L'EJIES de l'Australie tient sa première réunion générale à l'Université de Melbourne

Les Étudiants et jeunes internationalistes pour l'égalité sociale (EJIES) ont tenu une première réunion générale très réussie à l'Université de Melbourne le 13 octobre à laquelle ont assisté 45 étudiants. Cette réunion était l'aboutissement d'une lutte de deux ans et demi par l'EJIES pour établir un club étudiant à l'université.

Au premier semestre en 2014, le Comité des clubs et associations (Clubs and Societies Committee, C&CS) de l'association étudiante a rejeté quatre demandes de l'EJIES pour la création d'un club étudiant. Chaque fois, l'EJIES avait rempli toutes les conditions officielles. Le Comité a néanmoins avancé une série de raisons bureaucratiques pour empêcher l'EJIES de tenir une réunion générale et obtenir son statut de club étudiant.

L'EJIES a refusé de se plier à cette attaque sur ses droits démocratiques et a répliqué, dans des déclarations qui ont été distribuées aux étudiants, à chaque argument du Comité. Par la clarification continuelle des questions en jeu, l'EJIES a gagné un appui de plus en plus important parmi les étudiants. En août de cette année, le Comité a approuvé la cinquième demande de l'EJIES et a permis au club de tenir sa première réunion générale, la dernière étape du processus d'affiliation. 

Une partie de l'assistance à la première réunion de l'EJIES de l'Université de Melbourne

Dans la période précédant la réunion, l'EJIES a mené une vaste campagne parmi les étudiants de l'Université de Melbourne pour démasquer le rôle central de l'impérialisme australien dans les préparatifs des États-Unis et de leurs alliés pour une guerre contre la Chine et la Russie, ainsi que le risque d'une guerre nucléaire mondiale. Cette campagne a fait ressortir le chauvinisme anti-chinois qui est encouragé par les médias et a qualifié de propagande de guerre l'hystérie entourant les «agents d'influence» chinois en Australie.

Les membres de l'EJIES ont expliqué à des centaines d'étudiants que la seule solution pour éviter la catastrophe qui se préparait était la lutte que menait le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), le mouvement trotskyste mondial, pour développer un mouvement antiguerre de la classe ouvrière, des étudiants et de la jeunesse dans une perspective socialiste et internationaliste.

Le nombre de membres du club était plus du double que les 20 personnes exigées par les règles du Comité des clubs et associations. Parmi ceux qui ont adhéré au club, alarmés par le danger de guerre, opposés à la campagne chauvine des médias et d'accord avec la perspective d'unir la classe ouvrière internationale, se trouvaient des étudiants internationaux de la Chine, du sous-continent indien et d'Asie du Sud-Est.

L'appui qu'a obtenu l'EJIES exprime le développement de la radicalisation politique chez les jeunes, en Australie et à travers le monde, et une profonde inquiétude, chez ceux qui sont le plus politiquement conscients, envers l'éruption du militarisme, l'assaut sur les droits sociaux et démocratiques de la classe ouvrière et le tournant vers des formes de pouvoir autoritaire.

Will Fulgenzi, un membre dirigeant de l'EJIES, a commencé la réunion en souhaitant la bienvenue aux nouveaux membres du club. «En participant à cette réunion, vous prenez position en défense des droits démocratiques, et contre le militarisme et le tournant vers la guerre. Vous permettez qu'une organisation véritablement socialiste et antiguerre puisse tenir des réunions et organiser des événements sur ce campus. Et cela a une véritable signification objective.» Il a expliqué que l'EJIES, en tant que mouvement jeunesse du Parti de l'égalité socialiste (PES) et du CIQI, était la seule tendance politique sur les campus qui soulevait les immenses dangers de guerre.

La réunion était supervisée et présidée par un membre du Comité des clubs et associations, Ryan Davey. Lorsque Davey a soumis au vote l'adoption de la constitution du club et sa déclaration d'objectifs, celles-ci ont été appuyées à l'unanimité, sans dissidence. La déclaration d'objectifs du club présente son orientation vers la classe ouvrière, le besoin pour les jeunes d'apprendre les leçons des luttes révolutionnaires du 20e siècle, et l'opposition du club à toute forme de politiques identitaires et de la pseudo-gauche. Les membres de l'EJIES ont élu le comité exécutif du club composé de six personnes, comme l'exige le règlement du Comité des clubs et associations.

Après les procédures officielles, James Cogan, le secrétaire national du Parti de l'égalité socialiste australien, a fait une présentation sur les dangers de guerre impérialiste contre la Chine et la Russie. Cogan a fait référence aux avertissements qu'avait lancés en mai l'Union of Concerned Scientists (Regroupement des scientifiques préoccupés) que les États-Unis et la Chine n'étaient qu'à «quelques mauvaises décisions du déclenchement d'une guerre qui pourrait dégénérer rapidement et finir en un échange nucléaire». Il a indiqué que les gouvernements américain et australien se préparaient activement à un tel scénario.

