Perspectives

Chèque en blanc de Biden aux pays Baltes : les USA feront la guerre à la Russie pour vous défendre

Mardi, le vice-président américain Joseph Biden s’est rendu en Lettonie pour réaffirmer l’engagement des États-Unis à mener une guerre contre la Russie en cas de conflit entre Moscou et les États baltes.

« Je veux qu’il soit absolument clair pour tout le monde dans les pays baltes : nous nous sommes engagés sur notre honneur sacré, les États-Unis d’Amérique... [par rapport] au traité de l’OTAN et à l’article 5, » a déclaré Biden après une rencontre avec le président lituanien Dalia Grybauskaite et d’autres dirigeants baltes.

Le sens des mots de Biden est le suivant : si l’un de ces petits États, dirigé par des régimes fanatiquement anti-russes, organise une provocation contre la Russie menant à un affrontement à la frontière, l’« honneur sacré » des États-Unis exige que le peuple américain soit plongé dans une guerre contre la deuxième puissance nucléaire du monde.

Quel est cet « honneur sacré » invoqué par M. Biden ? Est-ce le même « honneur » qui a conduit les États-Unis à envahir illégalement l’Irak et l’Afghanistan et à les transformer en enfers de mort et de destruction ? Est-ce la grandeur d’âme montrée lors de la fomentation des guerres par procuration qui ont détruit la Libye et la Syrie ? Ou bien le vice-président a-t-il à l’esprit l’incinération d’un hôpital de Médecins sans frontières à Kunduz, l’anéantissement de femmes et d’enfants dans les frappes de drones, la torture sadique effectuée sur les sites noirs de la CIA et les goulags d’Abu Ghraib et de Guantanamo Bay ?

Le criminel de guerre Biden appelle une question « d’honneur » la préparation du plus grand de tous les crimes de guerre : celui de précipiter la population mondiale dans une guerre opposant des pays dont les arsenaux nucléaires sont capables d’anéantir de nombreuses fois la civilisation humaine.

Dans la mesure où il n’y a aucune discussion dans les médias ou l’establishment politique sur un conflit militaire avec la Russie, on le présente du point de vue frauduleux de la défense « des droits de l’homme » ou de la défense de la souveraineté d’alliés des États-Unis. Aucun examen des causes réelles de la guerre ou de ses conséquences n’est autorisé.

À quoi ressemblerait une guerre entre les États-Unis et la Russie ? Quelle est la probabilité qu’un tel conflit implique l’utilisation d’armes nucléaires, compte tenu du fait que les États-Unis maintiennent leur droit à « frapper les premiers » à l’aide d’armes nucléaires et que la Russie a déclaré qu’elle répondrait aux incursions sur son territoire par tous les moyens à sa disposition, y compris l’utilisation de son arsenal nucléaire ? Combien de millions de personnes en Russie, aux États-Unis, en Europe et au-delà vont mourrir dans un tel conflit ?

Rien de tout cela n’est même mentionné dans la campagne électorale américaine de 2016. Tel est le degré de contrôle exercé par l’armée américaine et l’oligarchie financière américaine sur la presse et la vie politique aux États-Unis et telle est l’absence de véritable contenu démocratique dans le processus électoral.

L'élargissement de l'OTAN

Quant à la clause de défense collective de la Charte de l’OTAN (article 5), les États baltes font partie de l’alliance militaire seulement en raison du déplacement incessant à l’Est des frontières de l’OTAN depuis la dissolution de l’Union soviétique, et ce dans le but spécifique d’encercler la Russie. Les trois États en question, Lettonie, Lituanie et Estonie, ont une population combinée d’environ six millions de personnes, à peu près l’équivalent de celle de l’État du Missouri. Ils faisaient partie de l’empire russe avant la Révolution russe de 1917 et ont été incorporés dans l’URSS après le pacte Hitler-Staline de 1939, avant de déclarer leur indépendance vis-à-vis de l’Union soviétique en 1990.

L’OTAN a été élargie pour inclure la République tchèque, la Hongrie et la Pologne en 1999 ; les États baltes, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovénie et la Slovaquie en 2004 ; l’Albanie et la Croatie en 2009. La plupart de ces pays étaient membres du Pacte de Varsovie mené par l’Union soviétique.

Cette extension a déplacé les frontières de l’OTAN de plus de 1280 kilomètres, ce qui met ses forces militaires à moins de 160 kilomètres de Saint-Pétersbourg — moins de cinq minutes en avion supersonique.

Soutenus par les États-Unis, les pays baltes s’arment à un rythme effréné. Entre 2014 et 2015, l’Estonie a augmenté son budget de la Défense de 6,6 pour cent, la Lettonie de 13,7 pour cent, et la Lituanie de 32,7 pour cent. La veille de la visite de Biden, la Lituanie a fait le plus gros achat d’armes de son histoire, dépensant un demi-milliard de dollars pour acheter 88 véhicules blindés de combat.

Les gouvernements fantoches pro-américains de ces pays très instables, déchirés par les tensions sociales et ethniques, se caractérisent par leur politique de chauvinisme anti-russe et de militarisme.

La présidente lituanienne Dalia Grybauskait&;, la « Dame de fer lituanienne », parle de la Russie comme d’un « État terroriste » et compare le président russe Vladimir Poutine à Adolf Hitler. Grybauskait&; a fait des études à Washington DC et y a servi comme ministre plénipotentiaire à l’ambassade de Lituanie.

Le président letton, Raimonds Vejonis, précédemment ministre de la Défense, a été un défenseur véhément de la militarisation de la frontière russe, déclarant l’an dernier : « Si quelque chose arrive, nous ne pouvons pas attendre des jours ou des semaines pour plus d’équipement. Nous devons réagir immédiatement. »

Dans ce qui est peut-être la partie la plus importante de son discours de mardi, Biden a déclaré que le résultat de l’élection présidentielle 2016 n’affecterait pas la politique américaine à l’égard des pays baltes.

Biden faisait allusion aux déclarations du candidat républicain Donald Trump mettant en doute l’engagement de Washington de faire la guerre en défense des États baltes. Cela est inacceptable pour Biden et l’appareil militaire et du renseignement pour lesquels il parle. Le vice-président a déclaré mardi que les commentaires de Trump n’étaient « pas à prendre au sérieux. » Le candidat républicain ne savait « pas de quoi il parle, » dit Biden, ajoutant : « Je ne pense même pas qu’il comprenne ce qu’est l’Article 5. »

Si les déclarations de Biden étaient nominalement dirigées contre Trump, leur contenu réel était l’affirmation que, quel que soit le résultat de l’élection, ce sont les agences de renseignement qui dicteront la politique.

Ces déclarations jettent une nouvelle lumière sur les tentatives des médias et de l’establishment politique de présenter Trump comme le « candidat sibérien » du président russe Vladimir Poutine. L’objectif est de faire de l’hostilité populaire à un Trump fascisant un mandat pour la guerre. Ceci prépare le terrain à une escalade majeure du conflit de Washington avec Moscou.

(Article paru d’abord en anglais le 24 août 2016)

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