ferroviaires, par diverses forces de police, dans le but de suivre des individus figurant sur les fichiers des services de renseignement, et l’extention des pouvoirs des polices ferroviaires dans les trains.

Elle a discuté aussi l’installation de contrôles similaires à ceux pratiqués dans les aéroports (scanners, détecteurs de métaux, fouilles des bagages et des voyageurs).

Un des thèmes centraux a été le renforcement et l’accélération de la communication entre services de renseignement des pays européens, l’actualisation plus rapide des fichiers et les suites pratiques, surveillance active ou arrestation éventuelle des individus fichés. « Il faut », selon le ministère français de l’Intérieur, «avancer sur les conséquences qui peuvent être tirées des signalements effectués » par les services de renseignement.

Discuté également, l’instauration definitive du PNR européen (Passenger Name Record), un fichier destiné à centraliser toutes les informations (identité, trajet, réservation d’hôtel, etc.) de personnes voyageant par avion et son extension aux transports ferroviaires. Le projet, bloqué depuis quatre ans au Parlement européen, a été adopté le 15 juillet par la Commision des libertés civiles. L’objectif est d’adopter le PNR définitivement d’ici la fin de l’année.

Le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait dit en aval de la conférence: « Il faut regarder si l'on peut mettre en place un dispositif qui permette de contrôler dans les aéroports, dans les moyens de transport, plus systématiquement, de façon plus coordonnée ceux qui les empruntent ».

L’attentat larvé du Thalys sert de prétexte à une généralisation de la surveillance de la population. Luc Carnouvas, sénateur PS proche du premier ministre Manuel Valls, a dit dans Le Monde du 25 août, « Après l'attentat, nous devons sécuriser les voyageurs à bord de chaque train comme pour les vols aériens, quel que soit le coût ».

La tentative d’attentat du Thalys est le dernier en date d’une suite d’actes similaires, utilisés systématiquement pour restreindre ou éliminer des droits démocratiques. Les individus impliqués dans ces attaques présentent tous des profil semblables, et sont tous connus des services de renseignement.

En aval de la conférence, le syndicat de police Alliance, qui comporte une forte proportion de gradés de la police, a demandé que les policiers puissent, hors de leur service, voyager gratuitement dans les transports en commun, et porter en permanence leurs armes de service. Ce même syndicat avait déjà demandé en 2012 la présomption de légitime défense pour les policiers, une revendication figurant au programme du Front National néofasciste et que des juristes avaient à l’époque qualifiée de « permis de tuer ».

Il est à noter que dans une intervention en marge de la conférence le ministre allemand de l’Intérieur Thomas de Maizière (CDU) et son collègue des Transports se sont opposés à la multiplication des contrôles proposée par Cazeneuve. «Nous ne pouvons et ne voulons pas avoir de controles omniprésents et complets des personnes et des bagages dans les trains en Allemagne ou en Europe » a-t-il dit.

Lors des guerres de changement de régime menées ces dernières années en Afrique du Nord et au Moyen-orient (notamment en Libye et en Syrie), les puissances impérialistes européennes ont systématiquement envoyé et financé les islamistes intégristes pour s’en servir comme forces armées par procuration contre les régimes dont ils voulaient se débarrasser. Lorsqu’ils rentrent et poursuivent leur « djihad » dans les pays dont ils sont originaires, les milieux dirigeants s’en servent pour renforcer massivement le contrôle et l’espionnage politique de la population et pour attaquer les libertés civiles.

La réaction du gouvernement PS de Hollande-Valls n’est pas d’arrêter son soutien aux guérillas islamistes au Moyen-Orient et en Afrique, mais au contraire d’organiser une escalade sécuritaire massive à l’intérieur.

L'omniprésence de policiers armés disposant de pouvoirs exhorbitants et de soldats armés dans des moyens de transport utilisés au quotidien par des millions de personnes sert à accélérer la militarisation de la société en général. La création d’une atmosphère de psychose et de tension permanente favorise en outre le déplacement de l’axe politique en France et en Europe vers l’extrême- droite.

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