Plaçant le danger de guerre mondiale dans le contexte de l'éruption du militarisme américain au cours des 25 dernières années, après la dissolution de l'Union soviétique, Cogan a lancé l'avertissement suivant: «L'impérialisme américain, rongé par une crise économique et sociale historique, est maintenant prêt à parier le sort de l'humanité sur sa capacité à recourir à des menaces militaires pour forcer les régimes russe et chinois à accepter l'état de semi-colonie, à donner aux banques et sociétés des États-Unis libre accès à leurs marchés et ressources, et à se plier aux moindres demandes des États-Unis partout dans le monde.»

Cogan a exhorté les étudiants à lire attentivement la déclaration du CIQI, datée du 18 février dernier, «Le socialisme et la lutte contre la guerre», qui présente les principes fondamentaux sur lesquels doit s'ériger un mouvement antiguerre international. Il a soutenu que la seule solution à la guerre était la révolution: la mobilisation de la classe ouvrière internationale pour mettre fin au capitalisme et sa division du monde en États-nations et établir le socialisme mondial.

La période de questions qui a suivi la présentation de Cogan était dominée par une vive opposition aux perspectives de l'EJIES par l'organisation de la pseudo-gauche Socialist Alternative, qui se présente, depuis des années, comme le seul club «marxiste» sur le campus. Il est important de noter que le Comité des clubs et associations avait rejeté les demandes d'affiliation de l'EJIES en 2014 et en 2015 sur la base que le club aurait eu des «objectifs communs» avec Socialist Alternative. Ce groupe n'a jamais, durant cette période de deux ans, produit de déclaration de principes qui aurait indiqué au Comité que ses objectifs étaient fondamentalement opposés à ceux de l'EJIES.

Un membre dirigeant de Socialist Alternative, Louise O'Shea, a assisté à la réunion avec quelques étudiants qui faisaient partie du club de l'organisation. O'Shea a attaqué l'EJIES et le CIQI parce qu'ils ne parlaient que de la «nécessité de la révolution socialiste» et qu'ils refusaient de participer à diverses campagnes de protestation dirigées par des forces procapitalistes, comme les Verts. Elle a affirmé spécifiquement que «les socialistes devaient appuyer le mouvement Black Lives Matter [BLM]» aux États-Unis.

Cogan a répondu en clarifiant la nature de classe de la direction de BLM et de Socialist Alternative. Il a mentionné comment la Fondation Ford, une institution qui entretient des liens étroits avec l'appareil militaire et de renseignement aux États-Unis, avait récemment décidé d'offrir une bourse de 100 millions $US à des organisations associées à BLM. Il a expliqué que dans les faits, des centaines de blancs, d'Hispaniques, d'Asiatiques et d'autochtones, en plus des noirs, étaient tués par la police chaque année, et que les victimes sont à très forte majorité pauvres et font partie de la classe ouvrière. Cogan a expliqué que le financement de BLM par des sociétés était la reconnaissance que ses objectifs – surtout de masquer la réalité que c'est la classe, et non la race, qui est à la base de l'oppression – étaient entièrement compatibles avec ceux de l'État américain et de Wall Street.

Cogan a insisté sur le fait que derrière toutes les variantes de politiques identitaires – qui placent les questions de race, de genre ou d'orientation sexuelle au-dessus de la classe sociale – se trouvent les intérêts de couches aisées des classes moyennes supérieures. Tandis que les conditions de vie de la classe ouvrière, peu importe son contexte, se dégradent rapidement et que les inégalités sociales n'ont jamais été aussi élevées, les politiques identitaires servent à faire avancer les carrières et les positions financières d'une minorité privilégiée.

Socialist Alternative a réagi avec hostilité à cette critique marxiste des politiques identitaires que le groupe défend. Durant le reste de la réunion, ses membres n'ont cessé d'interrompre la discussion pour empêcher que l'analyse et la perspective de l'EJIES ne soient avancées.

Dans sa déclaration la plus révélatrice, Louise O'Shea a accusé l'EJIES d'être «raciste» et «sexiste» à cause de son opposition de classe aux politiques identitaires et a affirmé que l'EJIES devait «être expulsé du campus».

Les déclarations de Socialist Alternative sont hautement révélatrices. Dans un premier lieu, elles font la lumière sur les conceptions politiques qui animaient les multiples rejets des demandes d'affiliation de l'EJIES. Pour la première fois, l'un des groupes politiques les plus actifs sur le campus de l'Université de Melbourne, qui est représenté dans le conseil étudiant, a déclaré publiquement que l'EJIES ne devrait pas avoir le droit d'être sur le campus, car il lutte pour l'indépendance politique de la classe ouvrière, en opposition à tous les partis et perspectives procapitalistes.

De plus, les positions de Socialist Alternative montrent clairement que l'EJIES, dans sa lutte pour développer un mouvement antiguerre internationaliste et socialiste sur les campus et parmi les jeunes, doit chercher sans relâche à se différencier politiquement des politiques identitaires procapitalistes des diverses formations de la pseudo-gauche, qui servent d'apologistes pour les travaillistes, les Verts et tout l'establishment politique.

Au cours des prochaines semaines, l'EJIES de l'Université de Melbourne tiendra régulièrement des réunions pour discuter de son analyse marxiste des politiques identitaires, développer cette analyse et clarifier avec ses nombreux nouveaux membres le rôle politique de la pseudo-gauche.

(Article paru en anglais le 15 octobre 2016)

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