Perspectives

Les provocations américaines contre la Chine posent la menace d'une guerre mondiale

Derrière le dos du peuple américain et sans que cela soit l'objet d'une discussion dans la campagne électorale en cours, les États-Unis ont fortement intensifié leur confrontation militaire avec la Chine ces dernières semaines. 

Jeudi, le New York Times a rapporté que les Etats-Unis allaient bientôt mener un troisième exercice de « liberté de navigation » en mer de Chine méridionale et faire pénétrer des navires de guerre dans les zones d'exclusion de 12 miles nautiques autour des territoires revendiqués par la Chine. 

Lors des deux premiers incidents de la sorte, en octobre 2015 et en janvier 2016, la Marine américaine a envoyé des destroyers lance-missiles dans les eaux territoriales chinoises prétendument en vertu du droit de « passage inoffensif », qui interdit « tout exercice ou pratique avec des armes quelles qu'elles soient ». 

Selon un article du Navy Times, l'amiral Harry Harris, commandant des forces américaines du Pacifique, fait pression pour une action plus agressive dans les zones d'exclusion de 12 miles nautiques autour de territoires détenus par la Chine. 

Bryan Clark, ancien collaborateur de haut niveau de l'amiral à la retraite Hon Greenert, le chef récemment parti en retraite des opérations navales, a déclaré au Navy Times que Harris « veut faire de réelles opérations (de liberté de navigation). Il veut traverser une zone et faire des opérations militaires » telles le lancement d'avions et de tirs par des systèmes d'armes. 

En raison de l'escalade des tensions, l'éditorial du New York Times a conclu sur la menace qu' « une sorte de confrontation semble de plus en plus probable ». 

Pour leur stratégie anti-Chine, les Etats-Unis ont recruté les principales puissances de la région Asie-Pacifique, le Japon et l'Australie, ainsi que des pays comme les Philippines, Singapour, le Vietnam, la Malaisie et l'Indonésie, qui développent rapidement leurs forces navales et qui mènent eux-mêmes des opérations de plus en plus provocatrices contre la Chine. 

Un rapport publié cette semaine par l'International Peace Research Institute de Stockholm a révélé une forte augmentation des dépenses militaires des alliés des États-Unis dans la région Asie-Pacifique. Les Philippines les ont augmentées de 25,5 pour cent en une seule année, suivies de l'Indonésie avec 16,5 pour cent; la Thaïlande, Singapour, la Malaisie et le Vietnam les ont tous augmentées de plus de cinq pour cent. 

Cette alliance anti-Chine est de plus en plus agressive dans ses revendications maritimes. Le New York Times a fait remarquer: « La semaine dernière, le Vietnam a saisi un navire chinois pour être entré illégalement dans ses eaux territoriales, et l'Indonésie a menacé de défendre ses propres exigences avec des chasseurs F-16 ». 

Cette semaine, La Marine américaine et les Marines ont déployé 5000 soldats pour un exercice militaire d'envergure avec les Philippines. Le magazine Foreign Affairs fait remarquer:

« Les exercices, qui ont débuté cette semaine comprennent un débarquement amphibien sur la côte des Philippines et une attaque simulée contre une plate-forme pétrolière, avec la participation d'un petit contingent de forces australiennes ». Mardi, le Japon a annoncé qu'il ferait passer un destroyer porte-hélicoptères dans la mer de Chine méridionale pour participer aux exercices. 

Le Japon, responsable de certains des plus grands crimes de guerre de l'histoire moderne contre le peuple chinois, se remilitarise rapidement. Au début du mois, une ré-interprétation de la constitution pacifiste du Japon est entrée en vigueur, permettant au gouvernement japonais de combattre légitimement aux côtés des États-Unis sous le prétexte de la « légitime défense collective.» Allant plus loin, le premier ministre Shinzo Abe a déclaré cette semaine que la constitution permettait au Japon, où un quart de million de gens sont morts dans le bombardement d'Hiroshima et Nagasaki par les Etats-Unis en 1945, de posséder et d'utiliser des armes nucléaires. 

Le régime chinois, quant à lui, est sous une pression croissante de répondre plus fortement à l'agression américaine. Hu Bo, chercheur à l'Institut de recherche océanique de l'Université de Pékin, a exhorté dans un article publié ce mois-ci par Diplomat: « Face aux opérations militaires américaines en mer de Chine méridionale naturellement, la Chine devrait être préparée militairement ». Il a ajouté: « la Chine devrait adopter et appliquer toutes les options pour contrer et exposer les pièges tendus par les Etats-Unis avec de telles opérations militaires ».

Avec l'escalade des tensions des deux côtés, une opération américaine de liberté de navigation ou même un des conflits quotidiens, la plupart du temps non rapportés, entre navires militaires et de pêche en mer de Chine méridionale, ou même un « accident », comme un récent survol du territoire chinois par un bombardiers B-52 américain à capacité nucléaire, pourrait rapidement conduire à un échange militaire à grande échelle, y compris éventuellement avec des armes nucléaires. 

Le potentiel pour un conflit militaire entre « grandes puissances » est vite devenu la préoccupation centrale de l'armée américaine. Dans une déclaration extraordinaire, le chef d'état-major général Mark Milley a dit à une audience du Comité des services armés du Sénat jeudi que les Etats-Unis avaient un « haut risque » dû au « potentiel d'un conflit de grandes puissances ... et de coût en fait de pertes. »

En dépit de ces déclarations franches de hauts militaires et du New York Times du danger d'un conflit militaire entre « grandes puissances », c'est à dire de guerre mondiale, ces questions ont été totalement exclues de l'élection présidentielle de 2016. A écouter ce que les candidats eux-mêmes disent, on ne saurait jamais que les États-Unis et la Chine se rapprochent toujours plus d'un affrontement militaire ouvert. 

Il est souvent arrivé en Amérique que se produisent de grandes escalades militaires immédiatement après des élections. Woodrow Wilson, réélu en 1916 avec le slogan « Il nous préservé de la guerre, » a conduit les Etats-Unis dans la Première Guerre mondiale le 2 Avril, 1917. Lyndon B. Johnson, qui a brigué les élections de 1964 en tant que le candidat de la paix, a effectué une vaste escalade de la guerre au Vietnam après seulement quelques mois au pouvoir. 

Peu importe qu'un démocrate ou un républicain devienne président l'an prochain, il y a un réel danger qu'immédiatement après l'élection, sinon avant, les Etats-Unis ne soient engagés dans une confrontation militaire majeure avec la Chine, la Russie ou au Moyen-Orient. 

Le Parti de l'égalité socialiste, en solidarité avec le Comité international de la Quatrième Internationale, est déterminé à alerter la classe ouvrière et la jeunesse de l'immense danger de guerre et à placer cette question au centre des élections de 2016.

(Article paru en anglais le 8 avril 2016)

 

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