Des municipalités en Autriche interdisent aux réfugiés l'accès aux piscines

Les villes autrichiennes de Korneuburg et de Mödling interdisent aux réfugiés l'accès aux piscines publiques. Les réfugiés ne sont autorisés à utiliser ces installations que s'ils sont accompagnés d'une «escorte».

À Mödling, le conseiller Robert Mayer du Parti populaire autrichien (ÖVP) conservateur a annoncé la mesure en donnant des instructions aux employés de la ville. Il a fait afficher sur les babillards un ordre stipulant l'interdiction d'accès aux personnes non accompagnées «issues de l'immigration».

Le conseiller a justifié la mesure en disant que dans deux installations voisines, de jeunes réfugiés ont sauté dans la piscine en sous-vêtements ou en pantalons de survêtement. Il a également affirmé que les réfugiés ont menacé une employée affectée au nettoyage et qu'ils ont essayé de forcer des machines distributrices.

La situation est la même à Korneuburg. Parce que des baigneurs se seraient sentis harcelés et agressés, une interdiction générale de tous les réfugiés a été imposée. Les fonctionnaires ont dit aux médias que des baigneurs, comprenant des réfugiés, se seraient adonnés à du saccage et auraient harcelé d'autres utilisateurs. Le quotidien Kurier a également signalé que les douches des femmes auraient été prises d'assaut.

Le portail Web Vienna.at cite bien des fonctionnaires de la police qui affirment que huit demandeurs d'asile afghans ont affiché un comportement perturbateur, faisant du chahut et sautant du bord de la piscine, ce qui est interdit. Ils rapportent également qu'un homme s'est égaré et est entré par erreur dans le vestiaire des femmes. La police a reconnu qu'il n'y avait pas eu d'agression criminelle et qu'aucune accusation n'a donc été déposée.

Sur la base de prétextes futiles, la ville a donc imposé une interdiction générale d'accès à tous les réfugiés et a retenu les services d'agent de sécurité pour faire respecter cette interdiction.

Sur les médias sociaux, des milliers de personnes ont réagi avec colère suite à cette interdiction et à l'endroit des responsables droitistes qui l'ont imposé. Nombreux sont ceux qui établissent des parallèles avec les méthodes employées par les nazis contre les Juifs. Le maire ÖVP Christian Gepp a toutefois défendu ces mesures racistes.

Une telle discrimination contre les réfugiés ne se limite pas à l'Autriche. À Bornheim, près de Bonn en Allemagne, le département des affaires sociales de la ville, qui est contrôlé par le Parti Vert, a interdit aux hommes adultes réfugiés d'utiliser la piscine publique. Là aussi pourtant, il n'y a pas eu de plainte légale.

La même semaine où ces interdictions ont été imposées, le gouvernement autrichien a fermé les frontières du pays aux réfugiés. Lors d'un sommet sur la question des réfugiés, les dirigeants des partis au pouvoir – le Parti social-démocrate autrichien (SPÖ) et le Parti populaire autrichien (ÖVP) – ont convenu d'introduire un plafond au nombre de réfugiés. Comme le chancelier Werner Faymann (SPÖ) l'a déclaré à la presse, l'Autriche ne prendra que 37.500 demandeurs d'asile cette année. Ce nombre, qui vient s'ajouter aux 90.000 réfugiés qui sont au pays depuis l'an dernier, porte le total à la limite fixée par le gouvernement qui équivaut à 1,5 pour cent de la population.

Les partis au pouvoir suivent maintenant la ligne du Parti d'extrême droite autrichien de la liberté (FPÖ). Les Verts, qui sont étroitement liés avec les partis formant le gouvernement aux niveaux provincial et des districts, se joignent à la chasse aux sorcières contre les réfugiés.

Le politicien Efgani Dönmez du Parti Vert était jusqu'à l'année dernière un membre du Conseil fédéral, la chambre haute du Parlement. Il est apparu vendredi à titre de conférencier lors d'une activité du FPÖ à Linz. Pour sa part, Alexander Van der Bellen, également un politicien du Parti Vert, a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle de 2016 par un discours rempli de pathos nationaliste. Son discours avait pour titre «Courage en ces temps nouveaux» – une référence à la troisième strophe de l'hymne national autrichien.

L'état du Burgenland, où les sociaux-démocrates forment le gouvernement dans une alliance avec le FPÖ d'extrême droite, a annoncé qu'il mettra en place des groupes de surveillance de quartier dans les municipalités de son territoire. Selon le premier ministre de l'État Hans Niessl (SPÖ), des «partenaires en matière de sécurité» effectueront un large éventail de tâches. Des négociations sont en cours quant aux détails sur les pouvoirs qu'ils auront, mais ceux-ci vont vraisemblablement inclure le pouvoir de vérifier les cartes d'identité. Il est même question d'armer une milice civile.

Le vice-premier ministre de l'État, Johann Tschürtz (FPÖ), a annoncé que le projet serait d'abord mis en œuvre dans neuf municipalités. Les municipalités retenues comprennent Schattendorf où, le 30 janvier 1927, des membres fascistes de l'Association des anciens combattants avaient tiré sur les participants d'une réunion sociale-démocrate, tuant un travailleur et un enfant de six ans.

L'introduction de groupes de surveillance de quartier évoque des souvenirs de ce chapitre sombre de l'histoire autrichienne. L'acquittement des meurtriers par le pouvoir judiciaire en 1927 a conduit à une manifestation de masse à Vienne, contre laquelle la police a effectué un massacre, tuant 89 travailleurs.

Tschürtz a expliqué que la composition des «partenaires en matière de sécurité» reste incertaine, mais que cela pourrait impliquer l'utilisation d'agences de sécurité privées. Il est probable que le FPÖ utilisera ses liens étroits avec les cercles néonazis pour y recruter des brutes pour former les groupes de surveillance de quartier. L'an dernier, le politicien Ralph Schäfer du FPÖ a essayé de mettre sur pied un groupe de surveillance de quartier dans la ville de Wels avec notamment des extrémistes de droite connus de la police.

Les liens entre le FPÖ et l'extrême droite sont bien documentés. Dans son livre Strache: The Brown Swamp, l'auteur Hans-Henning Scharsach souligne les «nombreux, nombreux points de contact avec les cercles néonazis» de Heinz-Christian Strache, qui est le dirigeant du FPÖ.

(Article paru d'abord en anglais le 2 février 2016)

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