Des dizaines de personnes assassinées dans un attentat à Nice

Au moins 84 personnes sont mortes et jusqu’à 130 autres blessés, après qu'un camion a écrasé à haute vitesse des personnes dans la foule de gens qui fêtaient le 14 Juillet à Nice, jeudi soir, peu avant 23 heures. Le bilan de cette attaque horrible continue à augmenter. Plusieurs enfants sont parmi les victimes.

Le président français François Hollande est rentré du sud de la France à Paris pour une réunion de crise, alors que les rues de Nice étaient quadrillées par des policiers lourdement armés. Hollande a immédiatement affirmé que l’atrocité était « de nature terroriste » lors d’une conférence de presse tôt vendredi matin. Il a déclaré : « La France dans son ensemble est sous la menace du terrorisme islamique. » Il a dit que l’état d’urgence ne prendrait pas fin le 26 juillet, comme il avait indiqué dans un discours quelques heures avant l’attaque, mais serait prolongé encore trois mois de plus.

Selon iTélé, la police a identifié le conducteur du véhicule, qui leur était connu. Nice Matin a rapporté qu’il s’agissait de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un homme de 31 ans qui a la double nationalité franco-tunisienne.

Christian Estrosi, président de la région, a tweeté peu de temps après l’incident que le camion était rempli d’explosifs, des bombes et d’autres armes. Pour l’instant, aucune organisation n’a revendiqué l’attaque.

Des témoins ont dit d’avoir vu un camion blanc se lancer à grande vitesse dans la foule rassemblée sur le Promenade des Anglais à côté de la plage pour regarder les feux d’artifice du14 juillet, vers 22h30. Nice, situé sur la Côte d’Azur, est une destination appréciée des touristes et des Français en vacances.

Selon les médias, le camion a dévié sur le trottoir et semblait accélérer quand il est entré en collision avec la foule. Le camion a continué pendant environ presque deux kilomètres. Selon un témoin, le véhicule « écrasait tout le monde sur son passage. »

D’autres ont décrit des scènes tragiques de corps éparpillés sur les pavés. L’Hôtel Negresco a servi d'hôpital de fortune pour les blessés. Des familles de personnes qui s'étaient rendues à la Promenade des anglais ont publié des photos sur les médias sociaux, dans l’espoir d'obtenir des nouvelles de leurs proches.

Il y avait d’abord des rapports contradictoires concernant le nombre d’attaquants à l’intérieur du camion. Certains rapports ont indiqué que le conducteur seul est sorti du véhicule et a commencé à tirer dans la foule ; d’autres qu’il y avait deux assaillants, qui ont tiré jusqu’à 50 coups de feu. Le conducteur du camion a été abattu par la police.

Si les motivations des auteurs sont confirmées, l’incident à Nice sera le troisième attentat terroriste de masse en France en 18 mois.

Lors des deux précédentes attaques, les terroristes étaient connus des services de renseignement français. Ils faisaient partie d’un milieu djihadiste plus large et intimement lié aux groupes islamistes qui ont servi de principal truchement local à l'impérialisme américain et ses alliés, dont l'impérialisme français, en Libye et en Syrie.

Le 7 janvier 2015, Chérif et Saïd Kouachi ont lancé une attaque contre les bureaux du magazine Charlie Hebdo, tuant 11 personnes et en blessant 11 autres. Leur associé, Amedy Coulibaly, a été tué lors d’une prise d’otages dans un supermarché kacher.

Les frères Kouachi avaient été surveillés par le renseignement français entre 2010 et 2015, en raison de leurs liens directs avec les dirigeants d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Les renseignements français ont inexplicablement arrêté le suivi des frères quelques mois avant l’attentat. Coulibaly avait reçu des armes de Claude Hermant, un informateur de la police liée au Front national néo-fasciste et anti-musulman.

Le 13 novembre 2015, des terroristes liés à l’État islamique (EI) ont mené des attaques coordonnées à Paris, tuant 130 personnes. Comme les frères Kouachi, ils étaient connus des autorités françaises. Salah Abdeslam, l’un des auteurs qui s'est échappé, a été retrouvé quatre mois plus tard dans le sous-sol d’une maison près de la maison de ses parents dans le quartier fortement surveillé de Molenbeek à Bruxelles. Les autorités turques l'avaient arrêté en janvier 2015 alors qu'il tentait d’entrer en Syrie, mais on a permis à Abdeslam de se déplacer librement à travers l’Europe.

En mars de cette année, les combattants de l’EI ont lancé un attentat sur l’aéroport de Bruxelles et ailleurs dans la ville, tuant 31 personnes et en blessant 300. Malgré le fait que les agences de renseignement belges avaient des informations détaillées sur la conspiration, y compris l'identité des terroristes et de leurs cibles, ils n'ont pas empêché les attentats de se dérouler.

L'élite dirigeante a réagi à chaque atrocité en augmentant les pouvoirs de la police et des renseignements. Après les attentats de Paris, le gouvernement Hollande a imposé l'état d’urgence, donnant aux autorités le pouvoir d’interdire les manifestations et détenir des suspects sans inculpation. Ces derniers mois, des millions de travailleurs français et les étudiants ont défié les lois pour manifester et faire grève contre la loi travail régressive du Parti socialiste.

Cette attentat terroriste survient alors que les tensions sociales et les participations françaises aux opérations militaires américaines au Moyen-Orient provoquaient des avertissements par les agences de sécurité de la probabilité d'attentats terroristes. La semaine dernière, Patrick Calvar, chef de la Direction générale française de la sécurité intérieure (DGSI) a évoqué publiquement d’éventuelles attaques par l'EI, y compris des attentats à la voiture piégée ou avec des engins explosifs.

Dans son discours du 14 Juillet, Hollande a annoncé que la France intensifierait ses opérations contre l’État islamique, notamment à Mossoul. « Nous devons montrer une grande fermeté à l’égard des actions que nous entreprenons en Syrie et en Irak et je l’ai annoncé que nous allons renforcer le soutien que nous donnons aux Irakiens afin de reprendre Mossoul, » a-t-il déclaré.

Hollande a dit que la France ne procèderait pas à une intervention au sol, mais qu'il « y aura des conseillers militaires français présents. »

Comme Washington, le gouvernement français a activement soutenu les groupes islamistes afin de renverser le régime syrien de Bachar al-Assad. Cependant, Washington a considéré que l’offensive de l’EI en Irak en 2014 menaçait le gouvernement irakien proaméricain et sa domination des ressources pétrolières irakiennes. Les États-Unis et ses alliés, dont la France, ont bombardé l’EI, tout en continuant à soutenir d’autres forces islamistes en Syrie.

Dans son discours, Hollande a également souligné la crise politique et la montée des tensions sociales en France, en déclarant : « Je dois protéger la France, elle est fragile, elle pourrait se fissurer à tout moment. » Il a dit que son gouvernement mettrait fin à l’état d’urgence après le 26 juillet, et réduirait le nombre de policiers mobilisés après les attentats du 13 novembre.

Quelques heures plus tard, il a cité l’atrocité de Nice afin de maintenir les pouvoirs extraordinaires pendant encore trois mois.

(Article paru d’abord en anglais le 15 juillet 2016)

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