Hollande annule sa rencontre avec Poutine sur Paris

La décision de Hollande d’annuler sa rencontre avec Poutine, sur fond de tensions militaires énormes, participe à une situation dangereuse où les Etats-Unis et les puissances européennes menacent la Russie d'une guerre en Syrie.

La rencontre entre les deux chefs d'Etat devait avoir lieu le 19 octobre pour l’inauguration dans le 7e arrondissement de Paris d’un centre « spirituel et culturel orthodoxe russe » abritant une église, une école, et les services culturels de l’ambassade. La rencontre aurait été confirmée entre l'Elysée et le Kremlin pendant la trêve en Syrie en septembre. Après la reprise des combats autour d'Alep et les menaces diplomatiques et militaires lancées par les puissances impérialistes dont la France contre la Russie, cependant, la réunion ne correspondait plus à la stratégie de Hollande.

Afin de permettre aux milices islamistes soutenues par Washington et Paris de pouvoir renforcer leurs positions autour de la ville stratégique d'Alep, la semaine dernière, la France a tenté de faire passer une résolution à l’ONU pour réclamer la fin du survol aérien d’Alep. Ceci aurait signifié la non intervention aérienne russe pour soutenir l’armée syrienne contre les milices islamistes. Sans surprise, cette résolution a fait l’objet d’un véto de la part des représentants russes à l'ONU.

Au début de la semaine, les responsables français ont indiqué que toute visite de Poutine à Paris se solderait par une confrontation ouverte sur le dossier syrien.

Lundi, le ministre des affaires étrangères Jean Marc Ayrault a affirmé que « Si le président de la République décide que le président russe vient, ça ne sera pas pour des mondanités, ce sera pour dire des vérités ». Il a ajouté : « Il y a des crimes de guerre, c'est le Secrétaire général des Nations unies qui l'a dit. Après, il faut déterminer les responsabilités ».

Mardi, l'Elysée a annoncé que la visite du président russe est reportée sine die. « Il y a eu un contact entre le Kremlin et l'Elysée ce matin pour proposer une visite de travail sur la Syrie à l'Elysée, à l'exclusion de tout autre événement pour le président. En réponse à cette proposition, la Russie vient d'indiquer qu'elle souhaite reporter la visite prévue le 19 octobre ».

La dénonciation par le gouvernement PS des crimes de guerre en Syrie sont hypocrites. Hollande n’a que faire du sort de la population syrienne, car les principaux responsables de la guerre sont les puissances impérialistes de l'OTAN.

La guerre en Syrie est une tentative de la part des puissances impérialistes de faire chuter le régime d’Assad comme ils l’ont fait en Libye en utilisant des forces islamistes financées par les monarchies réactionnaires du Golfe persique et armées par les puissances impérialistes. Ces milices islamistes liées à Al Qaïda ont commis des massacres contre des minorités ethniques et religieuses en Syrie.

C'est avant tout la politique extérieure impérialiste, composée de pillage et de massacres dans l'intérêt de la domination du Moyen Orient, qui constitue un crime politique. La guerre par procuration menée par les puissances de l'OTAN a entraîné la mort de centaines de milliers de personnes et poussé à l’exil plus de dix millions de personnes dans des camps de réfugiés en Syrie, dans les pays voisins, et aux portes de l’espace Schengen.

Dans cette politique, la France – l'ancienne puissance coloniale en Syrie, qu'elle a mis à feu et à sang à plusieurs reprises au 20e siècle afin d'écraser des mouvements anti-impérialistes – joue un rôle particulièrement agressif. Elle a poussé pour une intervention directe de l'OTAN en 2013, alors que Londres et finalement Washington ont décidé de ne pas lancer les troupes de l'OTAN contre Damas.

Tout en dénonçant Assad et Moscou à propos des combats à Alep, le PS prépare à présent l’intervention aérienne française pour bombarder la ville de Mossoul, contrôlée par l’Etat islamique. Paris envoie le porte avion le Charles De Gaulle et organise l'intervention des forces spéciales française sur le sol irakien. En effet, deux parachutistes français agissant dans la ville d’Erbil au Kurdistan irakien ont été blessés par un drone piégé.

L’escalade militaire de l'OTAN contre la Russie va de pair avec un profond mouvement vers la droite de l'échiquier politique français.

Hollande, aidé par les attentats commis en France et en Belgique par les mêmes réseaux islamistes qui agissent en Syrie pour le compte de l'OTAN, a mis en place un programme compatible avec l’extrême droite, avec l’état d’urgence utilisé lors de la guerre d’Algérie. La militarisation de la société a été utilisée par Hollande pour tenter d’écraser par la violence les jeunes et les travailleurs contre la loi travail et le programme d'austérité largement haï du PS.

 

 

 

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